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Interview Flashscore - Kevin Mac Allister (Union SG) : "Lautaro est imprévisible et trop intelligent"

Kevin Mac Allister à l’œuvre avec l’Union.
Kevin Mac Allister à l’œuvre avec l’Union.David Catry/imago sportfotodienst

Kevin Mac Allister sait ce qui l’attend mardi soir. Le défenseur de l’Union SG va affronter l’Inter en Ligue des champions et se retrouver face à Lautaro Martinez, capitaine argentin champion du monde et ancien coéquipier chez les jeunes.

À 27 ans, Kevin Mac Allister s’est installé en Belgique, devenant l’un des cadres de l'Union Saint-Gilloise. Fils de l’ancien international argentin Carlos et frère aîné du milieu de terrain de Liverpool Alexis, il a choisi une trajectoire plus discrète, à l’écart des projecteurs qui suivent désormais son nom de famille.

"Quand le tirage est tombé, j’étais content, confie-t-il. Mais on sait tous que ce sera difficile. Pour moi, l’Inter fait partie des cinq meilleures équipes d’Europe".

Son aventure en Ligue des champions a commencé par une immense joie. Le tout premier match de l’Union dans la compétition s’est soldé par une victoire 3-1 contre le PSV, avec Mac Allister parmi les buteurs. "C’était comme un rêve", se souvient-il.

"On a gagné notre premier match de Ligue des champions et j’ai marqué, à l’extérieur. Nos supporters étaient venus en masse, deux, peut-être trois mille, et ils faisaient plus de bruit que le public local. Commencer comme ça, c’était incroyable pour nous".

Ce but, dit-il, lui a procuré "un immense bonheur". Sa femme était dans les tribunes. "On attend notre premier enfant en décembre, ajoute-t-il, sourire aux lèvres. "Ça rendait ce moment encore plus spécial".

La réalité est vite revenue, puisque le match suivant de l’Union s’est terminé par une lourde défaite 4-0 à domicile face à Newcastle. "Ça peut arriver quand on affronte des équipes de ce niveau, explique-t-il en haussant les épaules. Maintenant, on passe à l’Inter. Personnellement, je pense qu’ils font partie des meilleures équipes d’Europe. Chaque année, quand on fait des pronostics sur les finalistes, je cite toujours l’Inter. L’an dernier, ils y étaient, et cette saison encore, ils font partie des favoris".

Lautaro Martínez sera un adversaire bien connu. Les deux joueurs ont partagé le camp U20 de l’Argentine avant un tournoi en Équateur. "On s’est affrontés plusieurs fois quand on était gamins, raconte Mac Allister. Lautaro était déjà l’une des stars".

Il a étudié de près le capitaine de l’Inter. "Il est imprévisible, il peut décrocher, attaquer les espaces, s’excentrer. Il est trop intelligent pour qu’on puisse dire : “Voilà comment il faut le marquer”. Il faut juste se préparer mentalement, se concentrer sur les détails et s’adapter. Sur le terrain, il n’y a pas d’amis, seulement du respect. Et ce respect, c’est aussi ne jamais reculer dans un duel". 

Famille et rêve argentin

La conversation se tourne vers son frère. "Alexis et Lautaro s’entendent très bien, dit-il. Ils ont partagé beaucoup de choses en sélection. Lautaro est une vraie révélation pour le football argentin. Ce qu’il réalise à l’Inter est extraordinaire".

Rêve-t-il de les rejoindre un jour ? "Bien sûr. Je suis réaliste ; Alexis est plus proche de ce niveau, mais je travaille chaque jour pour y arriver. L’équipe nationale a un super état d’esprit, tout le monde tire dans le même sens. J’adorerais les rejoindre, mais ceux qui sont là méritent leur place". 

L’un des plus beaux souvenirs de Mac Allister remonte à 2023, lorsque l’Union a affronté Liverpool en Ligue Europa. "D’habitude, je ne sors jamais avant le coup d’envoi, mais ce jour-là, j’en avais envie, raconte-t-il. J’ai attendu Alexis sur la pelouse, je lui ai envoyé un message pour qu’il se dépêche. On a partagé un maté à Anfield… ça m’a donné des frissons. C’est l’un des plus beaux moments de ma carrière. Jouer avec ou contre son frère, c’est inoubliable". 

Kevin et Alexis à Anfield
Kevin et Alexis à AnfieldVirginie Lefour / Zuma Press / Profimedia

Leçons italiennes : Cannavaro et De Rossi

Pour un joueur formé en Argentine mais inspiré par l’Italie, il n’est pas surprenant que ses références aillent dans ce sens. "Mon premier souvenir, c’est la Coupe du monde 2006, explique-t-il. "Fabio Cannavaro était incroyable. Voir un défenseur de cette taille remporter le Ballon d’Or, ça m’a marqué. J’ai déjà plaisanté avec Daniele De Rossi à Boca Juniors : “Hé, ne manque pas de respect à Cannavaro !”". 

Le court passage de De Rossi à Boca a laissé une trace. "C’était irréel, raconte Mac Allister. Tu entres dans le vestiaire et tu vois De Rossi, couvert de tatouages, mais il était humble, parlait espagnol et traitait tout le monde de la même façon. Sur le terrain, il était d’une intelligence rare, toujours la bonne passe. Il avait une super connexion avec Alexis. Dommage que les blessures l’aient freiné, mais pour nous, c’était inoubliable".

De Rossi lors de son passage à Boca
De Rossi lors de son passage à BocaJUAN MABROMATA / AFP

S’il y a une ville qu’il rêve encore de découvrir grâce au football, c’est Naples. "Quand le tirage a eu lieu, on espérait tous Napoli", confie-t-il.

"Pour les Argentins, aller à Naples, c’est spécial. Je n’y suis jamais allé, mais tout le monde dit que c’est incroyable. Quand on a vu l’Inter et l’Atalanta à la place, on était un peu déçus. Mais qui sait, peut-être l’an prochain". 

Mardi, il retrouvera Martinez, cette fois sur la plus grande scène européenne. "L’Inter fait partie des meilleurs, dit-il. Mais c’est pour ça qu’on joue au football, pour se mesurer aux meilleurs". 

Pour un défenseur qui a rêvé de suivre Cannavaro, appris auprès de De Rossi, et qui se retrouve aujourd’hui sur la scène de la Ligue des champions avec la génération de son frère, Kevin Mac Allister prouve qu’il existe plusieurs chemins de Buenos Aires au sommet.