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Les jockeys, aussi prestigieux soient-ils, ne s'embarrassent pas de détails. Ainsi, c'est par un simple communiqué laconique sur les réseaux sociaux que Lanfranco Dettori a annoncé sa retraite à venir, à 54 ans.
C'est en Californie, à Del Mar, que "Frankie" va dire au revoir... enfin pas tout à fait, puisqu'il disputera encore quelques courses en Amérique du Sud, mais sans réel enjeu comparé au reste, et notamment à la Breeder's Cup, parmi les évènements les plus prestigieux du galop mondial, qui marqueront la fin de sa carrière.
Un monument
Dettori, c'est d'abord le Prix de l'Arc de Triomphe, la plus prestigieuse course de plat au monde, le premier dimanche d'octobre sur l'Hippodrome de Longchamp. Remporter ce monument est déjà un évènement en soi, mais pour l'Italien, c'était une routine : il est tout simplement le recordman de victoires avec six succès, répartis entre 1995 et 1998 !
Une histoire qui aurait pu encore plus être extraordinaire. Vainqueur de ses deux derniers Prix de l'Arc de Triomphe en 2017 et 2018 sur Enable, la pouliche de Khalid Abdullah, il a failli réussir un incroyable triplé en 2019, prenant la deuxième place. S'il avait réussi, le débat sur le meilleur jockey de l'histoire aurait été réglé. Car c'est bien de cela dont on parle.
Seul jockey à avoir remporté plus de quatre fois la plus grande course du monde, il dispose d'un palmarès extraordinaire, et a surtout gagné toutes les plus grandes courses, peu importe le pays, peu importe l'hippodrome : Derby d'Epsom, Prix du Jockey Club, Prix de Diane, 1000 Guinées, 2000 Guinées, les épreuves les plus prestigieuses de la Breeder's Cup, la Japan Cup, la liste est bien trop longue.
Des mauvais côtés, mais une légende quand même
Alors pourquoi ne pas le considérer comme le plus grand et en rester là ? Parce que malheureusement, il y avait une face sombre : la drogue pour commencer. Piqué avec de la cocaïne en 1993, alors qu'il était encore une star en devenir, il n'y avait eu aucune conséquence. Mais en 2012, au sommet de sa gloire, un contrôle positif à la même substance lui avait valu une suspension, mais surtout, une image totalement écornée.
Néanmoins, il y a aussi une désolante affaire d'évasion fiscale, qui lui a valu une banqueroute, ni plus, ni moins (qui l'a sans doute poussé à revenir sur sa décision de retraite qu'il devait initialement prendre en 2023). Cela commence à faire beaucoup d'excentricités pour se voir proclamé GOAT de sa discipline. Pourtant, on a pardonné bien pire à d'autres légendes, mais en ce qui concerne l'Italien, qui avait notamment remporté en 1996 les sept courses d'une même réunion à Ascot, les sentiments sont partagés.
Pourtant, sa capacité à gagner n'importe quand, n'importe où, a fait de lui une star, et une star, elle permettra toujours d'ouvrir son sport au plus grand nombre. Au début de sa carrière, l'hippodrome était un lieu mal vu, où des vies de parieurs se brisaient, bien avant l'ère des paris sportifs. Aujourd'hui, c'est un lieu mondain, où tout le monde peut venir en famille admirer les meilleurs chevaux sans parier nécessairement.
Car il y avait du style chez Dettori. Une capacité à faire donner à ses chevaux le meilleur d'eux-mêmes. Une telle facilité à s'adapter à son cheval, même s'il était appelé en dernière minute. Une aisance en interview exceptionnelle, et bien sûr, le fameux "flying dismount" qui ponctuait ses victoires et qui permettait aux courses de devenir un show, et donc d'être télévisuellement intéressantes, et d'attirer encore plus de monde. La quadrature du cercle.
La trace dans l'histoire est indéniable, tant par le palmarès, que l'attitude, l'aura : aucun doute, Lanfranco Dettori est une légende. Il serait bon de ne pas l'oublier, au moment où il va dire au revoir. Sur une dernière victoire ? Peu importe, sa legacy est déjà incroyable. Mais après tout, pourquoi pas...
