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Interview Flashscore : Théo Pourchaire - "Je ne ferme la porte à rien"

Théo Pourchaire, le 12 février dernier à Djeddah pour les Rookie Tests de Formule E.
Théo Pourchaire, le 12 février dernier à Djeddah pour les Rookie Tests de Formule E.JULIEN DELFOSSE/Julien Delfosse/DPPI via AFP/Flashscore

Titulaire, un mot qui ne collait plus à la peau de Théo Pourchaire depuis de (trop) nombreux mois. L’affront s’apprête à être lavé et l’agenda bien chargé d’un pilote engagé en compétition est redevenu celui du Grassois. Preuve en est, c’est depuis l’aéroport, au Portugal, que Théo Pourchaire nous a partagé son ressenti sur les dernières actualités le concernant. Tout juste officialisé au sein de l’Algarve Pro Racing pour la saison d’ELMS (European Le Mans Series) en LMP2, le champion de F2 2023 n’a, fidèle à lui-même, pas dissimulé son excitation.

Il le rappelle, une carrière en sport automobile est toujours faite de hauts et de bas. À l’écouter, c’est une ligne ascendante qui se dresse devant lui à l’aube de cette nouvelle saison 2025. 

Flashscore : On vous imagine soulagé après votre officialisation en LMP2 avec Algarve Pro Racing ? 

Théo Pourchaire : C’est une super nouvelle d’avoir un aussi beau programme que ça après avoir fait une saison compliquée l’an dernier. C’est un soulagement. C’est surtout grâce à Peugeot que j’ai l’opportunité de rouler cette année et grâce à Algarve qui me voulait. J’ai eu cette opportunité de pouvoir faire l’ELMS et surtout les 24 Heures du Mans. 

Vous restez pilote d’essai chez Peugeot Sport ? 

Le programme principal reste mon rôle de pilote d’essai avec Peugeot et d’être présent si un pilote venait à connaître un souci pour une course. Je dois être prêt à monter dans la voiture et à la remplacer. 

Le programme va être chargé… 

Honnêtement, je préfère ça que de ne rien faire. Je suis content d’être là, d’avoir ces opportunités, de pouvoir tout donner et d’avoir beaucoup de choses à faire. 

Vous avez participé au Rookie Test en Formule E à Djeddah. Votre nomination en ELMS prend le dessus sur tout le reste ou laissez-vous encore place à d’autres opportunités ? 

Mon programme est clair. Pilote LMP2, pilote d’essai avec Peugeot et j’aurai peut-être d’autres séances de prévues dans le futur en Formule E avec Maserati. C’est un programme très chargé et je suis concentré sur ça, c’est déjà beaucoup de travail. J’ai un job à remplir, c’est de tout donner. On a une belle saison qui nous attend en LMP2 avec un beau championnat, très compétitif. Je me concentre à 100% là-dessus. 

Votre dernière course officielle remonte à juillet 2024. À quel point êtes-vous impatient de retrouver la compétition ?

Je n'ai pas roulé depuis le Grand Prix de Toronto en IndyCar, ça fait énormément de temps. J’ai eu l’occasion de faire pas mal d’essais avec Peugeot, du simulateur, j’ai fait mon premier test en LMP2 avec Algarve Pro Racing ces derniers jours à Portimao, mais je suis impatient de rouler et de retrouver les courses.

L’idée d’être au départ des 24 Heures du Mans est excitante ? 

C’est un rêve. Un rêve depuis que je suis tout petit. J’ai vécu au Mans quatre ans quand j’étais à la FFSA Academy et donc je connais super bien l’endroit mais c’est surtout l’une des plus belles courses au monde et l’une des plus mythiques. Je sais que c’est un rendez-vous très important en endurance et que tout le monde est impatient dans l’équipe d’y rouler. 

Aspirez-vous à une place de titulaire chez Peugeot par la suite ? Se servir du LMP2 en guise de tremplin ? 

J’ai beaucoup, beaucoup, à apprendre en endurance. C’est un sport assez différent de ce que j’ai eu l’habitude de faire. J’ai fait que de la monoplace et déjà, le fait de partager la voiture, de faire des courses beaucoup plus longues, de gérer le trafic… J’ai beaucoup de choses à assimiler. Au final, je vais être un rookie en LMP2 et même par l’âge, je reste assez jeune. Donc je ne me mets pas trop de pression de ce côté-là mais je sais que ça va aller. 

