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Interview Flashscore - Yoni Valverde : "Ce tournoi, c'est du vrai combat : personne ne veut plier"

Yoni Valverde
Yoni Valverde Instagram Yoni Valverde / Flashscore

Yoni Valverde dispute la demi-finale du WBC Boxing Grand Prix des plumes le 19 octobre prochain à Riyad. Depuis ses Ardennes natales, le boxeur invaincu parfait sa préparation avant d'affronter l'Albanais Muhamet Qamili.

Flashscore : Avant votre 1/4 de finale remporté contre Yusuf Adeniji, vous étiez parti chez William Scull à Majorque. Vous y êtes retourné ?

Yoni Valverde : On m'a proposé plusieurs modes de préparation mais finalement, je n'avais pas envie de bouger et j'ai voulu rester près de mon entourage, avec mes coaches habituels. 

Le 19 octobre, vous affrontez l'Albanais Muhamet Qamili installé en Italie qui s'est qualifié grâce au scoring system tiebreaker qui départage quand il y a match nul. Vous avez gagné plus nettement par décision unanime. 

Il faut savoir que si le tournoi se dispute en Arabie Saoudite et est géré par la WBC, le match maker est Cerci, un manager italien. Il a eu une fleur parce que c'est son protégé. Je n'ai pas d'excuses mais mon seul point de stress, c'est qu'on me mette gagnant si j'ai gagné. J'ai vu son combat contre Troy Nash... 

Qamili est gaucher : est-ce que cela vous pose des problèmes, notamment pour trouver des sparrings ?

Pas spécialement parce que je suis un boxeur qui peut se mettre en gaucher et lui fait pareil. En l'observant, il est droitier dans 80 % de ses combats, comme moi, même si je boxe de plus en plus en gaucher. Ce sera à moi de jauger parce qu'un gaucher n'arrive pas à boxer un gaucher. Moi, je sais le faire, c'est un avantage. En droitier, il se jette beaucoup. C'est un bon boxeur mais il a beaucoup de défauts et ça va pêcher au bout d'un moment. Les coups de plein fouet, ce n'est pas de la nourriture. 

Vous comptez 16 combats, lui 17 : votre expérience dans la difficulté est-elle supérieure ?

Oui, et même si on peut dire que j'ai été protégé au début, ce qui est vrai, j'ai quand même pris quelques risques avant le tournoi. Le Mexicain Luis Ronaldo Ruelas, personne ne voulait l'affronter et je l'ai battu pour le titre IBO. J'ai fait des combats tests, comme ma défense du titre de champion de France contre Lucas Montagne qui venait de faire match nul contre le numéro 5 mondial. Même si le palmarès ne le reflète pas, beaucoup de monde l'esquivait parce qu'il était dangereux. Aujourd'hui, ces risques me servent et c'est la clef. 

Les palmarès peuvent être trompeur ?

C'est le deuxième invaincu que j'affronte lors de ce tournoi mais un boxeur qui a des victoires, des défaites et des nuls, ça veut dire qu'il a voyagé, qu'il n'a pas boxé qu'à la maison et qu'il a pris des carottes à l'extérieur. Ces mecs-là sont dangereux parce qu'ils n'ont rien à perdre. Mais un mec invaincu en 8 combats, je sais qu'il y en a 6 de protégé et qu'il a peut-être pris un risque une fois. Après, dans le tournoi, il n'y a que des bons avec déjà des références.

Les scores des juges ont montré que vous étiez un cran au-dessus d'Yusuf Adeniji mais il avait un sacré punch.

Ah la vache, qu'est-ce qu'il frappait fort (sourire). J'ai tendance à reprendre du poids après la pesée, je ne pèse pas 57kg sauf à la pesée. Mais lui, il frappait comme un super-welter ! J'ai bien fait de reprendre de la masse parce que j'ai eu vraiment peur de sa reprise de poids, je me suis dit qu'il allait être à 67 kg ! Il ne devait pas en être loin. La veille, j'avais l'impression qu'il était tout fragile, tout fin, que je pouvais lui casser le bras comme ça. Mais le lendemain, ce n'était plus le même (rires). 

Vous pouvez reprendre combien d'un jour à l'autre ?

Tout dépend de l'adversaire que j'ai en face de moi. Je suis déjà allé à 64kg mais pour Qamili, je serai plus aux alentours de 62 parce que je veux être vif sur mes jambes. J'ai sparré à 62, je me suis trouvé explosif et bien en jambes. Je pense remonter de 5kg et je serai bien. 

Vous avez effectué un gros travail vidéo ?

C'est mon habitude, je le fais à 100 %. La boxe de haut niveau, on la compare aux échecs. C'est à celui qui aura la meilleure stratégie, surtout qu'on a tous le même niveau dans ce tournoi. Il y a très peu de KO. Nos gants, ce sont des Reyes, ils font hyper mal mais personne ne tombe parce qu'on a tous la dalle. Ce tournoi, c'est du vrai combat : personne ne veut plier avant l'autre. C'est très important de connaître son adversaire, ses défauts comme ses qualités. Je pense avoir trouvé la faille (sourire). 

On sait que l'Arabie Saoudite utilise beaucoup la climatisation. Vous savez comment gérer ça après plusieurs combats à Riyad ?

J'ai trouvé la technique : je m'entraîne dans une salle de sport qui met la clim' à fond. Ce n'est pas de l'air pur, c'est trafiqué, donc il fallait que je m'habitue à respirer ça. Je l'ai ressenti lors de mon premier combat : j'ai manqué de cardio alors que c'est ma grande force, je le travaille beaucoup. J'ai remédié à ça et maintenant tout va bien à ce niveau. 

Après la décision des juges, vous avez enfilé un maillot de la Roja floqué Lamine Yamal. C'est une dédicace ou vous êtes supporter du Barça ?

Toute ma famille espagnole regardait le combat et plus que Lamine Yamal, c'est parce que c'était le maillot de l'Espagne. Pour l'anecdote, j'ai oublié mon drapeau espagnol et je voulais leur faire un petit coucou. Mon coach m'a dit que j'avais mon maillot mais bon, je boxe pour la France, j'avais peur que ce soit mal pris. Mauricio Sulaimán (le patron de la WBC, ndlr) était présent et je lui ai demandé en espagnol si je pouvais prendre mon maillot. Il a accepté mais c'était plus pour l'écusson que pour le nom derrière, même si le 19 est mon jour de naissance. Je l'aime bien Lamine Yamal, il est excellent avec la sélection, mais toute ma famille est pour le Real Madrid et moi aussi à 100 % (rires)