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L'art et la manière : Pedri, l'amiral de la salle des machines du Barça

Pedri contre Benfica à Montjuïc
Pedri contre Benfica à MontjuïcAitor Alcalde/Getty Images via AFP

Si Raphinha et Lamine Yamal empilent les statistiques, que seraient-ils sans l'influence de Pedri ? À 22 ans, le Canarien est dans une forme étincelante à une place plus reculée qui lui offre plus de latitude pour organiser le jeu du FC Barcelone. Contre l'Atlético de Madrid ce dimanche soir (21h), il sera essentiel dans la construction blaugrana.

Quand Wojciech Szczesny se transforme en Goldorak, quand Lamine Yamal et Raphinha multiplient les coups de génie, ce ne sont pas eux qui sont récompensés du titre d'homme du match. À l'aller comme au retour contre Benfica, c'est Pedri qui a été désigné. 

Surprenant certes, mais loin d'être incongru tant le Canarien rayonne. En termes statistiques, cela ne semble pas extraordinaire (5 buts, 6 passes en 41 matches toutes compétitions confondues) mais, fort heureusement, le football ne se résume pas à ça. Dans la conduite du jeu, dans l'avant-dernière passe, dans le repli défensif, Pedri déroule une partition magistrale à chaque sortie. Cette saison, Flashscore Ratings lui attribue la moyenne de 7,7. 

La fin des blessures à un poste plus reculé

Les 1/8 de finale de la Ligue des Champions ont proposé une nouvelle exhibition du joueur de 22 ans, longtemps freiné par des blessures après une saison 2020-2021 harassante. Arrivé en provenance de Las Palmas après une magnifique saison en Segunda, une division qui n'est pas exactement le rendez-vous du cercle des poètes disparus, Pedri n'était pas prévu au casting. S'il essaie désormais de changer l'histoire pour la tourner à son avantage, Ronald Koeman avait publiquement affirmé en conférence de presse que le bajito pouvait se trouver un club en prêt avant la fin du mercato estival pour gagner du temps de jeu. Le manque de recours dans l'équipe première a contraint l'ancien défenseur central à se dédire.

Après 52 matches disputés avec le Barça toutes compétitions confondues, le Canarien avait fini sur les rotules après avoir disputé l'Euro et remporté la médaille d'argent aux JO de Tokyo. Il l'a payé sur la durée en étant ensuite régulièrement sur le flanc. 

Celui qui au cours des deux dernières saisons a connu plusieurs blessures à la cuisse est désormais en pleine possession de ses moyens. Cela se voit. Et les gradins de Montjuïc ne s'y trompent pas : à chaque match, ils scandent le nom du meneur de jeu. 

Volume de jeu de Pedri lors de Benfica - Barça
Volume de jeu de Pedri lors de Benfica - BarçaFILIPE AMORIM / AFP / Opta / Stats Perform

Peu importe la composition du milieu de terrain, Pedri donne la leçon, incarnant à merveille ce que Xavi Hernández nomme "la salle des machines" du Barça. Habitué à pencher vers la gauche, il n'est pas innocent dans le rendement de Raphinha cette saison. Car si le Brésilien avait été constant en 2023-2024, surprenant même les observateurs qui ne le considéraient a priori que comme une potentielle revente à court terme, il est désormais ce qui se fait de mieux en Liga et en Ligue des Champions. L'apport d'un Pedri à 100% est une plus-value immense car s'il est capable de fulgurance, il a davantage besoin d'un bon entourage que Lamine Yamal de l'autre côté. 

Pour autant, Pedri sait aussi quand alterner et reverser le jeu, comme cela s'est vu contre Benfica au retour. Cette capacité à dézoner, à sentir le rythme du match pour casser les lignes ou trouver le décalage, est une qualité perfectionnée au fil des saisons et qui se bonifie avec un entraîneur comme Hansi Flick, moins rigoriste que Xavi dans la gestion du jeu de position. 

Le volume de jeu de Pedri lors de Barça - Benfica
Le volume de jeu de Pedri lors de Barça - BenficaGongora / NurPhoto via AFP / Opta / Stats Perform

S'il manque encore une dimension dans le jeu de Pedri cette saison, c'est dans sa propension à entrer dans la surface de réparation. Probablement parce que Flick l'a reculé d'un cran pour faire une place à Dani Olmo, ce qui l'épargne au niveau des chocs avec les défenseurs et l'autorise à prendre des initiatives davantage en amont.

Mais il y a une équipe qui semble apprécier pour scorer : l'Atlético de Madrid. C'est contre les Colchoneros qu'il a inscrit ses deux derniers buts, en championnat (défaite 2-1 à domicile) et en Copa del Rey (4-4 en demi-finale aller), comme si sa capacité à s'intercaler pour offrir une nouvelle solution face à un bloc bas le poussait à s'imbriquer davantage dans la finition des actions. Pour autant, cette composante offensive n'est pas ce qui est prioritairement demandé à Pedri et puis, après tout, Andrés Iniesta n'a pas trop mal réussi en marquant quand il le fallait.