Flashscore : Vous allez affronter Jeison Troncoso (30 ans, 14-2-0) le 19 décembre en Guyane. Quand partez-vous ?
Leonardo Mosquea : Je suis toujours en métropole, je serai sur place ce weekend.
Il y a 6 mois, nous avions évoqué la boxe en Guyane. Comment s'est monté ce combat ?
C'est mon sponsor Flexcible qui a pris l'organisation en main. Avec mon coach, on s'est dit que c'était important de faire une défense de titre car je suis numéro 2 à la WBA et la place de numéro 1 est vacante actuellement. Si cette défense est réussie, j'aurai cette place.
Gagner par KO vous a permis d'améliorer votre classement ?
Pour ce qui est de Boxrec, ça n'a pas beaucoup changé (il est 21e des lourds-légers, ndlr). C'était déjà le cas après ma victoire contre Cheavon Clarke l'année dernière. Mais pour ce qui est de la WBA, je pourrais prétendre au titre avec une victoire.
Pour les sparrings, vous avez eu des facilités ?
On a fait avec les moyens du bord, avec des gars qui n'étaient pas très loin. J'ai surtout tourné avec des poids lourds, parce que mon adversaire est grand, 1,90m-1,92m. C'est plus simple de trouver des lourds pour croiser.
Cette ceinture Ibéro-American a un nom abscons mais elle peut vous mener à affronter Gilberto Ramírez en 2026.
C'est un énorme combat qui se profile. Je travaille d'arrache-pied pour pouvoir aller au bout et atteindre mon but.
Le fait de boxer en Amérique du Sud, c'est aussi l'assurance d'être vu sans décalage horaire par des promoteurs américains.
Pour le coup, c'est vrai que c'est mon horaire de naissance (rires). Ce sera plus vu avec des pays hors d'Europe qui montent de gros combats.
Affronter un grand est-il un désavantage ?
Souvent, j'ai été poussé à devoir rentrer dedans, même si je sais faire autre chose. Mon dernier adversaire était aussi plus grand que moi et au bout d'un moment, j'ai décidé d'être plus technique dans mon travail que bourrin et rentre dedans, histoire de le fatiguer et de l'emmener sur un terrain plus inconnu pour lui. Je mets en place des tactiques qui seront à mon avantage, ça ne sert à rien de faire le mec tête et d'aller à la guerre bêtement, comme ce que j'ai fait en début de combat. Mon coin et moi, on a cliqué pour passer à autre chose et revenir là-dessus après. C'est ce qui s'est avéré payant.
Votre double culture latino-américaine et française vous permet d'alterner les styles et de surprendre vos adversaires ?
J'ai été formé par Jacques Chinon en Guyane, qui a été 6 fois champion de France en poids moyen. Sa boxe était fondée sur le contact et la force brute et c'est ce style qu'il m'a beaucoup appris. Après, je suis allé en Équipe de France, il y a aussi eu l'enseignement de mon coach Laurent Faubel et j'ai pu découvrir un autre aspect de la boxe, sans oublier ma base. J'ai pu faire ce mélange et je sais m'adapter et l'appliquer au bon moment.
Troncoso a beaucoup boxé en poids lourds, Boxrec a même affiché une pesée à 227 livres pour la ceinture IBO des lourds contre Nelson Hysa en 2024, alors que la limite en lourds-légers est à 200. En revanche, vous n'avez pas d'efforts à faire sur votre régime. C'est une différence nettement en votre faveur.
Je viens des mi-lourds, donc je suis au poids très à l'avance. Lui est grand, il doit sûrement puiser davantage pour être au poids. À lui de faire le boulot (sourire). Je ne regarde pas spécialement les fiches de mes adversaires, je laisse ça à mon coach.
Vous êtes le favori par le classement, vous serez devant votre public : le risque est de se voir vainqueur avant le combat.
Je ne me mets jamais dans cette situation. Je me dis que c'est toujours à moi de prouver, à chaque combat. Si tu n'es pas au niveau, tu ne passes pas au cran supérieur. Dans ma tête, je m'attends à une guerre totale.
Vous avez eu une carrière linéaire, avec le titre de champion de France, puis l'EBU Silver, l'EBU, maintenant la WBA Ibéro-Américaine avec la possibilité de devenir numéro 1 WBA. Votre progression a été logique.
Je ne me suis pas précipité, on a pris notre temps avec mon équipe pour valider les étapes. On aurait pu les sauter mais je n'aurais peut-être pas eu la maturité et l'expérience. Quand j'arrive, je suis toujours prêt.
Est-ce que vous sentez que la progression des boxeurs français dans les classements vous facilite la tâche pour être pris au sérieux en vue de championnats du monde ?
On regagne du respect, on est mieux vu qu'il y a quelque temps. On pèse plus lourd dans le game et les Français ne sont plus des victimes comme cela a pu être le cas par le passé. Sans partir très loin, il y a à peine 2-3 ans, les Français étaient des faire-valoir. Tu voulais un combat facile, avec un adversaire sans préparation, tu appelais un Français. Aujourd'hui, quand on voit ce que Bruno Surace, Dylan Colin ou même moi ont pu faire, tu te méfies parce que tout ce qu'on réalise reste frais dans les têtes. On est sur une bonne dynamique, j'espère que ça va continuer.
Est-ce que vous vous sentez également comme un ambassadeur de la boxe en Guyane ?
Complètement. Au-delà de ma carrière personnelle, je voudrais un jour m'investir pour le développement de la boxe en Guyane. La dernière fois que j'ai boxé en Guyane, c'était le 25 novembre 2023, il y a tout juste 2 ans. À chaque fois que je vais au pays, j'ai beaucoup de soutien et les gens me disent qu'ils aiment me voir mais que j'ai bien fait de partir. Je voudrais que tout le monde ne soit pas obligé de partir pour réussir. Il y a des choses à mettre en place et j'en parlerai calmement avec les personnes concernées car il y a beaucoup de belles choses à réaliser en Guyane.
