Un petit mot sur la performance de Melvine Malard ce soir, un triplé et une passe décisive...
Oui, c'est vrai que Melvine a marqué trois buts, plus un refusé pour hors-jeu qui était magnifique aussi. Ce que je retiens, c'est qu'elle est à la conclusion des actions et de beaux enchaînements collectifs aussi. Elle a beaucoup donné, elle a joué côté droit, côté gauche, on connaît son potentiel. Je suis vraiment content pour elle.
Quelle analyse vous faites de ce premier match ?
Déjà, la première chose intéressante, c'est qu'on finit le match sans blessées. C'est important. C'est vrai qu'elles ont beaucoup donné depuis deux semaines. Elles sont beaucoup investies physiquement et mentalement. Je savais qu'on allait jouer le match avec un peu de fatigue, il y avait quelques courbatures mais malgré ça les joueuses se sont données à fond pour aller au bout de leurs efforts. Et c'est une bonne chose de jouer ce match à ce moment-là de la préparation, pour savoir aussi où on en est au niveau athlétique par rapport à la fatigue et ce qu'on est capable de faire aussi sur la fatigue.
Ça a été un match intéressant dans le contenu, puisqu'on a mis en place notre jeu de possession. Sur le pressing, l'équipe de Belgique nous a posé beaucoup de problèmes sur les sorties de balles. Elles avaient de très bonnes sorties de balles, et notamment sur leur côté gauche, avec des joueuses bien positionnées. Donc ça n'a pas été facile de bien coordonner nos déplacements pour faire un bon pressing. Mais globalement, on n'a pas trop été en danger, et c'est de bon augure pour la suite.
Vous avez Kelly Gago et Melvine Malard qui ont marqué, ça va vous obliger à réfléchir davantage pour composer votre trio offensif ?
C'est vrai que quand j'ai fait la sélection, je me suis dit qu'on avait un gros potentiel offensif. C'est pour ça que j'ai pris sept attaquantes, plus Amel Majri, qui est dans le milieu mais qui une joueuse offensive. Sans compter qu'il y en a qui sont restés à la maison comme Kessya Bussy, Viviane Asseyi ou Naomie Feller. Il y a Julie Dufour aussi, qui recommence à jouer. Donc forcément, j'ai eu une réflexion par rapport à ce secteur-là, notamment de jouer à trois attaquantes et puis aussi de leur montrer que tout le monde est utile. On a beaucoup de variété, on peut avoir de la vitesse, de la puissance et de la taille. Et on n'avait pas Delphine Cascarino et Sandy Baltimore ce soir. C'est moi qui vais avoir des soucis pour faire les choix. Mais je pense que si chacune d'entre elles se met au service du collectif et comprennent qu'elles ne sont pas en concurrence entre elles, mais plutôt par rapport à un collectif, de s'investir quel que soit le temps de jeu et de donner le meilleur de soi-même, on peut avoir effectivement de belles surprises. Comme ça a été le cas ce soir avec Melvine.
À l'inverse, est-ce que le niveau affiché par Marie-Antoinette Katoto vous inquiète. Et est-ce que si vous sentez qu'elle n'est pas en forme, vous pourriez mettre Clara en numéro 9 ?
Je ne suis pas du tout inquiet pour Marie. Je trouve qu'elle a fait de bonnes choses ce soir. Elle n'était pas loin d'ouvrir le score, elle a fait de bons déplacements. Je lui avais demandé aussi de décrocher assez souvent pour déstructurer la défense adverse et ce qu'elle a bien fait d'ailleurs. On sait que Marie a eu une fin de saison délicate et n'a pas beaucoup joué. Donc elle monte progressivement en puissance et c'est une arme redoutable. Il ne faut pas oublier que c'était la meilleure buteuse des derniers JO et donc je compte sur elle comme toutes les autres.
Est-ce qu'on peut avoir des précisions sur Sandy Baltimore ?
Sandy suit un traitement régulier d'année en année par rapport à ses genoux. Et donc on avait décidé de lui faire faire la première partie du stage pour qu'elle soit avec ses partenaires et qu'elle aille un peu dans le dur. Et on avait convenu de lui faire une petite injection dans le genou pour que son suivi médical se fasse naturellement, comme elle le fait tous les 6 mois ou tous les ans. C'est quelque chose qui se pratique régulièrement par rapport à son genou. Et donc, par rapport à l'injection qu'elle a eue, elle ne pouvait pas être sur la feuille de match.
Qu'est-ce qui vous donne le plus de satisfaction ce soir ?
L'état d'esprit. Je trouve que les joueuses affichent un très bon état d'esprit. Je crois qu'elles prennent du plaisir à jouer ensemble et à jouer les unes pour les autres. Et aussi ensemble et à jouer les unes pour les autres, à faire les efforts les unes pour les autres. Ça, ça me satisfait.
Maëlle Lakrar n'était pas là ce soir parce qu'elle est en reprise, pourquoi avoir choisi Alice Sombath plutôt que Thiniba Samoura ?
