Flashscore : Vous avez 24 ans dont la moitié comme boxeur ?
Mustapha Zaouche : J'ai commencé à 12 ans, avec le programme des écoles d'Aulnay-sous-bois. J'étais en CM2. Et puis un peu plus tard, je suis revenu avec mes parents qui m'ont inscrit. Tout est parti de là, parce que le CSL, c'est le club du quartier.
Vous avez un surnom difficile à prononcer !
Sfenjman (rires) C'est un surnom qu'on m'a donné quand j'étais plus jeune. À l'époque, je vendais des beignets sur les marchés, des sfenjs. Sfenjman, c'est d'abord venu de là et on m'a ensuite appelé comme ça à la salle. Alors quand je suis passé professionnel, je l'ai gardé, même si je n'en vends plus maintenant. C'est toute une histoire familiale qui va avec, car mon père vendait aussi des beignets sur les marchés.
La catégorie des super-moyens est très concurrentielle en France. Actuellement, vous êtes 10ᵉ pour Boxrec dans un classement très homogène.
Il y a du beau monde devant ! Avant ma défaite contre Pierre Rosadini, j'étais 5ᵉ Français et dans le Top 200 mondial. J'ai reculé dans la hiérarchie mais j'ai l'occasion de rebondir dans les classements dès samedi.
Vous étiez invaincu et favori contre Rosadini : est-ce que cette défaite a été digérée ?
Ça m'a fait changer beaucoup de choses. Désormais, je suis tout le temps à 100 % à l'entraînement. J'ai passé cette préparation avec la haine de la défaite. Perdre a été compliqué, j'ai mis du temps à m'en remettre mais je sais pourquoi j'ai perdu. Il y a beaucoup de choses qui n'ont pas vraiment marché. Après, je me vois gagner ce combat-là.
Vous étiez à l'extérieur, ça a joué selon vous ?
C'est une décision majoritaire, un juge met match nul, deux autres mettent Pierre vainqueur. C'est comme ça. Je sais pourquoi j'ai perdu. Je n'étais pas à 100 % de mes capacités physiques mais ce ne sont pas des excuses. Ce qui s'est passé, je n'en parlerai jamais. J'étais favori, je l'avais déjà battu. On n'a pas eu beaucoup de temps pour se préparer, lui non plus d'ailleurs. En plus, je sortais de la période du Ramadan, je me suis ouvert l'arcade et je ne pouvais plus sparrer.
La spiritualité est commune à de nombreux boxeurs et la période du Ramadan est évidemment très particulière. Comment s'alimente-t-on quand cela coïncide avec un combat ?
Je faisais deux entraînements par jour, le matin était consacré au physique et au cardio, le soir à la boxe. Pour ce qui est de la nutrition, je mangeais ce qu'il y avait à la maison, je ne faisais pas de régime. J'essayais de bien manger pour être en forme toute la journée parce que si on se restreint, on ne tient pas. Mais après, il ne me restait que 10 jours pour perdre 6-7kg. Ça avait été la même chose pour le premier combat contre Rosadini, qui s'était aussi disputé en avril. Ce n'est pas évident comme période, même si on mangeait tôt, vers 18h, au milieu de l'entraînement.
Vous allez disputer le titre EBU Silver à Madrid contre le tenant José Luis Navarro. C'est bien mentalement de pouvoir immédiatement se relancer ?
C'est une bonne opportunité pour moi et il faut savoir que j'étais challenger avant de disputer le championnat de France. Le fait d'avoir perdu m'a retiré ma place mais l'équipe de Navarro s'est dit que, comme j'avais perdu, ça allait être un combat facile. On relève le défi.
Vous serez à l'extérieur, cela signifie qu'il faudra être un bon ton au-dessus pour avoir la décision des juges.
J'en suis conscient, sinon je n'aurais pas accepté (rires). Je suis préparé pour faire cette différence.
Navarro est très grand : 1,90...
Il faut savoir que je fais 1,91 m ! Les gens ne se rendent pas compte et ne savent pas je suis grand. Tant mieux (rires). Je n'aurai pas à casser la distance, ce sera bien, mais je ne pourrai pas tenir à distance non plus.
C'est très rare un combat à ces altitudes en super-moyens.
Normalement, les super-moyens ne sont pas si grands. Ce sera nouveau pour tous les deux. Ismaël Seck est venu sparrer, c'est un poids moyen d'1,95 m. J'ai travaillé deux semaines avec lui, mais aussi avec Keanu Klose qui mesure 1,90 m et aussi avec Anauel Ngamissengue, qui n'est pas grand mais qui envoie. Ça m'a permis aussi de gérer la puissance parce que Navarro a quand même 10 victoires sur 15 avant la limite. Mais il a aussi perdu par KO, donc je ne sais pas si c'est un gros encaisseur. C'est du 50-50 : avec un coup tout peut se terminer. Dans les sparrings, on faisait du 8-10 rounds, il y avait beaucoup d'intensité.
C'est votre premier combat en 12 rounds : vous êtes prêt pour ce nouvel objectif ?
Je ne suis pas encore allé aux 12 rounds, on verra à la fin. Mais au niveau du cardio, je les ai. C'est à moi de faire le travail, de ne pas commettre d'erreurs. En boxe, il n'y a pas de secret.
Avec une victoire, vous pourriez avoir droit à une chance pour le titre EBU.
Oui, ça pourrait aller très vite ensuite. Franchement, ce combat m'a reboosté. Je ne vais pas dire tant mieux mais la défaite me rend sous-estimé. Ça m'a réveillé. C'est une très bonne opportunité et comme j'aime beaucoup les challenges, je suis servi !