Plus

Interview Flashscore - Nordine Oubaali : "Mon leitmotiv, c'est que la victoire aime l'effort"

Nordine Oubaali contre Rau'shee Warren à Las Vegas
Nordine Oubaali contre Rau'shee Warren à Las VegasChristian Petersen/Getty Images/AFP/Flashscore
Unique boxeur à être devenu champion du monde à Las Vegas, Nordine Oubaali est une légende du Noble Art tricolore. La conquête de la ceinture WBC des coqs au MGM Grand en 2019 a changé la vie du Nordiste. À 38 ans, il foisonne de projets professionnels et conseille Souleymane Cissokho. Pour Flashscore, "Nino One" s'est longuement confié sur sa carrière et son envie de devenir promoteur.

Flashscore : Vous venez d'une famille nombreuse mais vous êtes aussi un grand frère pour de nombreux boxeurs français. Vous le ressentez ?

Nordine Oubaali : J'en ai pris conscience avec un peu de recul, en me formant sur les aspects neuro-sciences et développement personnel. J'ai beaucoup appris car, pendant ma carrière, j'étais un peu trop focus sur moi. À présent, je peux apporter aux athlètes des capacités pour voir grand mais aussi prendre sur soi. Quand je suis devenu champion du monde à Las Vegas, ça a été avec les tripes parce que ça a été très compliqué par rapport aux conditions que j'avais. Mon promoteur m'avait mis des bâtons dans les roues, j'avais eu un accident occulaire donc je n'étais pas vraiment apte à monter dans le ring même si j'y suis allé parce que je savais que ce n'était pas dangereux pour ma santé. La boxe est un sport fondé sur la réactivité mais si j'avais renoncé, je n'aurais jamais eu une nouvelle chance parce que les promoteurs américains faisaient tout pour m'esquiver. J'avais signé avec MTK pour jouer le tout pour le tout, sinon j'arrêtais. Je suis allé au bout de mon histoire. Un titre mondial, ça reste à vie et je peux inspirer les plus jeunes et créer des vocations. D'ailleurs, je suis très suivi sur les réseaux sociaux. Je veux partager cette idée que tout est possible, avec du temps. C'est une fierté. Dans ma reconversion, je veux offrir des possibilités sur la stratégie, la préparation mentale consciente comme inconsciente. Quand on arrive dans une zone de génie où on excelle, il arrive un moment où, paradoxalement, tu te sabotes sans en avoir conscience. Si je l'avais réalisé pendant ma carrière, j'aurais réalisé encore plus de choses. Je veux apporter au plus grand nombre, dans le sport comme avec des chefs d'entreprise. 

Vous aidez des boxeurs à l'heure actuelle ?

J'accompagne Souleymane Cissokho, de manière ponctuelle pour lui expliquer ce que je veux de lui. Mais avant tout, je m'adapte au boxeur. Quand j'étais athlète, c'est mon frère Ali qui s'adaptait à moi et c'est pour ça qu'on y est arrivé. Ce que je veux expliquer, c'est que, oui, tu as les capacités de réussir. Surtout, les boxeurs d'aujourd'hui ont de meilleures conditions de départ que moi. Si j'ai pu le faire avec très peu de moyens... Il ne faut pas rejeter la faute sur les autres ou se trouver d'excuses pour soulager sa conscience. Il faut regarder ce qu'on a et déterminer comment parvenir à son objectif. C'est important de préciser que c'est leur objectif personnel, pas l'objectif que te donne le grand public ou ton entourage. Tout le monde aime bien dire "je veux être champion olympique, je veux être champion du monde". Mais est-ce que c'est ton véritable objectif ? Es-tu prêt à payer ce prix-là ? Pas forcément. Quand il faut aller charbonner et que personne ne te regarde, c'est dans ses moments-là que ça se gagne. C'est ça le vrai travail, quand tu continues à te battre. Mon leitmotiv, c'est que la victoire aime l'effort. 

Avec Souleymane, vous êtes olympiens, vous avez disputé les JO ensemble. Est-ce que ce passé commun facilite votre dialogue ?

