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Interview Flashscore - Ségolène Lefebvre : "Monter de deux catégories, c'est un risque mais il a été mûrement réfléchi"

Ségolène Lefebvre
Ségolène LefebvreSEBASTIEN JARRY / PA Images / Profimedia

Samedi soir et devant son public de Douai, Ségolène Lefebvre retrouvera le ring après 13 mois d'absence. Ex championne du monde des super-coqs, "Majestic" monte en super-plumes pour affronter Almudena Álvarez, championne d'Europe. Un changement d'orientation de carrière qui commencera par un affrontement périlleux. Pour Flashscore, la Nordiste est revenue sur la dernière année écoulée et ce challenge qui la motive.

Flashscore : Vous sortez de l'entraînement, quelles sont vos sensations à quelques jours du combat ? 

Ségolène Lefebvre : j'ai fait du sac pour les sensations, en révisant quelques techniques. Le plus gros a été fait, on est en mode récup', pour faire bouger le corps, surveiller le poids et garder les bonnes habitudes. 

Vous passez des super-coqs aux super-plumes, soit un bon de deux catégories : c'est un risque calculé ?

Forcément, monter de deux catégories, c'est un risque mais il a été mûrement réfléchi. Il faudra s'adapter psychologiquement parce que ce sera ma première en super-plumes et il faudra apprivoiser ce changement. 

Vous affrontez Almudena Álvarez, championne d'Europe EBU, sans ceinture en jeu. 

Je savais que j'allais monter de catégorie, mais on n'avait pas déterminé laquelle. Cela dépendait des possibilités car on a fait des propositions qui n'ont pas été acceptées. On cherchait du niveau et elle a accepté. On est content parce qu'elle est titrée, c'est sa catégorie. Je ne boxe pas n'importe qui et ça fait une belle affiche. Ce n'est pas parce que je n'ai pas boxé depuis longtemps que je vais me simplifier la tâche. 

Votre dernier combat, contre Ellie Scotney, a eu lieu en octobre 2024. Le ring vous a manqué ?

Un peu quand même, parce qu'un an d'inactivité, c'est beaucoup. Un boxeur est fait pour boxer mais il n'y a pas plus d'explication à donner, ça devait se faire comme ça. Le passé est passé, il faut aller de l'avant et je me concentre sur ce combat. 

Vous avez enregistré votre première défaite contre Scotney : il vous a fallu du temps pour digérer ?

C'était un très gros combat, donc il m'a évidemment fallu un peu de temps. Une défaite est toujours dure. Il y avait ma ceinture en jeu, la sienne et aussi la Ring Magazine, qui est un peu le Ballon d'Or de la boxe si je voulais résumer (sourire). Il m'a fallu quelques semaines, mais pas de quoi être traumatisée. Scotney est extraordinairement forte mais elle n'est pas innaccessible et j'aurais pu la battre. 

Revenons à votre duel contre Almudena Álvarez : vous avez 10 ans de moins, elle ne mesure que 2 cm de moins que vous. On aurait pu croire qu'il y aurait davantage de distance en changeant de deux catégories. 

En fait, ça ne m'étonne pas de faire à peu près la même taille qu'elle parce que j'étais grande en super-coq et j'affrontais des filles qui me rendaient 5 ou 10 cm. Et être plus grande ne signifie pas avoir une meilleure allonge. Il faudra que je m'adapte mais je l'ai travaillé à l'entraînement et je ne vais pas me bloquer là-dessus. Des fois, tu boxes à distance et c'est pénible. 

C'est votre staff qui se charge de l'analyse de l'adversaire ?

Je n'ai pas changé mes habitudes. Mon staff a regardé des vidéos, elle est un peu plus grande, pas très rapide mais ce qu'elle fait, elle le fait bien. Je me suis préparée en conséquence et il faudra que je la prenne de vitesse, travailler en contre-attaque pour la déborder. Je ne regarde jamais les palmarès, si je la croise dans la rue, je ne suis pas sûre de la reconnaître (rires). 

Est-ce que prendre du poids est difficile ?

Pas pour moi parce que, comme je suis grande, j'ai souvent dû faire des régimes pour boxer en super-coq. J'ai été au poids quasiment tout de suite, ce n'est pas aussi strict qu'avant. J'ai toujours une bonne alimentation en préparation mais c'est moins stressant parce que tu t'approches plus vite du poids. Et ça, c'est plutôt cool (sourire). 