J’ai l’aide de Peugeot et derrière c’est sûr que l’objectif, ce serait de rouler en WEC dans le futur. Ce serait vraiment top de pouvoir rouler pour Peugeot un jour mais on va déjà voir comment ça se passe cette année. 

Le monde de l’endurance et celui de la monoplace sont-ils si éloignés que cela ? 

L’Hypercar reste assez différente. Ce sont des voitures très puissantes avec finalement très peu d’aéro et qui sont complexes avec le système B et beaucoup de procédures. La LMP2 en configuration ELMS, ça va aussi très très vite (sic) et il y a quand même beaucoup d’aéro. On se rapproche plus d’une monoplace dans ce cas-là qu’une Hypercar. 

Cela ne change pas trop votre façon de piloter ? 

Je pense que ça va aller mais c’est plutôt sur les courses où je vais devoir apprendre. La gestion du trafic, la gestion de certaines procédures que ce soit les FCY (full course yellow), les restarts de safety car. Aussi les procédures spécifiques au Mans avec les slow zones, les safety cars qui sortent souvent… C’est vraiment sur ces choses-là que je vais devoir progresser et apprendre. 

La LMP2 est-elle vraiment si différente de l’Hypercar ? Vous la compariez à une monoplace en termes de sensations. 

Une LMP2, c’est quand même très léger. Et surtout avec la configuration ELMS avec plus de puissance et plus d’aéro que la configuration des 24 Heures du Mans avec la BoP (balance de performance).  Honnêtement, les deux se rapprochent. Les pneus font la différence, l’hybridation aussi et la différence se fait au niveau de la puissance, même si la LMP2 est plus légère et rapide dans les virages. 

Avec ce pied mis dans le monde de l’endurance, avez-vous définitivement tiré une croix sur la monoplace ? 

Je fais du mieux possible de mon côté, je donne tout. J’ai vraiment rien à me reprocher de ce côté-là et le monde du sport auto est comme ça. J’ai eu la chance d’avoir Peugeot et le groupe Stellantis qui sont venus m’aider énormément pour cette année et je pense que j’en serai reconnaissant à vie. J’aurais peut-être pu et dû arrêter ma carrière sans eux cette année. Je suis très heureux et motivé de rouler en ELMS. C’est très compétitif avec des voitures très rapides. 

Après, je n’ai que 21 ans. Je ne ferme la porte à rien et tout est possible dans une carrière. Du moment où je donne tout et où je montre de quoi je suis capable, il y a forcément des rebondissements et il y aura toujours de belles choses devant moi. 

D’autant que récemment, plusieurs pilotes ont roulé en endurance avant de découvrir ou retrouver la F1, comme Nyck de Vries… 

Il y a aussi Franco Colapinto. Je regardais sa carrière et au final, il a roulé en LMP2 avec mon équipe actuelle. Après, il s’est retrouvé en F1. Il y a tellement de niveau dans ces catégories que tout peut se passer en sport automobile et il ne faut jamais baisser les bras. Il y a forcément des années plus compliquées que d’autres mais là, j’ai un très beau programme devant moi et j’ai hâte de rouler. Je vais avoir des coéquipiers performants, une équipe performante, une marque telle que Peugeot qui me soutient derrière et j’ai tout pour bien faire. 

L’attraction actuelle de l’endurance augmente indéniablement la compétitivité de ses différents championnats. C’est une chance pour des pilotes qui ont connu votre situation…

C’est une certitude. Rien que sur l’ELMS, le niveau va être assez incroyable. Même moi j’étais surpris de voir les annonces des pilotes les unes après les autres. Pour certains, ce sont des pilotes que je connais bien qui viennent de la F3, de la F2 et d’autres qui font le championnat en plus d’autres, comme l’IMSA ou même le WEC. Le niveau est incroyable. Je vais commencer, rester humble et progresser. Il y a des pilotes qui connaissent les voitures par cœur. J’ai beaucoup à apprendre mais j’ai aussi confiance !