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Interview Flashscore - Lenny Patrach : "Après deux mois de préparation comme ça, c'est quoi 18 minutes de combat ?"

Lenny Patrach
Lenny PatrachInstagram Lenny Patrach / Flashscore

Le 6 novembre prochain, Lenny Patrach (20 ans, 4-0-1) disputera la finale du Challenge Bouttier dans la catégorie des mi-lourds, moins d'un an après son passage chez les professionnels. Pour Flashscore, il évoque sa préparation avec les meilleurs sparrings du Sud-Est et sa motivation à l'idée de boxer dans un grand gala.

Flashscore : Vous êtes en finale du Challenge Bouttier chez les mi-lourds qui aura lieu le 6 novembre prochain au Port-Marly contre Rachid Bello (6-2-0). Quelles sont vos sensations actuellement ? 

Lenny Patrach : Franchement, on s'est préparé très, très dur et si je devais boxer dès demain, je serais prêt. On a fait tous les sparrings qu'il fallait, on a évalué toutes les options qui pouvaient arriver pendant le combat. Tout est carré.

Vous avez croisé avec qui ? 

Avec Jaouad Belmedhi, Soufyane Ouazzani, Karamba Kebé, Enzo Bourgoin et Mickaël Diallo. Ils me donnent des conseils et m'aident à évoluer, sur la hauteur des mains, les appuis, etc. 

Mickaël Diallo (34 ans, 21-2-2, nº1 français et 45e mondial pour Boxrec) a beaucoup d'expérience, il a été notamment champion de France des super-moyens. 

Pour moi, c'est la plus grosse frappe des boxeurs français. S'il veut te mettre KO, il te met KO. J'ai déjà mis les gants avec le Cubain Lenar Pérez (27 ans, 15-0-0, 22e mondial des lourds-légers pour Boxrec, ndlr) mais Diallo frappe encore plus fort. Il faut se protéger et un peu se brider. Mais je sais encaisser, j'accepte bien les coups. Mickaël s'est fait beaucoup voler dans sa carrière, je pense qu'il aurait dû quitter la France parce qu'il avait tout pour être champion du monde. 

En demi-finale, vous avez fait match nul avec Pedro Cuca qui était à domicile. Quelle analyse faites-vous de votre performance ?

Le premier round était serré, on pouvait le donner à l'un ou à l'autre. Mais je n'étais pas trop dedans au début et je lui donne les 2e et 3e sans problème. En revanche, je me suis réveillé dans la deuxième partie et les 4e, 5e et 6e sont pour moi. J'ai un très bon cardio et je sais boxer avec une très grosse intensité, c'est ma grande force. Après, j'ai trouvé qu'on n'avait pas été mis dans les meilleures conditions pour le gala. Par exemple, on était dans le même vestiaire que les boxeurs amateurs, et on a dû aller dehors pour mettre les bandages tranquillement. Sans demander du luxe, on aurait pu avoir un vestiaire pour bien se préparer. Je pense que c'est parce que son club organisait la réunion. 

Six rounds, ça peut devenir très court si on met du temps à entrer dans son combat. 

On a le temps... mais pas le temps. On peut se permettre de perdre un ou deux rounds mais il faut être capable de revenir fort par la suite. Peut-être que mon adversaire s'est vu gagnant en se disant qu'il avait pris les trois premiers rounds quand moi j'ai commencé à faire ma remontada. Il était peut-être fatigué et mentalement ça peut devenir difficile quand on sent qu'on se fait remonter.

Match nul pour une demi-finale : pourquoi êtes-vous en finale ?

Parce que deux juges pointent 57-57 et le troisième me met devant 58-56. Je suis passé au préférentiel. 

Ce sera votre 6e combat professionnel. Comment analysez-vous ces premiers mois, surtout quand vous sparrez avec des noms réputés ?

J'aime mettre les gants contre des gars au-dessus de moi. Je veux me mettre dans le dur parce que, quand j'affronte des mecs de mon niveau, ça me semble plus facile. Au début, on se fait malmener mais quand on arrive à tenir, à s'exprimer, voire à malmener des boxeurs expérimentés, ça donne de la confiance et on se dit que le soir du combat, on n'aura pas de problème. Je suis un gros frappeur, je suis physique et j'ai un gros mental, même si je suis cramé, ça ne se voit pas. Après deux mois de préparation comme ça, c'est quoi 18 minutes de combat ?

Vous analysez vos adversaires ou vous laissez ça totalement à vos coaches ?

Un peu des deux. Je suis curieux, j'aime savoir comment est mon adversaire, comment il agit. J'ai besoin de le voir, même si ça ne m'a pas trop préoccupé. Il faut se préparer mais en pensant à lui aussi. J'ai vu qu'il venait beaucoup au corps-à-corps et moi, j'adore ça. S'il faut boxer à distance, je suis plus grand que lui donc il essaiera d'avancer. Mais mon truc, c'est le corps-à-corps donc ce n'est pas un souci s'il veut venir dans ce registre-là. 

On a évoqué Mickaël Diallo qui avait beaucoup de potentiel mais est-ce que le talent vaut autant que la gestion de sa communication ?

Je ne suis pas très fort sur les réseaux sociaux mais j'essaie de poster sur Instagram et TikTok, de mettre des passages de combat. Un boxeur connu sur ces plate-formes, même s'il boxe peu, il y gagnera. Il aura toujours de meilleures opportunités, même s'il est moins bon. L'exemple, c'est Bakary Samaké qui a compris cette importance de travailler son image et ça a marché : il est très suivi et en plus il est 9e mondial pour Boxrec après sa victoire la semaine dernière. 

Vous êtes Gitan, vous avez aussi l'appui d'une communauté qui aime la boxe. Ça aide pendant un combat ?

C'est vrai et quand j'ai boxé à Paris, je me suis senti chez moi. Il y avait beaucoup de Gitans et gens du voyage. C'était trop bien. On est soudé dans la communauté. Quand on a du monde derrière nous, ça nous pousse. 

Ce gala du 6 novembre doit vous surmotiver ?

Ça fait plaisir parce que je sens que je m'installe dans ma carrière. C'est la finale du Challenge Bouttier, ce sera dans un bel endroit, avec de la médiatisation. Je sais qu'Antoine Léon qui organise la réunion (il a aussi organisé la soirée Parnasse-Petitjean le 4 octobre dernier à l'Adidas Arena, ndlr)  n'hésitera pas à me rappeler pour des opportunités. Un boxeur qui fait de beaux combats pour le public aura toujours des possibilités. Mais il faut toujours être dans le respect de son adversaire, pas dans l'arrogance ou les insultes. Ce n'est pas ma personnalité de toutes façons.