"C'est l'un des joueurs les plus sous-estimés du monde", disait ainsi en 2019 José Mourinho, qui l'avait souvent affronté lorsqu'il entraînait en Espagne au Real Madrid. "Il doit améliorer son Instagram, il n'est pas très bon là-dedans", avait-il plaisanté.
C'est justement dans une lettre publiée sur ce réseau social que le Croate, 37 ans, a annoncé ce lundi sa retraite sportive : "Cher football, tu m'as offert plus que ce dont je n'aurais jamais pu rêver. Des amis, des émotions, des joies et des pleurs (...) Maintenant, c'est le moment de te dire au revoir. Car même si je m'éloigne de toi, toi, tu ne t'éloigneras jamais de moi. Merci, football".
En sélection, Rakitic a été l'indispensable lieutenant de Luka Modric dans l'équipe de Croatie finaliste du Mondial 2018. Un parcours inédit pour son pays, mais une défaite en finale face à la France (4-2) au goût amer pour le joueur qui disputait sa dernière grande compétition internationale.
"Même le ciel de Moscou a pleuré avec nous, je ne m’en remettrai jamais", dira plus tard le Croate, né et élevé en Suisse, qui a porté 106 fois le maillot rouge et blanc à damiers (15 buts).
Le bonheur suprême, Rakitic l'a connu en club au Barça où il était encore bien mieux entouré qu'en équipe nationale. Avec l'équipe de rêve du trio Messi-Neymar-Suarez et d'Andrés Iniesta, il a gagné la Ligue des champions en 2015, quatre Liga et quatre Copa del Rey parmi 13 titres entre 2014 et 2020.
Séville, club de cœur
Arrivé en Catalogne à l'été 2014 en provenance de son "club de cœur", le Séville FC, où il était capitaine, il a dû endosser la lourde tâche de prendre le relais de Xavi, vieillissant, une légende du Barça qui a tout gagné en club comme en sélection.
Le Croate s'impose rapidement comme titulaire indiscutable au milieu de terrain et atteint le sommet de sa trajectoire : "faire partie de la plus grande équipe du monde est indescriptible", dit-il.
Face à la Juventus en finale de la C1, il ouvre le score dès la 4ᵉ minute, servi par Iniesta. C'est "le but le plus important de ma carrière", avait-il déclaré après la victoire du Barça (3-1), qui remporte là sa cinquième coupe aux grandes oreilles, la dernière en date.
Rakitic a tout du joueur modèle : polyvalence, qualité défensive, de passe, talent pour marquer (139 buts au cours de sa carrière) et pour être décisif dans les moments cruciaux, comme lors d'un Barça-Madrid de 2017 où il trouve la lucarne d'une majestueuse frappe du gauche. Et pourtant ce n'est pas lui qui prend la lumière.
Moins élégant qu'eux peut-être, il souffre de la comparaison avec ses coéquipiers qui comptent parmi les meilleurs de l'histoire : Andrés Iniesta en club et Luka Modric en sélection.
Après une fin en demi-teinte avec le club catalan, il fait son retour à Séville, où il avait découvert l'Espagne et franchi un premier cap à la suite de ses années de jeunesse au FC Bâle et à Schalke 04. Il en profite pour étoffer son palmarès en 2023 avec une seconde Ligue Europa, un trophée qu'il avait déjà gagné avec le même club neuf ans auparavant.
Il quitte l'Andalousie l'année suivante, puis fera un très court passage en Arabie saoudite avant de rejoindre l'Hajduk Split, en Croatie.