L'ancienne nageuse âgée de 41 ans, désormais ministre des Sports dans son pays, fait partie des sept candidats attendus jeudi à Lausanne pour passer un grand oral, première étape majeure dans la course à la succession de Thomas Bach.
La double médaillée d'or du 200 m dos aux JO d'Athènes en 2004 et Pékin en 2008, qui se présente, car les "Jeux olympiques ont changé (sa) vie", estime dans un entretien à l'AFP que son élection serait "une chose énorme" pour le continent africain et montrerait que le CIO est "véritablement une organisation mondiale".
"Pour l'Afrique, cela ouvrirait de nombreuses opportunités pour d'autres fonctions dirigeantes et ce serait une façon de dire que l'Afrique est prête. Nous sommes capables de diriger. Nous avons le soutien nécessaire. Allons-y. Faisons-le", ajoute-t-elle.
Devenir la première femme présidente validerait en outre, selon elle, le travail déjà accompli par le CIO en matière de parité. "Pour moi, ce serait le meilleur moyen de continuer à promouvoir l'égalité des sexes auprès des entraîneurs et des dirigeants sportifs", explique la quadragénaire qui deviendrait, en cas de succès en mars, la plus jeune présidente de l'histoire de l'instance olympique.
"Réformer de l'intérieur" au Zimbabwe
Ministre des Sports du Zimbabwe depuis 2019, Coventry a été reconduite dans ses fonctions il y a deux ans par le président Emmerson Mnangagwa. Mais la Cour internationale de justice (CIJ) a estimé que les élections de 2023 n'avaient été "en aucun cas libres, équitables et fiables".
Faire partie d'un gouvernement dont la légalité est contestée pourrait nuire aux chances de la candidate à la présidence du CIO. Cette dernière estime à l'inverse que son poste lui a permis de réformer les choses de l'intérieur. "J'ai énormément appris en entrant dans ce ministère. Je me suis employée à changer beaucoup de politiques et de pratiques dans mon pays."
"Je pense que chaque pays a ses défis et ses problèmes. Les élections de 2023 ont été les premières sans violences depuis plus de 20 ou 30 ans. C'est un pas dans la bonne direction", poursuit-elle.
Née à Harare en 1983, Coventry a rejoint les États-Unis en 2001 pour s'entraîner et poursuivre ses études. "Mon expérience en tant qu'athlète, ma capacité à naviguer dans des eaux politiques délicates au Zimbabwe, le fait que je vienne d'un pays de l'hémisphère sud, mais que j'aie étudié aux États-Unis et que j'y sois restée longtemps, m'ont permis d'avoir les deux points de vue", explique-t-elle.
Elle rejette par ailleurs l'affirmation selon laquelle des membres du CIO s'interrogent sur son "africanité" parce qu'elle est blanche. "Ils ne m'en ont pas parlé", assure-t-elle.
"C'est une question que je me suis posée lorsque j'ai gagné mes médailles en 2004 et que le Zimbabwe était en pleine crise (politique et économique, alors que Robert Mugabe était encore au pouvoir, ndlr). Un journaliste m'a demandé si le pays serait heureux qu'une Blanche ait remporté la première médaille du Zimbabwe en 24 ans", raconte-t-elle.
"Pour être honnête, j'ai été complètement interloquée, car je me considère comme zimbabwéenne. Je suis née là-bas. Ma mère est née là-bas. Ma grand-mère est née là-bas."
Lors sa campagne pour la présidence du CIO, Coventry a fait sienne la philosophie africaine "ubuntu" qui repose sur la devise : "Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous". "C'est vraiment la base de ma profession de foi. Je veux un projet collaboratif", explique-t-elle.
"Je pense que le monde olympique et sportif a une occasion unique de montrer ce que peut être l'humanité et comment nous pouvons respecter les différences des uns et des autres", souhaite la double championne olympique.