Bien sûr, on a fait les 400 coups ensemble ! Les jeunes connaissent une partie de mon histoire et je veux la partager. Le lien entre boxe olympique et boxe professionnelle est évident. Je ne serais pas un aussi bon boxeur pro sans avoir été olympien. Le fait d'avoir boxé dans de nombreux pays, avec tout ce travail, ce partage, cet apprentissage m'a fait grandir. Par le passé, j'aurais pu devenir coach en Équipe de France mais ce n'est plus une aspiration actuelle. J'ai eu de nouvelles possibilités quand je suis devenu champion du monde, je vois les choses de manière différente et je ne peux qu'aider ponctuellement. J'ai pu rencontrer de nouvelles personnes, j'ai suivi une formation de conférencier et de là, je me suis intéressé à de nouveaux aspects comme le développement personnel. À l'époque, à l'INSEP, il y avait déjà des psychologues mais nous, on associait ça à la folie. Mais non ! Au contraire, c'est bien de se décharger mentalement et parler avec un personne qui n'est pas de ton entourage te permet d'avoir un point de vue extérieur.

Sur son titre mondial WBC conquis en 2019
Sur son titre mondial WBC conquis en 2019Katelyn Mulcahy/Getty Images/AFP/Stats Perform

Quelles sont les vertus de l'appui psychologique ?

Ça t'ouvre un regard différent. Les chemin neuronaux ne se font pas automatiquement. Il faut comprendre les subtilités pour prendre une décision. L'aspect sportif m'a permis de grandir mais pour ce qui est de l'entrepreunariat, j'avais toujours ce côté reptilien qui ne me permettait d'aller dans cette zone de génie où je voulais exploser. J'ai eu un mentor et moi-même, j'accompagne d'autres personnes. Le mentor comme l'entraîneur te permettent d'arriver au chemin que tu veux prendre, le tout est d'être discipliné. Si je suis devenu champion du monde, c'est parce que je le voulais vraiment, ça m'a inspiré. Le premier pas, c'est la pensée, ensuite c'est l'émotion pour se mettre en action pour se construire et trouver le chemin. En 2012, je n'avais pas été médaillé et même si j'avais eu des propositions, j'ai arrêté. J'ai repris deux ans après, et là je n'avais vraiment plus rien. Mon ancien maire, à Bagnolet, Marc Everbecq, était friand de sport, il avait compris que c'était fédérateur. Il a cru en moi et je ne pourrai jamais le remercier assez. Il fait partie de ma réussite. Mais si tout ça n'avait pas été mon rêve, j'aurais arrêté parce que c'est très dur. Personne n'imagine les galères qu'on a pu avoir avec mon frère. Il faut se donner les moyens de ses ambitions pour y arriver et ne pas se plaindre. Ce n'est pas la faute de ta fédé ou de ton pays, ça c'est totalement faux. 

Vous évoquez la crainte de parler à un psychologue, par peur de passer pour un fou. Est-ce une réaction en lien avec les origines sociales et culturelles ?

Les boxeurs ont de l'ego mais il y a aussi une culture méditerranéenne qui fait que si tu tombes, tu te relèves et tu ne pleurniches pas. On a cette culture de la gagne. Pour moi, l'important est de donner le meilleur de soi-même. Perdre n'est pas un problème. Pour gagner, il faut être prêt à perdre. Voir un psy, ça ne signifie pas avoir des problèmes mentaux. Teddy Riner a trois ans de moins que moi mais on est arrivé en Équipe de France au même moment. Lui a tout de suite été suivi mais moi, je n'y suis pas allé parce que je considérais que je n'avais pas de problèmes. Cela dit, je faisais déjà de la méta-cognitivité, c'est-à-dire à me critiquer et à me challenger pour trouver des solutions par moi-même. Mais à refaire, je serais accompagné à la fois au niveau psychologique mais aussi avec du développement personnel qui repose davantage sur l'expérience. Mon mentor, Kim Bennour, était numéro 2 d'une très grande entreprise aux États-Unis, s'est formé dans le développement personnel et a créé son propre univers pour aider les gens à exploser au niveau professionnel. Son approche m'a fait prendre conscience de nouvelles capacités. J'ai aussi tous mes diplômes en boxe et ainsi, je peux apporter ces deux aspects-là aux boxeurs pour établir un plan d'action en vue de leur objectif. C'est la discipline et le temps qui font la différence, pas la motivation. 

