Saras Jasikevicius fut la quintessence du joueur européen, à une époque où la NBA n'était pas encore prête à accueillir de tels manieurs de ballon, une expérience également connue par Antoine Rigaudeau. Emblème de la Lituanie avec qui il est devenu champion du monde en 2003 après avoir obtenu le bronze aux JO de Sydney, quadruple vainqueur de l'Euroleague comme joueur avec trois clubs (Barça, Maccabi Tel Aviv, Panathinaïkos), le meneur de jeu s'est converti naturellement en meneur d'hommes comme entraîneur.
À 2 matches de la légende absolue
Branché sur 100.000 volts, il est aussi charismatique que colérique et ses coups de gueule font frémir ses joueurs. Devenu head coach en 2016 avec le Zalgiris, le natif de Kaunas est en quête de sa première Euroleague comme technicien, lui qui a tout gagné sur la scène domestique en Lituanie (triple champion national de 2017 à 2019) et avec le Barça (deux titres en trois finales consécutives, en 2021 et 2023).
Pour l'heure, il a participé à 5 Final Four, le premier avec le Zalgiris en 2018 avant d'enchaîner trois présences avec le club blaugrana de 2021 à 2023 et une autre dès sa première saison avec Fenerbahçe. Le bilan est mitigé : une seule finale, perdue, contre Anadolu Efes en 2021, deux troisièmes places (2018 et 2022) et deux quatrièmes (2023 et 2024).
Deuxième de la saison régulière avec un ratio de 23-11, à seulement une victoire de l'Olympiakos, le Fener a été aux deux extrêmes des 6 meilleures équipes de la saison régulière : meilleure défense, mais moins bonne attaque. Pour autant, un accessit a bien traduit l'étendue de son travail en Euroleague cette saison : Jasikevicius a été désigné entraîneur de l'année. Il est ainsi le premier ancien vainqueur de la compétition comme joueur à être ainsi honoré comme coach.
Sans pitié avec le Paris Basketball, sweepé 3-0 en 1/4 de finale, Fenerbahçe veut renouer avec le succès, 10 ans après sa première participation au Final Four, 8 ans après son unique triomphe au beau milieu de 4 présences consécutives (4e place en 2015, finales perdues en 2016 et 2018).
Alors qu'Anadolu Efes a perdu une partie de son protagonisme, Jasikevisius compte bien faire coup double : remettre le Fener au sommet de la hiérarchie européenne et soulever sa première Euroleague comme coach. Pour autant, avant d'affronter le Panathinaïkos, tenant du titre, le Lituanien a calmé les ardeurs malgré la fierté d'être arrivé jusque-là.
Dans une interview accordée la semaine dernière au media turc S Spor, il a tempéré les grands espoirs suscités, car un Final Four n'a rien à voir avec la saison régulière, aussi bonne fut-elle : "il faut comprendre à quel point c'est difficile. Tout le monde parle de victoire. Pour l'instant, l'objectif est de saisir cette opportunité et de remporter le Final Four. Mais quand on y pense, c'est tellement difficile d'y parvenir".
20 ans après avoir été couronné MVP du Final Four sur le parquet, Jasikevicius peut encore agrandir son palmarès pléthorique et enfin atteindre le Graal comme entraîneur. Il y aura encore quelques coups de sang mais la gloire est à ce prix.