Battre les Chinois, difficile, pas impossible
À la simple vue du palmarès en simple des championnats du monde, impossible de passer à côté de la domination chinoise : chez les hommes comme chez les femmes, plus aucun titre n'a échappé au pays depuis 2003 et la victoire de l'Autrichien Werner Schlager à Paris.
Pourtant, "la première fois que j'ai disputé les Mondiaux, il y avait de très nombreux européens de haut niveau", rappelle à l'AFP l'Allemand Timo Boll, ancien N°1 mondial en évoquant l'édition 1997 remportée par le géant Suédois Jan-Ove Waldner.
"Ensuite la domination des Chinois a débuté, poursuit Boll, le pays s'est incroyablement amélioré et a trouvé un système pour produire toujours de nouveaux grands joueurs."
La logique se retrouve encore aujourd'hui, dans toutes les compétitions internationales, "on l'a vu aux JO, ils savent préparer les gros événements", explique Jean-Philippe Gatien.
Pour autant, le champion du monde 1993 a "la sensation que la Chine fait moins peur à la jeune garde européenne". Celle-ci comprend des figures montantes comme les Français Félix et Alexis Lebrun ou encore le Suédois Truls Moregard, vice-champion olympique à Paris après avoir fait tomber en 16ᵉˢ Wang Chuqin, actuel N°2 et un des favoris aux Mondiaux.
"Je n'ai jamais vu un fossé aussi peu creux que ces derniers mois même s'ils gagnent en majorité, dit le Français Simon Gauzy, mais battre les talentueux Chinois "est un grand défi, encore plus chez les filles", rappelle sa compatriote Prithika Pavade.
Actuellement, deux Européennes, la Roumaine Bernadette Szocs et l'Autrichienne Sofia Polcanova se trouvent dans le Top 20. Et "dans les tournois qui rassemblent les meilleures joueuses, 90 % d'entre elles sont asiatiques, reprend Szocs. Parfois, on a obtenu de très bons résultats et c'est super de se mesurer aux meilleures."
"Il fallait organiser de grands événements"
Et les meilleurs ont l'occasion de se retrouver dans des tournois sur le sol européen. En octobre, pour la première fois, la ville de Montpellier a organisé un Champions, équivalent d'un Masters 1000 en tennis, remporté par Félix Lebrun.
Un événement de retour cette saison quand la Suède accueillera un Grand Smash (Grand Chelem) en août, le premier sur le continent depuis l'instauration du circuit en 2019.
"Avec les Allemands et les Suédois, entre autres, énumère le président de la Fédération française Gilles Erb, on a compris que pour être plus performants, il fallait aussi organiser de très grands événements" à l'instar peut-être des Mondiaux 2027, pour lesquels la France est candidate.
"Il a fallu convaincre la WTT de l'intérêt de faire des étapes en Europe et prendre en compte les moyens financiers des pays européens", moins important que ceux des pays asiatiques ou du Moyen Orient par exemple, "ça a mis du temps mais on y est arrivé".
Dans les médias "le jour et la nuit"
Porté par le succès de certains joueurs aux JO, la discipline a aussi gagné en popularité. Selon Anton Kallberg, médaillé d'argent par équipes avec la Suède, "c'est le jour et la nuit comparé à il y a un an, il est devenu beaucoup plus facile de suivre le tennis de table" dans les médias.
Et "l'intérêt a augmenté car beaucoup de gens ont commencé à jouer, on n'a jamais vu ça depuis Waldner et on ne peut pas accueillir tous les jeunes", indique Patric Ljunggren, journaliste pour Sveriges Radio. Un constat qui n'est pas sans rappeler celui fait en France, où le nombre de licenciés a augmenté de 23 % à la rentrée.
Truls Moregard a par ailleurs reçu un prix récompensant les athlètes de l'année, attribué avec les votes du public, "devant Mondo Duplantis ou Sarah Sjöström. C'est le premier pongiste à le recevoir", précise Patric Ljunggren.
En Allemagne, "nous ne sommes pas encore devenus un sport médiatique", estime Timo Boll, mais "nous avons toujours été un sport populaire" qui "devient de plus en plus professionnel. Il nous reste encore un peu de chemin".