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Interview Flashscore - Sofiane Oumiha : "Je suis un challenger, un homme de défi"

Sofiane Oumiha.
Sofiane Oumiha.Flashscore

Vendredi à Benghazi, Sofiane Oumiha affrontera Francisco Fonseca pour la ceinture WBA Gold des légers. Pour Flashscore, le double vice-champion olympique évoque cette grande échéance dans sa carrière professionnelle contre un boxeur aux sérieuses références.

Flashscore : Benghazi en Libye, à première vue, c'est un drôle d'endroit pour un combat de cette amplitude !

Sofiane Oumiha : C'est vrai qu'on pourrait se demander pourquoi à Benghazi, mais c'est une véritable opportunité pour moi, d'autant qu'il y a la ceinture WBA Gold des légers à la clef. En plus, mon adversaire est très bien classé (28e mondial pour Boxrec, ndlr), il est connu dans le milieu car il n'a perdu que contre de très gros noms. Je n'ai pas regardé la ville où ça a lieu, l'important c'est que je boxe. 

Vous êtes déjà sur place, par les temps qui courent, obtenir un visa rapidement c'est déjà un très bon point. 

De ce que j'en ai compris, c'est le gouvernement libyen qui organise cette soirée. C'est pour ça que les visas ont été attribués aussi vite. 

Francisco Fonseca est du Nicaragua, il a affronté Gervonta Davis et Ryan Garcia, vous savez à quoi à vous attendre, dans ce style agressif typique d'Amérique latine. 

Ça sera un beau combat. J'ai une grosse carrière en amateur, c'est une certitude mais j'ai aussi maintenant un nouveau métier à apprendre car la boxe professionnelle, c'est très différent. Ce sera mon 7e combat et affronter un adversaire de renom sera pour moi l'occasion de me mettre en avant et de montrer ce que je veux, c'est-à-dire aller chercher les plus gros malgré mon peu d'expérience chez les pros. Mais je sais que j'en suis capable, avec tout le travail effectué en amont. J'ai confiance en moi et je me suis entraîné pour. 

Disputer une ceinture WBA Gold à votre 7e combat, c'est aussi le signe que votre entourage travaille bien avec vous. 

Je suis très bien monté dans les classements, je suis 52e mondial et j'affronte le 28e donc ça me permettrait d'accéder au Top 20, 15 voire 10 en fonction du résultat, d'avoir une belle ceinture et donc d'envisager une opportunité derrière. Je suis tout à fait conscient de ça. C'est à moi de saisir cette opportunité, sans brûler les étapes non plus. Je sais que ce que j'ai pu faire en amateur a été exceptionnel mais aujourd'hui, si on a de grands champions en France on n'a plus de champion du monde. J'essaie de mener mon chemin comme je peux et ce sera l'occasion de voir si je peux aller plus haut. C'est LE combat référence. 

Il s'est passé un an depuis les JO de Paris, vous êtes revenu tôt à la compétition. On sait que des athlètes ont souffert d'une période difficile après cette effervescence : c'était important pour vous revenir vite, même si vous avez perdu, pour retrouver une forme de routine ?

Je savais qu'après Paris, il faudrait vite repartir au boulot parce que je suis au meilleur de forme, j'ai 30 ans et il faut aller de l'avant. Ce furent des Jeux magnifiques mais j'ai toujours été un gars qui veut avancer, sans penser au passé. J'aurais aimé avoir l'or mais c'est derrière moi. Le but maintenant, c'est de marquer l'histoire de mon sport. Le chapitre Jeux olympiques est refermé, j'en ouvre un nouveau en allant titiller le monde pro pour monter dans les hautes sphères. 

En plus, la catégorie des légers est très relevée. 

Oui, il y a beaucoup de grands noms, des boxeurs de renommée. Moi je suis un challenger, un homme de défi et j'aime ça. À moi de sortir mon épingle du jeu, de faire le taf, sans me prendre la tête. Ce qui doit arriver arrivera. J'ai tout mis de mon côté pour y arriver. 

La boxe amateur, c'est une forme d'ascèse au niveau du poids, avec de nombreux combats rapprochés contre tous types d'adversaires. Cette expérience contre un gros frappeur est un grand avantage ?

Forcément et l'un des bienfaits de la boxe amateur, c'est que tu voyages dans de nombreux pays, tu rencontres différentes formes de boxe avec ceux qui avancent, ceux qui frappent fort, ceux qui sont techniques. Mais la boxe amateur est différente de la boxe professionnelle : ce sera le même adversaire pendant 10 rounds, il faudra gérer les temps forts et les temps faibles mais je l'ai bien travaillé avec ma team. Il ne reste plus qu'à prouver mais mon expérience en amateur m'aide à franchir un palier en professionnel. 

Récemment, vous avez croisé 12 rounds avec Jaouad Belmedhi à Toulouse. Tout s'est bien passé ? 

Lui aussi prépare un grand combat en Chine et comme on est à côté, on échange régulièrement ensemble. Il a la morphologie de Fonseca et en plus c'est un frère pour moi, ça fait de nombreuses années qu'on fait des sparrings et on se pousse à aller de l'avant mutuellement. 

Sofiane Oumiha fait évoluer sa boxe
Sofiane Oumiha fait évoluer sa boxeMILLEREAU Philippe / KMSP via AFP / Stats Perform

Jaouad a aussi eu de beaux compliments à votre égard. Vous ressentez non seulement votre aura mais aussi cette unanimité vous concernant quant à vos qualités de partage avec les autres boxeurs et le public ? 

J'essaie d'être moi-même, comme je l'ai toujours été. Ce qui manque aujourd'hui en France, c'est la mise en avant. On sait que tout marche via les réseaux sociaux et les media et il faut être accompagné. Dès que j'ai commencé la boxe, j'ai compris que ce qui parle d'abord ce sont les résultats et c'est ce que je sais faire de mieux. Mais être un boxeur, ce n'est plus donner des coups, prendre des coups, gagner et terminé. Il faut savoir gérer toute la communication autour. 

Vous avez effectué l'essentiel de votre préparation à Toulouse ?

Je suis allé trois jours à Paris pour tourner un peu mais je reste à Toulouse parce que c'est chez moi et c'est là où je me sens le mieux. J'y ai fait toute ma préparation commencée il y a deux mois. On savait que je boxerais en août mais pas où ni contre qui ni s'il y aurait une ceinture en jeu. J'ai mis toutes les chances de mon côté et c'est à moi de sortir du lot pour montrer toutes mes capacités. 

Précisément, vous avez une boxe "à la française", celle de toucher sans être touché avec une gestion aigue de la distance. 

C'est vrai mais j'essaie d'apporter d'autres choses à mon panel. J'ai une boxe aérienne mais je sais que sur 10 rounds en professionnelle ça ne suffit pas. Fonseca ne fait pas qu'avancer, il faudra savoir le stopper et varier. Donc on a travaillé des tactiques à mettre en place et tout ce que j'ai pu faire à l'entraînement, il faudra le répéter lors du combat. 

On peut augmenter sa puissance sans trop perdre en vitesse ?

Tout dépend de comment on s'entraîne. J'ai effectué un gros travail de musculation tout en conservant ma vivacité et mon explosivité. On a mis l'accent sur le transfert de poids. C'est là-dessus que j'ai travaillé, dans ma transition amateur-professionnel. J'ai pris de la masse et je ne pense pas avoir perdu en vivacité. On verra ça vendredi !