Après avoir frénétiquement tapé sur la touche "snooze" de son réveil, le PSG s'est réveillé en sursaut à 2-0 contre Manchester City. Encore dans la course aux barrages par la grâce d'une boulette de Paulo Gazzaniga lors du premier match disputé contre Girona, le champion de France était au bord d'une élimination totalement inattendue en début de saison.
Même contre des Citizens à la peine depuis plusieurs semaines, les loupés de la première période s'étaient payés cher et cette phase de ligue qui devait se résumer à un galop d'essai se transformait en traquenard. Et puis, c'est comme si les planètes s'étaient soudainement alignées, que toutes les initiatives tactiques de Luis Enrique s'étaient imbriquées. En peu plus d'une demi-heure, le PSG est passé des abysses à surfer sur les Skyblues.
Depuis, à chaque match d'envergure, c'est fromage et dessert, avec Ousmane Dembélé en maître d'hôtel : Stuttgart (4-1), Brest (5-2) et Monaco (4-1) sont passés à la moulinette, vaincus par une réussite offensive impressionnante.
Les ailes de la gloire
Si le thème du fameux faux 9 a animé une bonne partie de la saison, c'est évidemment le jeu sur les ailes qui permet au PSG de s'envoler. Dans les 4 matches à fort enjeu disputés dernièrement, 17 buts ont été inscrits. Et dire qu'il avait fallu attendre le but de Gonçalo Ramos à la 30e minute contre le RB Salzburg (3-0) lors de la 6e journée pour enfin voir un attaquant marquer en Ligue des Champions cette saison !
La répartition des attaques lors des trois derniers matches de C1 témoignent d'une volonté de mettre de la vitesse sur les côtés en étirant le bloc adverse et créer des brêches. Contre Salzburg et Stuttgart, l'ailier droit a été privilégié (43% contre les Autrichiens, 41% contre les Allemands). Contre City, l'équilibre a été maintenu (36% à gauche, 37% à droite).
Face à Salzburg, c'est Kang-In Lee qui a débuté à droite et le bilan a été très flatteur pour le gaucher : 94 ballons touchés, 89% de passes réussies, 5/5 sur les ballons longs, 3 passes clefs et 5 duels remportés sur 13, ce qui est dans les canons des autres ailiers. Là où le bât blesse, c'est qu'il a subi 19 pertes de balle pendant que, de l'autre côté, Bradley Barcola a fini à 16. Contre une équipe du bas de tableau, cela pouvait aller mais ce n'était pas envisageable contre un club d'un plus haut standing. Sur la pelouse de Stuttgart, Doué n'a "que" touché 51 ballons mais il a fait preuve d'un très haut taux de réussite dans ses passes (31/34 soit 91%, 2 passes clefs et 0,43 xG malgré 3 duels remportés sur 10) dans un registre différent, davantage dans la verticalité, que Lee.
Contre City, Désiré Doué et Barcola se sont partagés le boulot mais c'est le premier cité qui a davantage touché de ballons (61 contre 39), même si l'ancien Lyonnais a été plus précis : 95% de passes réussies contre 88%, 7 balles perdues contre 14 mais surtout 2 passes clefs et 1 but. Mais c'est surtout l'entrée de Dembélé à la mi-temps à la pause de Lee qui a tout fait basculer : heureusement pour le PSG que sa fièvre n'était pas trop intense ce soir-là !
Les présences d'Achraf Hakimi à gauche et de Nuno Mendes apportent des solutions de dédoublements mais aussi des situations à l'intérieur, principalement avec le Marocain, jamais aussi dangereux que quand il dispose d'une certaine latitute positionnelle pour termines les actions.
Par ailleurs, le développement du registre de Dembélé dans l'axe, une marotte chez Luis Enrique depuis de nombreuses années en ce qui concerne le rôle de l'attaquant de pointe, a permis aux ailiers d'avoir un appui au sol alors qu'avec Ramos, la tendance inhérente est de le chercher dans les airs en raison de son envergure.
Kvara, solution ou nouveau problème ?
Une inconnue subsite : quid de Khvicha Kvaratskhelia ? Le Géorgien s'adapte à son nouvel environnement, avec 4 titularisations consécutives toutes compétitions confondues. Contre Monaco vendredi soir, il a inscrit son tout premier but avec ses nouvelles couleurs. Pour autant, ses statistiques ont été en retrait par rapport à Doué et Barcola. En 67 minutes, Kvara a réussi seulement 71% de ses passes, remporté 3 duels sur 6, réussi 2 passes clefs et perdu 15 ballons. Pour l'instant, l'ancien Napolitain n'a pas encore mis tout son jeu en ordre. Contre Reims (1-1) et Brest, il a eu un haut pourcentage de passes réussies et si sa passe décisive contre les Champenois a démontré qu'il avait déjà des affinités avec ses nouveaux coéquipiers, il s'est révélé friable dans les duels (5/19 contre Reims, 4/9 contre Brest) et avait perdu 15 et 14 ballons en 83 et 58 minutes.
Autre inconnue : qui fera les frais de l'arrivée de la nouvelle star ? Contre Monaco, Barcola s'est placé à droite et Doué est entré à la 63e minute. Le score était de 3-1 mais l'ex Rennais s'est démené avec 66 ballons touchés, 37 passes réussies sur 43, 1 passe clef et surtout 8 duels remportés sur 9 et 7 dribbles réussis sur 8 (malgré 16 pertes de balle). En une demi-heure, il a aussi eu 0,25 xG. Le changement de côté n'a pas forcément réussi à Barcola : à peine deux dribbles tentés et aucun réussi, 35 ballons touchés (2 passes clefs, 22 passes réussies sur 26) et 3 duels remportés sur 6.
Certes, Luis Enrique a besoin de "finisseurs" mais, au moment d'inscrire son XI, il devra faire des choix qui ne pourront pas plaire à tout le monde. Si le secteur offensif s'est resserré avec les départs de Randal Kolo Muani et Marco Asensio, les places sont plus chères que jamais. Et si, comme le disait Unai Emery, "c'est très important la concurrence", c'est aussi un facteur de frustration qui peut déséquilibrer l'ordre d'un secteur qui semblait s'être enfin trouvé.