Vous avez été le seul Français à avoir été champion du monde à Las Vegas (contre Rau'shee Warren en janvier 2019, ndlr) mais, paradoxalement, vous n'avez jamais défendu votre ceinture en France. C'est une particularité française de devoir s'adapter ?

Pour être sincère, ce ne sont pas les télés qui n'ont pas voulu de moi, c'est simplement que mon promoteur, Ring Star, n'a pas été sérieux. Je me demande encore pourquoi il m'a fait ça alors qu'on avait les capacités de dynamiser la boxe en France, d'autant que la Team Solide des JO 2016 passait pro. Tout était aligné ! En fait, je devais faire mon premier championnat du monde en France mais aujourd'hui, mon titre est beaucoup plus prestigieux en ayant gagné contre un Américain au MGM Grand de Las Vegas, la Mecque de la boxe, dans la même réunion que mon idole Manny Pacquiao. C'est énorme ! Les places en face du ring étaient à 88.000$ ! 

Votre première défense contre Artur Villanueva a eu lieu au Kazakhstan. Anauel Ngamissengue affrontera Zhanibek Alimkhanuly le 5 avril prochain à Astana pour les ceintures IBF et WBO des poids moyens. Avez-vous des conseils à lui prodiguer par rapport à ce qui l'attend ? 

J'ai toujours des contacts pour des sparrings au Kazakhstan, il peut me contacter s'il en a besoin, avec grand plaisir. On sait très bien qu'ils ne le font pas venir pour qu'il gagne et le meilleur conseil que je peux lui donner, c'est d'y croire à fond, de ne pas avoir de regrets. Il faut savoir se donner les moyens, y compris financiers, pour avoir la meilleure préparation. Je connais beaucoup de boxeurs qui ont trop pensé à ça et n'ont pas su saisir les opportunités. À l'époque, je ne me rendais pas compte que ce titre de champion de monde m'offrirait ensuite autant de possibilités aujourd'hui. Il faut savoir investir sur soi-même. 

Tony Yoka était programmé pour vous succéder au palmarès des champions du monde français. Comment percevez-vous sa carrière et a-t-il la conviction qu'il peut se battre pour une ceinture d'envergure ? 

C'est faisable, à partir du moment où il a un bon entourage. Le peu de ce que j'en sais, ce ne sont pas des personnes bienveillantes. Les personnes bienveillantes te disent quand tu n'es pas sur le bon chemin. J'ai fait les JO de Londres en 2012 avec lui et quand il est passé pro, je lui voyais des qualités pour devenir champion du monde. Il avait tout pour, mais des éléments parasites ont fait qu'il n'a pas évolué comme il aurait dû. Sa chance, c'est qu'on a tendance à se révéler sur le tard chez les lourds. Aujourd'hui, cette leçon d'humilité va soit le relancer soit le détruire. Il doit avoir ce côté revanchard pour se prouver ainsi qu'aux autres qu'il en est capable. Je trouve le Tony Yoka des JO 2016 meilleur que celui chez les pros. Ce n'est pas normal. Il n'a pas évolué comme il le fallait. Il a battu Joseph Parker aux JOJ : pourquoi l'un a bien évolué et pas l'autre ? Si Tony a été champion olympique, c'est bien qu'il s'en est donné les moyens. Les capacités, il les a. Il a été trop mis en avant en passant professionnel avec "La Conquête" et le public s'est retourné contre lui alors qu'il était derrière lui pendant les JO. Tony était fait pour fédérer le plus grand nombre. Je suis de tout coeur avec lui pour qu'il revienne avec des personnes qui ont une vraie expertise.

La famille Oubaali est réputée dans le milieu de la boxe. Victor, le frère de Tony, disputera en mars un championnat de France des moyens contre Romain dont le frère Matthieu est champion de France des welters. Est-ce que pour réussir, il faut une forme d'atavisme ? 

