C'est le point d'orgue d'une année 2025 qui a été très riche pour la boxe professionnelle française masculine. Faire la liste des accomplissements tricolores rappelle à quel point le regain est d'envergure.
Bruno Surace a terrassé Jaime Munguía il y a un an avant de vivre une vraie injustice pour la revanche après que le Mexicain a été testé positif à la testostérone avant d'être mystérieusement blanchi. Anauel Ngamissengue est allé au Kazakhstan pour défier Janibek Alimkhanuly, vainqueur par KO avant d'être lui aussi contrôlé positif il y a quelques jours alors qu'il devait affronter Erislandy Lara le 6 décembre. Christian Mbilli pourrait remporter le prix de combat de l'année après son match nul contre Lester Martínez. Souleymane Cissokho, Bakary Samaké et Leonardo Mosquea n'ont jamais été aussi proches d'obtenir une chance mondiale. David Papot a traversé le globe pour affronter Liam Paro, sorti vainqueur avec une décision maison et un énorme cocard. Milan Prat s'est paré de la ceinture de champion d'Europe des super-welters avec maestria, Bilel Jkitou est détenteur des ceintures WBC Silver et EBU des moyens après un duel franco-français épique contre Diego Natchoo. Quant à Moreno Fendero, il a franchi un nouveau cap en super-moyens remportant récemment son premier 10-rounds.
Sous-estimé
Pour achever cette année 2025, il fallait du lourd. C'est encore mieux que ça : un duel entre Diego Pacheco et Kevin Lele Sadjo pour les ceintures WBC Silver et WBO International des super-moyens.
Pour le Cristollien né au Cameroun, c'est le combat qu'il attendait après que le duel contre Mbilli s'est évaporé pour des raisons financières. À Stockton, Sadjo ne partira pas favori de cette opposition de styles. Massif et musculeux, il défie Pacheco, un boxeur longiligne (1.93m) doté d'une allonge télescopique (2.01m). Le travail pour casser la distance sera primordial, tout comme sa capacité à déjouer le travail en jab de son adversaire.
L'Américain sera favori, c'est une évidence. Boxer à domicile est toujours un avantage et Pacheco a déjà une grande expérience de ce genre de rendez-vous tandis que Sadjo s'est contenté, à son corps défendant, de combats d'entraînement qui ont enrichi son palmarès et son pourcentage de KO. Le voilà à l'aube de son moment.
Évidemment, tous les regards sont braqués sur Pacheco, "l'avenir des super-moyens" pour reprendre les propos du promoteurs Eddie Hearn sur DAZN. A croire que le Français ne serait qu'un bon test : "le combat contre Sadjo est idéal. Sadjo figure dans le top 10 de tous les classements des instances dirigeantes, mais Pacheco est l'homme qui doit remplacer Canelo Alvarez et Terence Crawford chez les super-moyens. Il est l'avenir. Il sera là pour longtemps".
Le Britannique voit déjà plus loin que le ring californien. Test ultime ou ultime test ? "Je pense que Jaime Munguía, Hamzah Sheeraz et Christian Mbilli seront les prochains adversaires de Pacheco après son combat contre Sadjo", a assuré Hearn.
De son côté, Pacheco veut renouer avec le KO, lui qui reste sur deux combats remportés largement en 12 rounds. "On peut dire sans hésiter que c'est le genre de combat qui ne nécessite pas de juges, a-t-il affirmé. Nous avons tous les deux une puissance de frappe redoutable et nous sommes tous les deux là pour gagner. Je compte bien retrouver mon niveau de KO. Je ferai tout pour gagner. Je suis prêt à y aller et à relever tous les grands défis".
Ça tombe bien : Sadjo aussi. Champion d'Europe en 2024 grâce à un KO à la 8e reprise contre Giovanni de Carolis, il est classé 9e mondial de sa catégorie par Boxrec, soit un cran en-dessous de son adversaire qui n'a pas exactement tout fait pour affronter Mbilli cette année alors que la possibilité s'était présentée. En ce qui le concerne, avec 20cm de moins sous la toise et 28 cm d'allonge en moins, il n'a pas à se poser trop de questions quant à sa stratégie : il faudra avancer, avancer, avancer pour essorer Pacheco et l'empêcher de boxer à sa distance. La mission est d'envergure tant le Californien, à l'image d'un Sebastian Fundora, dispose de mensurations hors-normes. Mais à 35 ans, Sadjo a suffisamment patienté : c'est le moment de se servir.