QUESTION : Qu'est-ce que qui a constitué votre plus grande satisfaction sur le parcours, maintenant à terre ?
RÉPONSE : "Ce qui m'éclate, c'est de continuer à progresser. Il n'y a pas que la régate qui me plaît: le montage de l'équipe, la construction du bateau, la conception du projet, c'est un peu tout ça. La prochaine fois, je peux le faire mieux, mais je ne suis pas une espèce de pitbull accroché à un os qui ne lâche rien, je suis surtout content d'avoir rendu une bonne copie. Si on prend l'exemple du retour que j'ai réussi à faire entre l'Océan Indien et l'Atlantique, j'ai fait un bond considérable au classement, c'était une belle satisfaction. Mais ensuite, quand Charlie (Dalin) m'a doublé, j'ai compris que je n'allais pas finir premier et j'étais quand même content de faire deuxième."
Q : En soixante-cinq jours autour du monde, qu'est-ce que vous avez appris sur vous ?
R : "Ce qui m'a le plus étonné, c'était d'en apprécier la longueur. Le solitaire ne me fait toujours pas autant kiffer que de faire du double et de l'équipage, mais j'ai pris énormément de plaisir à bord. C'était une course intéressante, rythmée avec de nombreux retournements de situation. Malgré tout cela a été dur parfois mentalement. Je ne l'ai jamais dit, mais j'ai failli me taper un chalutier au deuxième jour, il est passé à dix mètres à gauche, quand j'étais en train de changer une voile. Cela n'a tenu qu'à un fil."
Q : Vous avez mis à l'eau ce bateau il y a deux ans seulement, vous en êtes satisfaits ?
R : "Ce choix, on l'a fait trois ans avant le départ, avec mes connaissances de l'Imoca à l'époque, avec les connaissances de 2020. Il y a eu beaucoup de bons choix dans sa conception. Et il y a deux cas de figure où il aurait pu briller encore plus: si on avait eu un sud dur pour notre groupe de tête et si j'avais choisi de passer sous la dépression comme Charlie et Sébastien (Simon). Dans des grosses conditions, j'avais un bateau supérieur, orienté pour le Sud. Mais quand on a commencé la montée et que Charlie se trouve encore à neuf minutes derrière moi, j'ai compris que cela allait être difficile, il a une machine mieux pensée pour les transitions."
Q : C'était votre premier Vendée Globe, quel souvenir allez-vous en garder ?
R : "J'ai vécu ça comme un voyage, j'avais une grande peur de ne rien voir… J'avais beaucoup regardé les îles sur mon parcours, écouté pas mal d'histoires. Cela a finalement commencé par Madère. Ensuite, dès que je passais près d'une île sur mon parcours, je regardais aussi sur Wikipédia pour en savoir plus. Puis le Cap Horn dégagé. Cela faisait partie de mon voyage personnel de pouvoir prendre ce temps. J'aimerais un jour pouvoir y aller, utiliser ces compétences nautiques pour aller découvrir le monde. Cela ne veut pas dire que je vais partir comme un ermite, mais pouvoir en profiter un peu plus."
Q : Repartez-vous en 2028 ?
R : "L'envie d'abord, c'est de prendre le temps de réfléchir à tout ça. Je suis sous contrat jusqu'à fin 2025, je ne connais pas la suite exactement. Je ne sais pas encore si je veux y retourner, les saisons en Imoca sont très intenses et il y a des enjeux personnels et familiaux à prendre en compte. Mais en tout cas, on a tout mis en place pour que, si demain, on décide d'y retourner, cela soit possible."