Insconsciemment, le côté méta-cognitif a enregistré des choses. C'est ancré en toi et tu les as assimilées. J'ai toujours aimé les sports de combat mais avoir vu mes frères qui étaient d'abord dans la boxe thaï avant de bifurquer vers l'anglaise notamment avec Ali, ça a forcément joué. Et puis, j'ai la chance d'avoir une famille bienveillante, qui dit la vérité. J'accompagne mon frère Messaoud (invaincu en 10 combats chez les super-légers, ndlr) mais par rapport à son objectif. Je ne lui demande pas de devenir champion du monde, il peut devenir ce qu'il veut, il ne me doit rien. Il n'a pas de pression par rapport à ça. En revanche, s'il veut devenir un champion, c'est comme ça, comme ça, comme ça. Ce n'est pas quand tu as envie ou avec des excuses. Être champion, ce n'est pas compatible avec sortir tous les weekends. Et quand tu as des proches qui sont dans la discipline, tu vois comment faire pour réussir. Dans ma famille, c'était les études et le sport et je suis entré en Equipe de France avec le sport-études. Le sport, c'est ingrât : le jour où tu te blesses, il n'y a plus personne. Si tu as une displicine dans le personnel et le professionnel, cela te permet de trouver un équilibre, d'avancer et d'exceller. C'est grâce à la boxe que j'ai été discipliné dans mes études. Avant, j'étais turbulent et la boxe m'a assagi. Ça m'a permis d'être plus concentré à l'école. C'est ce que je veux apporter aux plus jeunes. La boxe, ce n'est pas de la brutalité. Le Noble Art, c'est la maîtrise de soi et de ses émotions. Avant de mettre des coups, attention à ne pas en recevoir ! 

Jean-Paul Mendy a eu cette phrase : "je ne fais pas de la boxe pour donner des coups mais pour les éviter". 

Il a raison ! Je me disais ça et je le répète à mon frère : il vaut mieux toucher une fois et gagner le round sans être touché, que toucher 10 fois et en prendre 9. Les coups, ça ne nourrit pas ! Quand le combat est serré à la fin il faut y aller mais je ne comprends pas les boxeurs qui se jettent dès le début. La boxe, c'est un sport d'intelligence, comme les échecs. Tu ne pars pas la fleur au fusil. Au football, tu ne files pas aux cages tout droit, tu fais des passes. En boxe, les passes, c'est le bras avant, pour juger l'adversaire, préparer son attaque ou un contre. Il est primordial et c'est ce qui te fait gagner le combat. 

Vous avez été le dernier Français champion du monde, Ségolène Lefebvre a été la dernière Française championne du monde : l'air du Nord a-t-il quelque chose de particulier ? 

Ici, il ne fait pas très beau, tu ne peux pas trop courir les rues, il vaut mieux être dans une salle ! Dans le Sud, il y a un soleil, tu as plus envie d'aller à la plage ! On a ce côté labeur, on n'abandonne pas. En toute honnêteté, si j'étais du Sud, est-ce que j'aurais eu cette carrière ? Il faut avoir un peu de résilience. La salle était à 4 kilomètres de chez moi, je faisais l'aller-retour à pied parfois dans la neige. J'avais ce truc qui n'animait pour devenir champion. Je ne voulais pas décevoir mon enfant intérieur alors que j'aurais pu arrêter : j'étais éducateur sportif et je n'avais pas besoin de la boxe pour vivre. J'ai eu la chance d'avoir Ali avec moi, de croire en mes capacités et d'essayer. Après Londres, je n'aurais pas parié un euro sur moi, heureusement que mon frère m'a poussé pour reprendre. 

Quand on pense à un boxeur olympien du Nord, on pense aussi à Jérôme Thomas. Il se sort petit à petit d'immenses problèmes liés à l'alcool et son exemple met en relief la difficulté de vivre son après-carrière. Est-on assez bien accompagné quand on a été très haut pour redescendre ?

