Posté devant un écran du club house, dans l'attente d'un éventuel playoff, Robert MacIntyre a fait la seule chose à faire quand JJ Spaun a rentré un putt d'un autre monde qui l'a fait entrer par la grande porte dans la catégorie des vainqueurs de Majeur : il a applaudi.
Souvent proche de la victoire en 2025, battu en play-off par Rory McIlroy au Player's, l'Américain semblait avoir abandonné tout espoir de victoire après avoir enchaîné 5 bogeys lors des 6 premiers trous du 4e tour. Avec un aller bouclé en 40, l'affaire semblait entendue pour le joueur auteur d'un magnifique 66 jeudi avec 4 birdies et aucun bogey, une véritable prouesse sur ce parcours d'Oakmont (Pennsylvanie) d'une rare complexité. Mais le ciel a sauvé Spaun. Sur la fin de l'aller des dernières parties, la pluie est tombée drue et le jeu a été interrompu pendant 1h30. Une interruption bénéfique. Et pendant que Sam Burns, Adam Scott, Carlos Ortiz et Tyrell Hatton ont tous fini par décrocher, voire par imploser, Spaun a enchaîné 4 birdies pour 1 bogey du 12 au 18.
Sauver le par valait de l'or, finir sous les 70 relevait quasiment du miracle et MacIntyre a remonté le classement en signant un 68 pour terminer à +1 total. À ce moment-là, il mettait une pression considérable sur Spaun dans un finish hâletant où, à la moitié du retour, 5 joueurs étaient premiers ex-aequo. Auteur d'une belle remontée, trop tardive cependant, Jon Rahm pouvait nourrir des regrets même avec un... +4 total qui lui a permis de terminer T7. Scottie Scheffler aussi pouvait regretter son double bogey au 3 qu'il n'a jamais pu récupérer malgré 4 birdies pour 2 bogeys par la suite. Lui aussi a terminé T7.
Le gaucher MacIntyre a réalisé une sacrée performance : il a battu le parcours samedi et dimanche et il a été le seul dans ce cas. Et pourtant, cela n'a pas suffi. La fin de journée a ressemblé à un avant-goût de la prochaine Ryder Cup, avec des spectateurs qui scandaient des "USA, USA". Trahi par son petit jeu, Viktor Hovland s'est rapproché avec son birdie au 17 pour terminer finalement 3e avec +2 total.
Le fameux 17, un par 4, ouvrait la porte à un birdie, à condition de prendre tous les risques. Spaun les a pris alors que son bogey au 15 aurait pu sonner le glas de ses ambitions, comme ce fut le cas de Burns et Scott qui ont achevé leur weekend respectivement à +4 et +6 total, vaincus par la pression, le terrain gorgé d'eau et les mises en jeu dévissées achevées dans l'épais rough.
Galvanisé par son birdie et arrivé au 18 avec un coup d'avance sur l'Ecossais qui avait déjà signé sa carte, Spaun a parfaitement engagé sur cet ultime par 4. Il a ensuite trouvé un bout de green mais le drapeau était à l'autre bout. C'était atteignable en deux coups mais avec un geste d'une précision diabolique, c'est lui qui a dompté les pentes piégeuses pour entrer dans l'Histoire avec la manière. Seul joueur à avoir battu le parcours sur l'ensemble des 4 tours (-1 total !), le Californien de 34 ans a ouvert son compteur en Majeur. Pour la troisième édition consécutive, un Américain s'impose à domicile, au bout d'un tournoi exceptionnel dans sa difficulté et son dénouement.