L'une et l'autre ont des qualités différentes. Alice a un petit peu plus d'expérience que Thiniba, notamment sur les matchs de Champions League qu'elle a pu faire avec l'Olympique Lyonnais. J'ai choisi Alice ce soir, mais Thiniba aurait très bien pu jouer aussi. Elle a un bon potentiel. On verra sur le prochain match comment je vais manager les temps de jeu aussi, puisque Maëlle va falloir qu'elle ait un petit peu plus de temps de jeu. Je souhaitais préserver aussi Griedge et Sakina, grâce aux efforts qu'elles font depuis le début de la préparation. Le turnover fait partie de la préparation. On a un match contre le Brésil la semaine prochaine qui sera un match intense où on va monter en puissance. On a encore une grosse semaine de travail. La semaine qui va précéder le match de l'Angleterre, on aura encore une opposition interne pour faire monter le volume et les temps de jeu. Afin d'être toutes à peu près au même niveau pour le premier match.
Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur Melvine Malard, qui a manqué les derniers JO et la Coupe du monde ?
C'est une joueuse qui est déjà joyeuse, qui a toujours le sourire. Elle a cette particularité d'être puissante et en même temps d'avoir de grosses capacités à aérobie pour répéter les efforts. Elle a beaucoup progressé techniquement et elle a une force de frappe. On a pu le voir du pied droit, du pied gauche, voire même de la tête. Elle a une panoplie complète. donc c'est une joueuse intéressante à la fois sur le côté mais aussi dans l'axe. C'est pour ça que je l'avais fait jouer la première mi-temps contre la Norvège lors de notre premier match en Ligue des Nations. Elle avait fait un match que j'avais trouvé cohérent, elle avait essuyé quelques critiques par rapport à sa prestation, mais ce n'était pas évident pour elle ce soir-là et aujourd'hui sans esprit de revanche je pense qu'elle montre tout son potentiel. Elle est dans un grand club à Manchester, elle a été pendant de longues années à l'Olympique Lyonnais, on sait comment travaille l'Olympique Lyonnais donc c'est une joueuse de qualité, c'est une joueuse internationale.
Pourquoi avoir choisi Constance Picaud pour remplacer Pauline Peyraud-Magnin ?
J'avais octroyé à Pauline la possibilité de nous quitter un jour ou deux pendant le stage parce qu'elle avait un événement familial qui datait depuis deux ans. Donc je m'étais engagé auprès d'elle et je lui avais donné ma parole qu'elle pouvait organiser ce qu'elle devait faire. Et aussi par rapport au groupe, j'avais convenu avec elle que ce serait Constance qui jouait ce match. Ça rappelle aussi des bons souvenirs à Constance, puisque c'est ici contre le Portugal qu'elle avait joué aussi et elle avait fait un très bon match. Donc c'est pour montrer aussi à Constance qu'elle n'est pas seulement une doublure qui va jouer avec une équipe bis mais elle a joué avec l'équipe, une équipe type ce soir qui a fait un très bon match et c'était important pour elle aussi de faire un clean sheet puisqu'on était sur 4 clean sheets consécutifs.
Ce soir, on avait Oriane Jean-François qui récupérait beaucoup de ballons. C'est aussi un bon point de la soirée ?
C'est un très bon point. On a 5 milieux avec Oriane, Sandie, Sakina, Grace et Amel. Plus Sandy Baltimore qui pourrait aussi jouer dans ce milieu à 3. Donc ça offre beaucoup de possibilités. Oriane a beaucoup de qualités, c'est une jeune joueuse. Elle est aussi dans un grand club à Chelsea, elle a eu un peu de temps de jeu cette année, c'était une année d'adaptation pour elle. On la suivait déjà quand j'étais adjoint avec Hervé, elle était au Paris Saint-Germain, elle faisait de belles prestations. Elle n'a pas été épargnée, la pauvre, par les blessures, ce qui l'a empêchée de faire la Coupe du Monde et les JO. Mais là, elle est en pleine forme et elle a fait 90 minutes ce soir de bonnes factures.
L'équipe de France est sur une très belle lancée de sept victoires en sept matchs. C'est un bon signal avant l'Euro, bon pour la confiance, mais vous n'avez pas peur que l'équipe s'enflamme un peu ?
On est là pour veiller à cela. Ne pas s'enflammer et garder une bonne dynamique. Cela donne de la confiance. La confiance c'est bon pour déployer notre jeu. L'excès de confiance, c'est le piège qui nous attend. Je crois que les filles sont conscientes qu'elles ont du potentiel. Elles s'engagent, elles travaillent bien, elles font beaucoup d'efforts. Je n'ai pas vu, pour l'instant, de signaux avant-coureurs d'une forme de suffisance qui serait inquiétante. C'est pour ça qu'il est important d'opérer un turn-over pour montrer que quelles que soient les joueuses qui sont sur le terrain, l'équipe gagne. L'équipe de France est au-dessus de tout.