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Jagoba Arrasate, les tribulations d'un Basque à Mallorca

Jagoba Arrasate
Jagoba ArrasateJaime Reina / AFP
Après 6 saisons passées sur le banc d'Osasuna, Jagoba Arrasate débute une nouvelle aventure à Mallorca. Au moment où son club reçoit le FC Barcelone, l'entraîneur basque confirme les espoirs placés en lui à Palma.

Succéder à Javier Aguirre, parti prendre en main le Mexique après avoir guidé Mallorca en finale de la Copa del Rey, il y avait certainement un défi plus simple à relever pour Jagoba Arrasate. Mais, après tout, qui d'autre qu'un Basque pour prendre la suite d'El Vasco ? 

Entraîneur d'Osasuna depuis 2018, Arrasate a fait remonter les Rojillos en Liga dès sa première saison et a toujours réussi à maintenir l'équipe navarraise avec, en couronnement, une finale de la Copa en 2023 perdue contre le Real Madrid (2-1) qui a valu une participation à la dernière SuperCoupe d'Espagne en Arabie Saoudite. Le natif de Berriatua en Biscaye retournera à Djeddah début 2025 pour essayer d'atteindre cette fois la finale de la compétition nourrie au pétrodollars. 

Un effectif expérimenté

Mais avant ce rendez-vous, il y a la réception du FC Barcelone alors que les Blaugranas traversent une zone de turbulences en Liga. Lors de la 1re journée de championnat, Mallorca avait réussi à accrocher le Real Madrid, préambule d'une saison jusqu'à présent très réussie avec une 6e place, à seulement 2 longueurs de l'Athletic, 4e et dernier qualifié pour la Ligue des Champions. 

La venue d'Arrasate s'inscrit dans la lignée d'Aguirre, c'est-à-dire avec une solide base en défense, un milieu retors et un attaquant qui célèbre ses buts avec la main sur l'oeil : le Pirate Vedat Muriqi, probablement le meilleur joueur de tête du championnat. Ce n'est pas très spectaculaire mais c'est diablement efficace. Vendredi dernier, c'est le Valencia CF qui a fini par plier après avoir pourtant ouvert le score et alors même que Muriqi était suspendu. Ce sont les remplaçants Cyle Larin et Abdón Prats qui ont fait le travail, avec un placement parfait pour profiter des errances défensives des Blanquinegros. 

Titulaire en coupe la saison dernière, Dominik Greif a pris du galon et dirige une défense qui n'a pas grand chose à voir avec le cercle des poètes disparus : le capitaine Antonio Raíllo, Martin Valjent, José Copete (qui sera absent ce mardi). Sur les côtés, Mallorca a recruté malin et performant avec les prêts de Johan Mojica (Villarreal) qu'Arrasate connaît d'Osasuna, et Mateu Morey (Borussia Dortmund). Et si besoin, il y a Pablo Maffeo à droite qui s'était fait un nom à Girona quand il a suivi Leo Messi comme son ombre en 2017 et Toni Lato à gauche quand il n'est pas blessé, ce qui sera encore le cas. La recette est la même au milieu avec, pour entourer le totem Dani Rodríguez et l'ancien Lyonnais Sergi Darder, il y a une escorte talentueuse et rouée avec Samu Costa, Ómar Mascarell, Manu Morlanes et Antonio Sánchez

En bref, c'est une équipe bâtie pour valider rapidement le maintien mais qui, en faisant bloc, peut rêver de jouer l'Europe. Arrasate n'est pas du genre à s'enflammer ou à se prendre pour un autre alors il a manié la modestie en conférence de presse  pour qualifier ce premier tiers de saison très encourageant : "je vois que le vestiaire le prend naturellement et aussi avec anticonformisme. Je ne vois pas que les joueurs soient distraits ou euphoriques. Nous avons 24 points, mais ils ont tous été obtenus par le minimum d'écart. Alors, quand cela vous coûte, vous l'appréciez, mais vous savez que c'est difficile". 

Une progression linéaire

L'ensemble est cohérent, à l'image de ses 6 saisons à Osasuna. Devenu entraîneur de la Real Sociedad, où il fut formé sans jamais pouvoir porter le maillot de l'équipe première, en 2013 à seulement 35 ans, Arrasate est resté 17 mois avant de redescendre d'un cran avec Numancia où il est resté 3 ans au bout desquels il a vécu une défaite en finale des barrages d'accession en Liga. Sa progression linéaire et sa personnalité, posée et ouverte, font de lui l'une des valeurs sûres du championnat et permettent de lui imaginer une suite de carrière à la manière d'Ernesto Valverde, avec un style de jeu fondé sur le pressing, l'équilibre et la contre-attaque. 

À présent, la question est de savoir si Mallorca pourra continuer dans cette voie, avec un 4-2-3-1 robuste qui encaisse peu (aucune défaite par plus d'un but d'écart) mais ne marque pas assez (15 en 15 journées) même si les deux dernières journées contre Las Palmas et Valencia ont permis de faire parler une nouvelle forme de réalisme avec 5 réalisations après 3 matches de disette et deux victoires. 

Qu'en sera-t-il pour la réception du Barça ? Le club blaugrana a besoin de se rassurer et de renouer avec la victoire après 3 matches sans succès en championnat. "J'attends le meilleur du Barça, c'est vrai qu'ils ont un point sur neuf en Liga, même s'ils ont gagné en Ligue des champions la semaine dernière, a-t-il analysé. Ce qui n'est pas normal, c'est le début qu'ils ont eu, en gagnant tous les matches. Il n'est pas rare non plus d'avoir une série de deux ou trois matches sans victoire. Ils ont probablement un peu plus d'urgence. Pour obtenir un bon résultat, nous devrons être proches de la perfection".

L'humilité n'est pas un obstacle à la performance et Son Moix espère voir une victoire pour continuer à rêver comme il y a 25 ans, quand l'Ensemaïda Mecánica d'Héctor Cúper jouait les premiers rôles et se qualifiait pour la dernière finale de la Coupe des Coupes de l'Histoire avant de se qualifier pour la Ligue des Champions et de remporter la Copa del Rey avec Luis Aragonés. Un passé glorieux qui ne demande qu'à revivre avec Arrasate aux commandes.