L'éternité, c'est long, surtout vers la fin. En Coupe de France, elle dure depuis 1989 pour l'Olympique de Marseille. Le scenario semblait indiquer un retour improbable des Phocéens, miraculés à la dernière seconde pour arracher une séance de tirs au but mais les espoirs se sont envolés, ou plutôt ont été boxés par Vito Mannone, héros improbable du LOSC (1-1, 3 t.a.b. à 4).
L'OM domine sans conclure
L'Olympique de Marseille a rapidement pris le contrôle des opérations. Sur le côté droit, Adrien Rabiot a décalé Luis Henrique dont le centre en retrait a été gaspillé par Mason Greenwood qui a manqué sa reprise (2e).
À nouveau à l'initiative, Rabiot a profité d'un dégagement faisandé de Vito Mannone, titularisé à la place de Lucas Chevalier, pour lancer Neal Maupay. L'attaquant a trop croisé une frappe écrasée mais Luis Henrique a suivi : du tout cuit pour le Brésilien, sauf que Gabriel Gundmundsson s'est littéralement sacrifié pour dévier le ballon d'un rien avant de se fracasser contre le poteau (8e). Le Suédois a essayé de serrer les dents mais a dû finalement sortir (24e).
Le LOSC était proche de craquer. Amir Murillo et Mason Greenwood ont combiné à droite et le centre du Panaméen a failli provoquer un csc d'Alexsandro (18e).
Les Dogues ont tenu le choc et, paradoxalement, c'est Rémy Cabella qui a signé le premier tir cadré du match, sans puissance pour gêner de Lange, qui a suppléé Gerónimo Rulli (28e). Dans la foulée, Mukau a trouvé un espace pour frapper aux abords de la surface mais sa tentative s'est envolée (30e).
Une histoire de mains
Une réaction de courte durée contre une équipe qui avait plus de 65% de possession. Sur un corner lillois, Rabiot a récupéré le ballon et ouvert le jeu sur Greenwood. Parti de son camp, l'Anglais s'est présenté face à Mannone mais son intérieur du droit n'a pas surpris le gardien transalpin, impeccable pour jaillir au sol et détourner en corner (36e).
Greenwood a dû regretter de ne pas avoir piquer son ballon. Alors quand il en a eu l'opportunité deux minutes plus tard, il a lobé Mannone : ce n'était pas cadré mais Maupay a suivi pour marquer... du bras. Après un temps d'indécision, Clément Turpin a annulé le but (38e).
La deuxième période a été la copie inverse de la première. Les Dogues sont revenus avec les crocs et ont évolué un cran plus haut, avec un pressing intense qui a étouffé les Marseillais.
Après quelques secondes à peine, Mitchell Bakker a fait trembler les filets bleu-et-blanc mais, lui aussi, a vu son but annulé pour une main (46e). Hakon Haraldsson (48e) puis Rémy Cabella (50e) ont alerté Jeffrey de Lange confirmant le regain nordiste. L'étau se resserrait petit à petit sur les cages olympiennes. Sans un retour héroïque de Leo Balerdi, David aurait ouvert le score, servi sur un plateau par Ismaily (66e). La suivante fut la bonne. Lancé par Thomas Meunier dans le dos de la défense, David a centré sur Haraldsson, absolument seul pour ajuster de Lange qui a touché le ballon, en vain (69e).
L'OM a dû se découvrir. Entré à la place de Maupay, Jonathan Rowe a vu son tir croisé contré par la défense (77e) avant de se voir refuser un penalty potentiel (79e). Le temps s'amenuisait et profitant des espaces, Lille a eu une balle de match : seul face à de Lange, Haraldsson a voulu jouer le piqué mais a manqué son geste (88e).
Tout ça... pour ça
Dans les arrêts de jeu, les Marseillais ont vu le poteau sauver le LOSC alors que Greenwood avait mis une mine légèrement déviée par Mannone (90e+2). Il ne restait plus d'espoir.... jusqu'à ce que Luis Henrique n'expédie une frappe sèche, transperçant les cages nordistes (90e+6).
La décision allait donc se faire aux tirs au but, dans un Vélodrome survolté. Las, Mannone a renvoyé l'OM à sa malédiction en Coupe de France. Il a détourné la 2e tentative, celle de... Luis Henrique. Alors que de Lange a effleuré deux frappes sans parvenir à en sortir une, Rabiot n'a pas été malheureux quand le ballon est passé sous le ventre du gardien transalpin. En revanche, Mannone a été très inspiré pour détourner sur sa transversale la frappe de Rowe et qualifier les Dogues en 1/8 de finale.
La joie lilloise tranchait évidemment avec le désarroi marseillais, décidément maudit en Coupe de France depuis plus de 35 ans.