Malheureusement, c'est la réalité. L'athlète a besoin d'être entouré pour réussir sa reconversion. On n'est pas du tout accompagné. Mais c'est aussi à l'athlète de faire l'effort. L'ego fait aussi qu'on ne veut pas être aidé alors que ce n'est pas une faiblesse. On ne se rabaisse pas en demandant de l'aide, c'est une force bien au contraire. Quand tu arrêtes et que tu as été tout en haut, il faut te réinventer, trouver quelque chose qui a du sens. C'est pareil pour un entrepreuneur qui vend sa boîte. Je me suis préparé, je me suis formé alors qu'au départ, je savais ce que je ne voulais pas faire mais pas ce que je savais faire. Ma rencontre avec Kim Binnour m'a permis de développer un potentiel en voyant les choses sous un nouvel angle. La plupart des gens fait ce que l'entourage dit de faire mais, à un moment, on n'est plus en accord avec soi-même. Les sportifs aiment bien les challenges, ils recherchent la difficulté pour s'animer, pas le banal. 

Dans cette perspective, est-ce que ce dernier combat contre Ricardo Martínez, deux ans après votre défaite contre Nonito Donaire, vous a permis à tourner la page de la boxe ?

Bien au contraire, ça aurait pu me mettre encore plus dans le mal. Je ne reviens pas dessus, mais j'aurais dû gagner le combat. Quand un combat est serré à l'étranger, comme celui de Sandy Messaoud contre Samuel Molina samedi dernier, c'est l'Espagnol qui gagne à domicile. Moi, je me fais niquer par des Français ! On parlait de Tony : au début, on voulait le voir monter, ensuite on voulait assister à la chute. Si j'ai tourné la page, c'est parce que je m'étais donné deux ans pour revenir. Si je m'écoutais, je repartirais mais je ne reviens pas sur ma décision. C'est récent, ça remonte à septembre-octobre. Les choses n'étaient pas alignées lors de ce dernier combat. Je n'étais pas prêt, c'était contre un boxeur qui était de la catégorie au-dessus. Je n'ai pas d'excuse et ça m'a beaucoup appris sur moi-même. Je suis content de mon combat, même en étant peu entraîné. Un des arbitres est venu s'excuser alors que c'est une faute professionnelle, et le deuxième arbitre qui me met perdant est un jaloux car il était en concurrence avec mon frère Smaïl. Je n'ai pas fait trop de bruit dans les media pour ne pas salir encore plus notre discipline. Au début, j'étais dégoûté mais ça m'a permis de surmonter cette épreuve. Je devais continuer mais un promoteur m'a fait perdre mon temps. Parce que si je revenais, j'étais immédiatement reclassé dans les Top 10 et c'était pour unir les 4 ceintures. J'en ai les capacités, j'en suis persuadé car j'ai cette flamme. Mais je suis passé à autre chose, je me suis engagé dans divers projets professionnels, on ne peut pas tout mélanger. Il faut savoir dire non aux autres mais aussi savoir se dire non. 

La boxe n'est plus présente sur les canaux mainstream, comment faire pour que la boxe retrouve de la visibilité en France ? 

Il faut un travail conjoint de la Fédération et des promoteurs. On a de la chance d'avoir un nouveau public qui aime la discipline et a compris ses valeurs de dépassement de soi pour atteindre un objectif, de patience pour y parvenir. Ce sont des éléments clefs pour grandir comme sportif et dans sa vie. On doit toujours se réinventer pour rester au goût du jour, se challenger pour chercher le meilleur de soi-même. J'en suis la preuve vivante. 

Vous avez souvent évoqué le rôle des promoteurs : est-ce que vous, vous verriez dans ce costume dans un futur proche ?

Ah oui ! J'ai envie qu'on respecte le boxeur, qu'on arrête de le prendre pour un objet. Il est l'élément clef de la réussite de tous les orgasismes. Pourquoi à l'étranger, il y a du respect et de la valeur qui permettent de créer une économie et pourquoi il n'y a pas ça en France ? On n'est pas à armes égales. On n'est pas payé pareil, on n'a pas les mêmes conditions, on n'a pas le même matériel, on n'a pas les mêmes possibilités pour faire venir des sparrings mais on arrive quand même à tirer notre épingle du jeu. Devenir promoteur, c'est une envie pour apporter mon expérience et quelque chose de différent. J'ai été dans plusieurs pays, j'ai vu comment ça travaillait. Il faut du spectacle et des combats équilibrés qui permettent aux boxeurs de progresser.