Le combat à lieu chez vous, à Douai. C'est une vraie satisfaction d'avoir une telle affiche à domicile ? Ce n'est pas si fréquent en France. 

Le club travaille bien, on a de bons arguments, avec la volonté de faire de bons spectacles. Mais on sait qu'en France ça reste difficile, ce n'est pas l'Angleterre ou les États-Unis. Je pense que mon adversaire était intéressée par le challenge, on fait la bonne proposition pour attirer une championne d'Europe à Douai avec un beau plateau. Ça permet de faire rayonner la boxe en France et aussi mon club. 

La catégorie des super-plumes est relevée en France, on pense notamment à Rima Ayadi et Elhem Mekhaled. Est-ce qu'un combat franco-français est envisageable ? 

Rien n'est à négliger, ça peut se faire. Mais ça va dépendre des conditions, et ça commencera avant tout par mon combat. Je vais d'abord me focaliser là-dessus mais, à l'avenir, si l'une d'entre elle l'envisage et que l'opportunité vaut le coup, pourquoi pas. Mais on verra aussi comment ça se décantera pour moi, car si je gagne, j'aurai peut-être des propositions pour boxer dans une réunion internationale avec un titre en jeu. 

Par le passé, vous avez croisé avec Delfine Persoon, numéro 2 mondiale des super-plumes pour Boxrec. Vous avez sparré de nouveau ensemble ?

Pas cette fois. Je me suis entraînée avec Hélène Connart, Belge également, et qui boxera pour le titre WBC International des super-légères samedi soir en Pologne. Elle est plus lourde que moi, ça m'a permis de m'habituer. J'ai aussi sparré avec les gars de mon club mais en France, il n'y a pas beaucoup d'alternatives. Hélène était dans la même dynamique que moi, c'était très bien. Je n'ai pas parlé de mon changement de catégorie avec Delfine, c'est resté entre nous au club, jusqu'à l'annonce officielle du combat. 

Monter de deux catégories pour battre Álvarez : Terence Crawford vous a montré la voie ! Il y avait certes une différence de poids et d'expérience mais il a montré qu'on peut y arriver par d'autres moyens. 

Le poids a son importance mais on peut amortir cette différence. Crawford y est arrivé, je croise les doigts pour l'imiter, en tous cas j'ai tout fait pour (sourire). 

C'est un grand défi, qui a pu être surprenant, mais votre boxe vous autorise ce changement, notamment grâce à votre qualité de déplacement. 

Ma façon de boxer peut briller en super-plumes et je pense qu'il y a des choses pas mal à réaliser. 

S'entraîner avec un sparring d'une catégorie supérieure est monnaie courante mais est-ce un avantage ? 

Boxer quelqu'un de plus lourd peut te fatiguer, surtout quand ça vient au contact, où que tu es bousculée. En ce qui me concerne, je le fais aussi parce que je n'ai pas nécessairement le choix. Cela dit, il ne faut pas prendre trop de risque avec ça. Dans certaines situations, ça améliore tes aptitudes physiques. 

Sur les réseaux sociaux, on vous voit régulièrement frappé dans les punching-balls de fête foraine : est-ce que vous avez augmenté votre score ? 

(Rires) Hélène m'a dit que pour une super-coq, j'avais des coups qui se sentaient. Elle ne m'a pas dit ça pour me faire plaisir. J'ai un peu plus d'impact, c'est un peu plus lourd mais je ne m'en rends pas forcément compte. Mais mon entraîneur m'a aussi dit que ça s'entendait. 

Vous êtes une grande fan de Marine qui a remporté la saison 12 de la Star Academy mais c'est Charlotte, la lauréate de The Voice Kids qui viendra chanter ! 

(Elle éclate de rire) Je ne m'attendais pas à cette question ! Oui, j'aime beaucoup Marine, sa personnalité. Charlotte habite à 10 minutes de chez moi et je trouve que c'est quelqu'un qu'il faut faire briller, surtout qu'elle est jeune. Si je peux lui apporter... Mais c'est vrai qu'on s'apporte mutuellement parce que des personnes qui voudront l'écouter chanter viendront me voir boxer et celles qui viendront me voir boxer pourront l'écouter chanter. On s'élève ensemble. 

Il y a un besoin d'associer une plus-value hors sport pour fabriquer un gala de qualité et agréger les publics ? 

C'est du donnant-donnant. C'est intéressant et je suis très contente que Charlotte ait accepté. En plus, je connais sa maman, ce sont des vrais Ch'tis, naturels et sans chichis (sourire).