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Jorge Martín, quitter Aprilia... mais pour aller où ?

Jorge Martín au Qatar
Jorge Martín au QatarMirco Lazzari gp/Getty Images via AFP
Champion du monde en titre, Jorge Martín n'a quasiment pas roulé avec Aprilia, en raison des nombreuses chutes qui lui ont coûté la moitié de la saison. Si le Madrilène veut partir dès la fin de saison, les guidons disponibles sont rares et tous moins cotés que le sien.

Jorge Martín était-il prêt à devenir champion du monde au nez et à la barbe de Francesco Bagnaia ? Vexé d'avoir été snobé par l'écurie officielle de Ducati qui a préféré, à raison vu la razzia, confier un guidon à Marc Márquez, le Martinator a décidé de signer chez Aprilia. Mais ça, c'était avant d'être le premier pilote couronné avec un team satellite. Ce mariage mal né devrait faire long feu... à moins que la raison ne l'emporte. 

Chutes et demi-soupirs

Une gamelle dès les essais de novembre à Barcelone, une autre plus appuyée à Sepang en février et une dernière, beaucoup plus grave que les autres, à Lusail en avril : Martín n'a jamais maîtrisé sa nouvelle monture. 

Onze côtes pétées en espalier, un hémopneumothorax et une semaine d'hospitalisation à Doha : tel était le bilan de son premier weekend de championnat avec l'écurie italienne. Le Madrilène a rapidement fait fuiter qu'il activera sa clause de départ dès cette année alors qu'il avait deux saisons de contrat. 

Mais depuis, Marco Bezzecchi s'est imposé à Silverstone et s'il est souvent en retrait lors des qualifications, sa faculté à remonter les places aussi bien en sprint qu'en Grand Prix a démontré que l'Aprilia est compétitive. Le patron, Massimo Rivola, a envoyé un message explicite à Martín sur l'antenne de DAZN : "nous avons une moto qui peut gagner avec lui aussi". Une façon de lui renvoyer ses critiques ? D'une certaine manière, même s'il a édulcoré son propos : "l'usine travaille dur. Nous lui envoyons le message que la moto est à sa disposition pour gagner. Nous voulons gagner avec Jorge, nous l'attendons les bras ouverts". 

Physiquement et psychologiquement, le Martinator a de quoi être marqué. Mais il a tenu à éteindre l'incendie... sans nier le fait qu'il pouvait partir dans 5 mois : "à aucun moment je n'ai rompu le contrat. Lorsque nous l'avons signé, je me suis mis d'accord avec Aprilia pour que, si certaines conditions n'étaient pas remplies, je me réserve le droit de décider de mon avenir pour 2026. C'était une condition essentielle pour moi afin d'accepter le contrat qui m'était offert à ce moment-là". Lui l'assure : "il n'y a ni conflit ni reproches. Je veux juste pouvoir envisager l'avenir avec clarté, après avoir traversé des moments difficiles et subi une grave blessure, puis continuer à donner le meilleur de moi-même sur la piste comme en dehors".

C'est donc avec un certain soulagement qu'Aprilia a vu Martín participer à un événement promotionnel corporate au débotté : "je n'avais pas roulé à moto depuis ma blessure au Qatar, et ça n'était évidemment pas dans les plans que je prenne la piste. Et puis, je suis arrivé, j'ai vu toutes les Aprilia et j'ai eu envie. C'était une belle journée. Je n'ai pas beaucoup roulé, mais j'ai fait une vingtaine de tours et je me suis senti bien".

De quoi accélérer son processus de retour ? Initialement, Aprilia a prévu des essais les 30 et 31 juillet puis les 11 et 12 août sur le circuit de Montmeló. Martín voudrait rouler dès les 8 et 9 juillets à Misano. Pour le revoir en République tchèque le weekend du 20 juillet ou après le summer break le 17 août en Autriche ?

Le choix de l'embarras

Si Martín laisse son avenir en suspens chez Aprilia, il pourrait rapidement être récupéré par un principe de réalité : les guidons libres ne seront pas nombreux et changer de crèmerie est quasiment impossible. Seuls Johann Zarco, Somkiat Chantra, Jake Miller, Franco Morbidelli et Luca Marini arrivent en fin de contrat. Miguel Oliveira pourrait être poussé vers la sortie de chez Pramac-Yamaha mais il n'y a rien de définitif pour le moment. 

Vu l'épisode houleux avec Ducati, difficile de le voir aller chez VR46, d'autant que Gresini s'est imposé comme le meilleur team-satellite et que Fabio di Giannantonio a un contrat avec Ducati. Un retour des Pramac pour épauler le rookie Toprak Razgatlioglu ? S'il connaît l'écurie avec qui il est devenu champion du monde, le Martinator accepterait-il de retourner dans un team-satellite, passé chez Yamaha sans guère de perspective de devenir pilote officiel puisque Fabio Quartararo et Álex Rins ont un contrat jusqu'en 2027 ?

Seul reste le guidon de la Honda officielle de Marini. Actuellement blessé après une grosse chute à Suzuka, l'Italien était en négociation avec le HRC pour prolonger. S'il n'était pas conservé, Martín pourrait en tirer en profit. Mais, à l'heure actuelle, Aprilia propose des performances nettement meilleures à celle du constructeur nippon qui s'en sort au classement des constructeurs uniquement grâce à Zarco qui pilote un LCR. 

En d'autres termes, Martín devra prendre son mal en patience, espérer réaliser une deuxième moitié de saison convaincante pour ambitionner un retour en grâce en 2026 avec Aprilia. S'il décidait finalement de partir, rien n'indique que son choix sera le plus pertinent. Contraint de partir de Suzuki en 2022 alors qu'il avait été sacré en 2020, Joan Mir regrette encore amèrement son départ chez Honda. Le Martinator sait ce qu'il a, pas ce qu'il aura en cas de départ d'Aprilia.