L'interview de la semaine : Leonardo Mosquea
L'entretien est à retrouver en intégralité ici
Nos Français ont du talent
Bilel Jkitou v. Diego Natchoo, le 6 décembre à Nanterre
Ceinture EBU des moyens
Dans son fief de Nanterre, Bilel Jkitou affronte Diego Natchoo, qui a remporté l'EBU Silver en février contre Florin Cardos (KO2) avant de la défendre victorieusement contre Giovanni Rossetti (DQ11). Cette fois-ci, l'Indien ne boxera pas à Agde mais à l'extérieur.
Absent des rings depuis sa victoire aux Mureaux contre Juan José Rodríguez Durán pour la ceinture WBC Silver, Jkitou (33 ans, 20-2-0) est classé 33ᵉ mondial par Boxrec et est le favori contre Natchoo, classé 47ᵉ. Pour autant, le Marseillais de naissance (33 ans, 31-3-5) a plus le rythme de la compétition. Moins connu que Jkitou, il est néanmoins sur une série d'invincibilité de 11 combats (10 victoires, 1 nul) et son dernier revers remonte à 2021 contre un certain Bruno Surace.
Battu par Sam Eggington puis David Papot, Jkitou s'est relancé depuis 2023 et reste l'une des références tricolores de la catégorie.
Main event
Erislandy Lara (CUB) v. Johan González (VEN), le 6 décembre à San Antonio
Ceintures WBA des moyens
À 42 ans, Erislandy Lara (31-3-3) boxe toujours et il détient même la ceinture WBA des moyens. Ce samedi, le Cubain devait disputer un combat d'unification contre Janibek Alimkhanuly, la nouvelle terreur de la catégorie, vainqueur d'Anauel Ngamissengue.
Lara, c'est le boxeur cubain par excellence, précis dans ses coups, léger sur ses appuis. Pas le genre à aller à la guerre, surtout contre le Kazakh, machine à débiter les coups puissants. Une opposition de styles qui devait, si tout se passait bien pour les promoteurs, s'achever par une victoire d'Alimkhanuly. Aussi fort soit-il, Lara n'a jamais eu les faveurs des diffuseurs et des fans aux États-Unis, car jugé pas assez spectaculaire et explosif pour susciter l'intérêt des PPV.
15 mois après avoir battu Danny Garcia par KO, le vétéran était censé défier son cadet de 10 ans, sur une série de 4 victoires consécutives avant la limite. Problème : mardi, une note de l'agence antidopage américaine a signalé un contrôle anormal du Kazakh.
Dès lors, l'adversaire de Lara a changé. Il s'agit du Vénézuélien Johan González (34 ans, 34-4-0), classé 107ᵉ mondial par Boxrec. Appelé en dernière minute, il a peu de chance de renverser Lara. S'il y parvient, il sera candidat au titre d'upset de l'année. Once in a lifetime en somme.
Vintage
Julio César Chávez (MEX) v. Meldrick Taylor (USA) I, 17 mars 1990 à Las Vegas
Ceintures WBC et IBF des super-légers
68 combats, 68 victoires : Julio César Chávez a commencé sa carrière professionnelle en juillet 1981 et il a boxé en 9 ans et demi, il est monté plus de 7 fois par an dans le ring en moyenne !
Quand il défie Meldrick Taylor, le Mexicain a déjà été champion du monde des super-plumes, des légers et il règne désormais sur les super-légers. Tenant de la ceinture WBC, il affronte un invaincu (24-0-1) qui détient le titre IBF.
Le natif de Culiacán est le favori. Pourtant, les trois premières reprises sont pour Taylor, d'après la carte d'Harold Lederman. Les deux hommes ne s'évitent pas : ça boxe par séries, au corps, à l'intérieur, avec un jeu d'épaule caractéristique du Mexican style. En retournant dans son coin à la fin de la 3ᵉ reprise, l'homme de Philadelphie lève déjà les bras. Présomptueux. Trois minutes plus tard, son arcade gauche est ouverte et son coin lui applique une énorme poche de glace.
Malgré tout, c'est l'Américain qui domine les débats dans cette filière qui correspond parfaitement à ses aptitudes. Chávez cherche la clef mais la serrure semble verrouillée. À la mi-combat, Lederman donne 60-54 en faveur de Taylor ! C'est serré, mais à chaque fois, l'homme de Philadelphie semble faire l'effort au bon moment pour convaincre les juges. Dans la 10ᵉ, il réalise une série de coups qui ébranle durement Chávez, qui parvient à rester debout.
Mais désormais, Taylor entre dans une zone grise. En effet, il n'a boxé qu'une seule fois au-delà du 10ᵉ round et il n'est qu'à deux fois trois minutes d'unifier les ceintures. À l'annonce de la 12ᵉ, l'Américain a touché 418 fois son adversaire, avec un taux de réussite de 39 %. Le Mexicain, lui, a certes 37 % de précision, mais il n'a trouvé la cible que 235 fois. Pour autant, il a salement amoché son adversaire, c'est indéniable.
Chávez va tomber pour la première fois. Mais, dans son regard, on perçoit, sans doute a posteriori, une forme de détermination mélangée à une extrême concentration sur ce qu'il doit réaliser pour gagner par KO.
Après une minute, Taylor valdingue seul sur un coup où il frappe l'air. Il n'est pas compté mais il donne l'impression de manquer de lucidité. Le combat a été long et éprouvant pour lui aussi et son short blanc est maculé de sang.
À 58 secondes de la cloche, Taylor prend un cross du droit. À 53 secondes, c'est la gauche du Mexicain qui connecte. L'Américain chambre Chávez. Très mauvaise idée. Taylor s'expose, tombe dans le rythme de son adversaire qui parvient enfin à ouvrir la porte et à mettre le pied dans l'entrebâillement. À 24 secondes de la fin, Chávez place un gauche-droite qui claque au visage. Taylor veut répliquer mais il part la tête la première sur Chávez qui s'appuie sur les cordes pour tourner, placer un crochet court du bras avant et mettre l'Américain dans le coin. Le glas sonne à 17 secondes de la fin du combat. Chávez pulvérise Taylor avec un crochet du droit phénoménal. L'Américain passe du Capitole à la Roche tarpéienne en un clignement d'oeil. Il est compté et même s'il est debout à 5, l'arbitre poursuit son décompte, 8, 9 : "are you OK ?". Pas de réponse : l'arbitre agite les bras, c'est terminé. L'horloge indique... 2 minutes et 58 secondes. À deux secondes près, Taylor aurait gagné par décision partagée ! Le coin de l'Américain est furieux. "Absolutely berzerk" s'exclame le commentateur, estomaqué par ce dénouement totalement inattendu.
Cette 69ᵉ victoire de Chávez sera élue combat de l'année par Ring Magazine et fera encore un peu plus entrer le Mexicain dans la légende, qui conservera son invincibilité 20 combats supplémentaires. Les deux hommes se recroiseront en 1994, toujours à l'avantage de la légende, vainqueur cette fois à la 8ᵉ reprise.
