Flashscore : Comment êtes-vous venu à la boxe ?
Moreno Fendero : C'était en novembre 2015 et j'ai débuté sur un coup de tête. En fait, la salle était à 100 mètres de chez moi (sourire). Comme tout jeune de mon âge, je voulais jouer au football mais, finalement, c'est la boxe qui m'a fait naître.
Vous avez un nom à consonnance latine mais vous n'êtes pas méditerranéen ?
(rires) Au départ, les gens croient que je suis un latino ou un Italien alors que pas du tout ! Ils pensent qu'il y a une arnaque (rires). Avec mes parents, nous venons de Centrafrique. Nous sommes arrivés en 2002, quand j'avais 2 ans.
Vous êtes passé dans les rangs de l'Équipe de France amateur avant de passer chez les rémunérés ?
Je suis allé à Nancy pendant 2 ans avant d'aller au pôle France à l'INSEP. Après Nancy, je suis allé vivre à Chartres, je prenais le train, j'en avais pour 4 heures.

Chez les amateurs, vous avez été médaillé de bronze aux Mondiaux de Tachkent en 2023. Ça vous a convaincu de passer pro ?
C'est ce résultat qui m'a aiguillé vers la boxe professionnelle. Avant, je voulais déjà passé pro mais je voulais attendre le bon moment, saisir la bonne opportunité. Cette médaille de bronze m'a convaincu que c'était maintenant et pas après que je devais me lancer. C'était le 15 mai et une semaine après, j'étais déjà dans la salle de Marc Ramsay. Je n'ai pas eu le temps de me poser pour entrer dans un nouveau monde.
Il y avait pourtant les JO à Paris l'année d'après. Beaucoup de boxeurs auraient attendu pour se lancer. Comment la décision se prend quand on a 22 ans ?
Quand on voit ce que Marc et Eye Of The Tiger avaient fait avec d'autres Français, je me suis dit que le choix était bon. Vu le nombre de boxeurs que Marc a façonné, je n'ai pas hésité. J'y suis allé sans crainte.
Camille Estephan prospecte en France pour trouver les boxeurs capables de réaliser la transition amateur-professionnel de la meilleure manière car ce n'est pas acquis.
En un an, j'ai combattu 7-8 fois, je suis toujours actif. Tous les deux mois, je suis dans le ring. En France, il n'y a pas tout ça pour les boxeurs.
Pour l'heure, comment jugez-vous votre progression ?
Pour être franc, chaque fois que je suis dans le ring, je dois mettre des choses en place : un bon jab, garder les mains hautes, ne pas prendre de coups. C'est le but. Je ne vise pas le KO. Avec Marc, on fait un camp qui dure un mois voire plus donc, pendant ce temps-là, on met des choses en place que doit refaire en match. Je suis là d'abord pour apprendre et je gagne grâce à ce travail-là. En plus de Marc, je travaille avec Samuel Décarie, Luc-Vincent Ouellet, Shawn Collinson et chacun d'entre eux vient avec des choses bien à eux et quand je combats, j'ai toute cette gamme apprise à ma disposition.
En France, les boxeurs doivent s'occuper de l'aspect sportif mais souvent aussi de tout ce qui est périphérique. C'est de l'énergie que vous, en étant à Montréal, pouvez économiser et consacrer à l'entraînement ?
Moi, j'ai juste à penser à être bon à l'entraînement et dans le ring. Marc gère les horaires au gym pour mes séances. C'est un luxe, ça me libère l'esprit. Et quand je monte dans le ring, je kiffe ! Les camps sont longs, c'est dur. Il n'y a aucun jour à la cool, c'est du travail pur. Quand arrive le moment du combat, je me dis : enfin ! Ce qui est beau, c'est quand ce que tu as appris passe en combat. Mais je suis aussi capable de faire des choses par moi-même. Quand je vois que ce que j'essaie ne réussit pas, c'est moi qui suis dans le ring, c'est donc moi qui décide. Il faut être mettre de soi mais, grâce au coin, on se guide.
Est-ce que le froid québécois pousse à aller à la salle ?
La température à -20 degrés, avec les pelleteuses, il faut le vivre (rires). Ce n'est pas si mal en vrai.
Vos KO sont impressionnants et on sent une filiation avec d'autres boxeurs entraînés par Marc Ramsay comme Artur Beterbiev, David Lemieux, Christian Mbilli. Vous êtes devenu une attraction, vous le ressentez ?
Marc et mes autres coaches ne m'ont jamais parlé de punch. On sait qu'il est là mais on le cache pour mettre des choses en place. Et quand le punch sort, ça doit faire "wow". Le punch n'est pas ma force.
C'est étonnant que vous disiez ça. Est-ce que trop utiliser cette ressource l'atténuerait sur le long terme en vous rendant prévisible ?
Oui et j'ai la chance d'avoir des coaches qui ont la tête froide. Ils me disent que le punch marche mais il faut aussi savoir créer des choses.
Vous affrontez le Roumain Mykola Vivk (15-6-0) ce jeudi. C'est un nouveau cap à franchir ?
C'est le meilleur adversaire que j'ai à affronter depuis le début de ma carrière. Je ne mets pas de pression supplémentaire. J'ai fait un très bon camp d'entraînement, j'ai juste d'être dans le ring pour montrer mes armes. Mais pour ce qui est du cap, je dirais à la fois oui et non. Je suis encore en phase d'apprentissage mais d'ici un an, je serais peut-être capable d'affronter de gros noms.
Vous avez 25 ans, vous êtes dans une catégorie où la maturité arrive quelques années plus tard.
On n'a pas de dates ou de lieux avec Marc. L'objectif est d'être le meilleur, dans le ring et dans la vie. Les choses arriveront quand elles devront arriver. Je me mets d'abord en tête d'être bon, le reste suivra.
À Montréal, vous côtoyez Christian Mbilli, à la fois un coéquipier mais aussi un potentiel rival chez les super-moyens. Ça se passe comment ?
Je suis très proche de Christian, on se tire l'un l'autre pour être meilleur. Lui qui est là depuis 8 ans, je me rends compte que c'est un monstre. Il est prêt pour prendre de très grands noms. Le voir me pousse à être meilleur.
Vous avez toujours combattu au Canada : quand allons-nous vous voir devant un public français ?
Il y a eu des rumeurs récemment mais rien de concret. Plus le temps passe, plus cela sera difficile. Si je dois faire un combat en France, c'est maintenant.
Votre fief de Besançon investit dans la boxe : ce serait l'idéal !
Si on peut le faire c'est bien mais, dans la boxe, il y a des lignes que je ne gère pas. Si ça ne tenait qu'à moi, ce serait oui, évidemment.
C'est votre deuxième 8-rounds. Votre premier contre Edison Demaj a été expédié en 3 reprises. Est-ce que vous êtes prêt à aller jusqu'à la décision ?
Honnêtement, je ne compte pas faire 8 rounds (sourire). J'ai fait un camp pour ne pas faire les 8 mais si je dois aller au bout, il n'y a aucun problème. Le but, c'est de faire un bon taf pour en faire 6. Mentalement, je suis en pleine forme, je n'ai pas de doute.
Nous sommes en avril, c'est déjà votre deuxième combat en 2025. Vous avez d'autres dates de prévu ?
Normalement en juin et en septembre. Je compte faire mon premier 10-rounds en décembre prochain. Sans me fixer de but, peut-être qu'après je pourrai viser une ceinture en Amérique du Nord.