"Pour l'instant, entre 25 et 30 perquisitions ont été effectuées auprès de clubs de football et domiciles de particuliers", a indiqué en matinée à l'AFP une source policière selon laquelle le siège de l'AFA au centre de Buenos aires et le camp de base de la sélection à Ezeiza au sud de la capitale, étaient aussi concernés. Plusieurs clubs de première division ont été perquisitionnés, comme le Racing, qui doit disputer samedi la finale du championnat de clôture, Independiente, Banfield ou San Lorenzo.
D'après cette même source, la justice enquête sur la comptabilité de la société financière "Sur Finanzas", sponsor de plusieurs clubs du pays ainsi que de la sélection argentine en 2024, et soupçonnée de malversations.
Le mois dernier, cette société, dirigée par un homme d'affaires proche du président de l'AFA, Claudio Tapia, a fait l'objet d'une plainte de la Direction générale des impôts sur des soupçons d'évasion fiscale, pour un montant avoisinant un demi-milliard d'euros.
Selon les médias locaux, la justice tente de déterminer si la société financière opérait avec des prête-noms et accordait des prêts à certains clubs en échange, par exemple, de droits de retransmission. La juge en charge de l'enquête a demandé la levée du secret bancaire concernant des clubs perquisitionnés.
Parmi les premiers à réagir, le Racing a tenté de minimiser ses liens avec Sur Finanzas, indiquant dans un communiqué que l'accord commercial conclu en 2023 avec la firme "n'était qu'un accord de publicité et de sponsoring", qui doit prendre fin le 31 décembre 2025. Et au passage que Sur Finanzas "a toujours une dette envers" Racing, que le club s'efforce de récupérer.
Autre club visé, Atletico Excursionistas, qui évolue en 3e division, a nié toute "relation financière" et "administrative" avec Sur Finanzas, assurant que "le seul lien existant avec ladite société a été un accord de parrainage, dans les termes habituels selon lesquels l'institution conclut des accords commerciaux, pour le soutien d'activités sportives et sociales".
Bras de fer
Les perquisitions surviennent dans un contexte de bras de fer larvé entre l'homme fort du football argentin, Claudio Tapia, président de l'AFA depuis 2017, un dirigeant au passé syndical, et l'exécutif du président ultralibéral Javier Milei. Les polémiques se sont succédé ces dernières semaines, notamment lorsque l'AFA a décidé de but en blanc, en novembre, de créer un "nouveau" titre combinant les points des clubs lors des deux tournois d'ouverture et de clôture de saison.
Du coup, Rosario Central, club de l'ancien parisien Angel Di Maria, a reçu un trophée de "champion" d'Argentine, alors que la finale du championnat de clôture se jouera samedi, entre Racing et Estudiantes. Estudiantes, justement, avait publiquement boudé le soi-disant titre de Rosario lors d'un match, et s'est vu sanctionner par le tribunal disciplinaire de l'AFA. Son président Juan Sebastian Veron a été suspendu six mois, déclenchant une vague de critiques de l'omnipotence de Tapia.
Sans compter des soupçons récurrents de favoritisme arbitral autour de Barracas Central, le club que présida Tapia, et que dirige aujourd'hui son fils. Un autre club perquisitionné lundi. Les mauvaises ondes entre Tapia et l'exécutif remontent à loin, le président de l'AFA étant foncièrement hostile à l'idée de voir passer les clubs argentins, associations de "socios" (membres) au statut de sociétés anonymes ouvertes aux capitaux étrangers, comme l'a maintes fois souhaité Javier Milei.
Défiant face au climat ambiant, mais sans référence explicite à Javier Milei, Tapia lançait il y a deux semaines : "trois présidents (argentins) sont passés en à peine neuf ans depuis que je préside le football argentin, et il me reste encore de nombreuses années" (jusqu'en 2028).
