Plus

Interview Flashscore - Pierre Rosadini : "Être le champion de son pays, c'est énorme"

Pierre Rosadini
Pierre RosadiniInstagram Pierre Rosadini / Flashscore

Champion de France en titre des super-moyens, Pierre Rosadini (29 ans, 7-7-3) défend sa ceinture contre Selim Ben Rajeb au Palais des Sports de Marseille le 10 octobre prochain. Le Varois s'est confié pour Flashscore alors qu'il est dans la dernière ligne droite de sa préparation.

Flashscore : Vous êtes devenu champion de France en avril, devant votre public à Roquebrune-sur-Argens comme Mustapha Zaouche qui vous avez battu l'an dernier. 

Pierre Rosadini : C'était magnifique ! Je savais que ça allait être difficile, Mustapha m'avait effectivement battu. C'était une belle revanche parce que j'avais beaucoup d'appréhension devant mon public. Je me suis dit que je n'avais pas le droit à l'erreur et je me suis préparé en conséquence. On l'a eu à l'usure parce que je savais qu'il perdait beaucoup de poids et que ça ne l'aiderait pas. Dix rounds, c'est long et quand on perds 10kg, même si on le prend le lendemain de la pesée, ça fatigue. Je savais qu'il allait baisser de régime et c'est ce qui s'est passé. 

Vous êtes un super-moyens naturel ?

Je pèse 77-78kg, donc je n'ai pas de régime à faire (rires). J'ai fait quelques combats en moyens, à 72-72,5kg. Mais tout dépend de l'adversaire : en moyen et même en super-welters, ça peut frapper plus fort. Je préfère arriver à 100% plutôt que de devoir perdre trop de poids et user ton corps. Maintenant, tout le monde fait ça, 90% des boxeurs. Personne ne boxe dans sa catégorie. Quelque chose ne va pas parce qu'un jour il y aura des accidents. Le cutting, c'est très dangereux. J'ai déjà perdu 5 ou 6kg et c'est beaucoup mais certains perdent le double. Je boxe dans ma catégorie mais tu affrontes des mecs costauds. Mustapha mesure près d'1.80m et il a la tête dure en plus (rires). 

Vous avez une carrière étonnante : vous débutez par 4 défaites et contre des adversaires difficiles comme Souleimane Mohammedi et Lancelot de La Chapelle. Vous avez aussi affronté Gaston Dué pour votre 6e combat. Il y avait de quoi vous faire renoncer mais vous avez percévéré. 

J'ai eu une gestion de carrière catastrophique. Mon ancien entraîneur n'a pas trop réfléchi aux combats que je prenais et j'allais au casse-pipe. Je ne connaissais rien au monde professionnel. Mais ça me faisait boxer et j'étais content. En plus, j'ai débuté en pro en 2021 après le COVID, on était 4 dans un gymnase, c'était horrible. J'étais à 4 défaites d'affilée, j'ai battu un journeyman de l'Est mais j'ai perdu contre Gaston. J'étais à deux doigts d'arrêter. 

Quel combat vous fait prendre conscience que vous pouvez nourrir des objectifs ? 

Celui contre Tarik Haddir. Il était solide, il venait de battre Jean-Nestor Nkoulou Mama par KO, ce n'était pas rien. Quand on me l'a proposé, je me suis dit que c'était un combat charnière pour moi : soit je gagnais, soit j'arrêtais. J'ai gagné en 6 rounds, j'ai revu les vidéos et j'étais en feu (sourire). Ensuite j'ai battu Amine Mohamedi, j'ai fait match nul contre Keanu Klose chez lui à Bron puis contre Amine Diallo en moyens et Rayane Yahia. Je sentais que je progressais, que je montais. J'affronte Mustapha à Bastia en six rounds : il est donné gagnant mais je peux gagner et il ne m'a pas survolé. J'ai vu de quoi j'étais capable. Je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire. J'ai enchaîné deux victoires contre Gianni Carullo et Salim Ben Rejeb et je passe 2e du classement pour disputer la ceinture de champion de France. Lancelot s'est retiré et le titre vacant s'est disputé entre Mustapha et moi. 

Avant ça, vous disputez votre premier combat à l'étranger, contre Jimmy Sains à l'O2 Arena de Londres.

Ça, c'est un truc que je n'aurais pas dû faire. On m'a appelé une semaine avant mais il y avait une bonne bourse, donc ça motive. Quand tu fais des combats et que tu gagnes à peine mille balles et qu'on te propose une belle somme... En plus, belle salle, belle organisation, diffusé sur DAZN. C'était une opportunité mais le combat... je ne sais pas si ça pouvait en être autrement parce qu'en face... Je n'ai jamais affronté quelqu'un qui frappait aussi fort. C'était en 8 rounds, je me fais arrêter à la fin du 7e. J'ai tenu jusque-là (sourire), c'est la première fois que j'allais deux fois au sol. 

Les Anglais sont roués pour monter les carrières de leurs boxeurs, avec un minimum de préparation pour l'adversaire. 

Je m'entraîne tout le temps, j'adore faire du sport, je fais beaucoup de vélo et course à pied hors période de combat. Ça m'a aidé pour le cardio, je m'en rends compte depuis deux ans, notamment sur un 10 rounds. Je sens que mon coeur s'habitue et que les efforts peuvent être beaucoup plus longs. Contre Mustapha, c'est dans le 10e round que je me suis senti le plus fort. 

Vous retrouvez Salim Ben Rejeb (38 ans, 10-13-2) que vous avez battu. Même si vous êtes le tenant, est-ce que vous abordez ce combat avec la mentalité d'un challenger ?

Je suis le champion mais c'est comme si je ne l'avais pas et que je devais aller le chercher. Ce n'est pas acquis. On ne fera pas semblant. Quand j'ai commencé chez les pros, ça ne m'avait jamais traversé l'esprit d'être un jour champion de France, surtout avec 4 défaites. Et puis je suis monté dans les classements et être le champion de son pays, c'est énorme. Après, le statut est professionnel mais on est beaucoup à travailler à côté. Moi je suis commercial dans un domaine viticole par exemple. En France, combien gagnent leur vie avec la boxe ? Une dizaine tout au plus, principalement grâce aux sponsors. C'est pour ça que je prends autant à coeur cette défense, en plus à Marseille parce qu'il y aura du monde. 

Pour assister à la réunion de Marseille du 10 octobre, des billets sont encore disponibles

Ce sera le seul combat avec un titre en jeu dans un gala haut de gamme avec Michel Soro et Anauel Ngassimingue.

Quand j'ai appris que c'était au Palais des Sports de Marseille, avec de tels noms sur la carte, ça fait rêver ! En plus, je viens en champion de France, pas en tant que faire-valoir. Franchement, ça me booste énormément. J'ai vraiment hâte.