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Interview Flashscore - Julien Mégret (président de la FFTA) : "Le tir à l'arc véhicule une image jeune"

Julien Mégret
Julien Mégret FFTA
Élu président de la fédération française de tir à l'arc, Julien Mégret s'inscrit dans la continuité de Jean-Michel Cléroy qui dirigeait l'instance depuis deux mandats. Pour Flashscore, il évoque le boom des licences après des JO historiques, les axes de développement et la possible entrée de l'arc à poulie au programme olympique.

Flashscore : De nombreuses fédérations changent de présidence pour débuter le nouveau cycle olympique. Comment se passe la transition au sein de celle de tir à l'arc ? 

Julien Mégret : Cela faisait deux mandats que j'étais au côté de Jean-Michel Cléroy (comme trésorier adjoint, vice-président du comité Auvergne-Rhône-Alpes et président du club de Riom, ndlr). Il y a un an, il m'avait dit qu'il ne voulait pas continuer et il souhaitait savoir si le poste pouvait m'intéresser. Je lui ai donné ma réponse en début d'année pour m'organiser professionnellement mais aussi au niveau familial. Il n'y avait qu'une seule liste donc la transition s'est très bien passée (il a été élu avec 91,51% des voix, ndlr). 

Le tir à l'arc a le vent en poupe après des JO particulièrement réussis, entre le cadre des Invalides et les deux médailles : le moment est idéal pour la discipline en France ?

On sort d'une très belle olympiade. Deux médailles, ce n'était jamais arrivé. Une médaille en individuel chez les filles (bronze, ndlr) non plus. Clairement, 2024 a été une année exceptionnelle. 

Avec Lisa Barbelin, 24 ans, et Baptiste Addis, 18 ans, cela renvoie l'image du fédération dynamique qui sait former et amener au haut niveau très vite. C'est un vecteur de licences ? 

On est sur une augmentation de 10 à 12% de licenciés et on a dépassé les 80.000, c'est un record. C'est un boost dans tous les sens du terme. Je pense même qu'on va s'approcher de la barre des 85.000. 

Comment expliquez-vous cet engouement ? 

En cette année olympique, l'image de Lisa Barbelin a bien résonné dans les media et beaucoup de monde s'est identifié. Le tir à l'arc véhicule une image jeune avec Baptiste Addis (médaillé d'argent en par équipes, ndlr). Ça ne veut pas dire que Jean-Charles Valladont est très vieux (il a 35 ans, ndlr) et cela montre que le tir à l'arc peut toucher toutes les générations. Et puis il y a aussi eu les Jeux paralympiques lors desquels les gens se sont rendus compte qu'on pouvait pratiquer en fauteuil roulant et même tirer avec la bouche. Tout une population de para-archers arrive dans les clubs. 

Le tir à l'arc a l'image d'un sport convivial et accessible, alors que cardiaquement il faut être très robuste. 

Exactement, avec le stress. Par exemple, Lisa Barbelin m'a dit qu'au moment où elle doit lâcher sa flèche pour faire impérativement 10 pour gagner la médaille, avec les 8000 personnes qui la soutenaient et l'applaudissaient, elle sentait que la plateforme tremblait sous ses pieds ! Le cardio monte, il y a une puissance de traction de l'arc qu'il faut tenir pendant toute une journée. Ce n'est pas si simple que ça. 

De nombreux sports cherchent à se féminiser sans y parvenir pleinement. Est-ce le cas du tir à l'arc ? 

Nous sommes un sport qui se féminisait déjà avant et cela continue. On s'en rend compte dans les chiffres et notamment en ce qui concerne les jeunes filles. L'image de Lisa y contribue. 

Le tir à l'arc est-il principalement attirant pour les catégories CSP+ ?

Pas forcément, on touche un peu tous les milieux. On est bien réparti sur le territoire donc cela dépend aussi de là où on se situe. On n'a pas encore de données précises mais elles seront bientôt intégrées. On touche tous les publics. 

Est-ce facile de mettre en place des ateliers tir à l'arc à l'école et de développer des programmes en UNSS ? 

Ce n'est pas simple et c'est un gros axe de développement. Il y a des partenariats qui se font en France entre les établissements scolaires et les clubs. Quand un club intervient, cela facilite les choses. Des sections se créent dans les collèges et en UNSS. 

Quels sont les prochains axes de performance en vue de Los Angeles car vous allez être très attendus ? 

Nous avons deux axes. D'abord, il faut confirmer car on a fait venir un head coach sud-coréen, Monsieur Oh (Oh Seon-Tek, une référence mondiale arrivée en 2022, ndlr), pour préparer Paris mais aussi pour développer une nouvelle méthode fédérale. Ensuite, cela concerne les jeunes qui entrent dans les clubs à la fois pour les garder mais aussi pour les accompagner au mieux, leur proposer de nouvelles choses pour rendre notre discipline plus fun et les accrocher. 

Monsieur Oh repart avec vous jusqu'à Los Angeles ? 

Son contrat porte jusqu'au 31 août 2025 mais il sera là pour les championnats du monde qui auront lieu en septembre. On discute aussi avec la DTN et l'ANS pour voir les différents accompagnements que nous pourrions avoir pour le garder. Notre intention est qu'il reste au moins jusqu'à Los Angeles. 

Pour attirer, il faut aussi des tournois des lieux emblématiques. Le tir à l'arc a su le faire mais comment envisagez-vous la suite ? 

Avec les JO, il y a eu 3 manches de Coupe du monde à Paris avec une finale au Château de Vincennes, sans oublier les Invalides en test-event. On est en discussion avec la World Archery pour avoir un gros événement en France d'ici Los Angeles. 

D'après les chiffres officiels de la fédération, 13 nouvelles structures se sont créées. C'est un très bon indicateur de la demande actuelle ? 

Même si c'est compliqué, il suffit d'avoir un créneau de quelques heures dans un gymnase pour pouvoir tirer à l'arc. En extérieur, on est très autonome car on juste besoin d'un terrain alloué par la mairie pour pouvoir s'installer assez facilement. 

Même si le CIO a tendance à vouloir augmenter les disciplines tout en en diminuant le nombre de catégories, est-il envisageable de voir l'arc à poulie aux JO, que cela soit ceux d'été ou ceux d'hiver ? 

C'est moins du ressort de la fédération même s'il y a du lobbying à faire mais on en discute avec la World Archery qui pousse pour que l'arc à poulie puisse entrer dans le programme olympique. Cela ne se fera pas à Los Angeles mais il pourrait y avoir une intégration en 2032, peut-être sur un autre format que l'arc à poulie classique. Et puis il y a aussi une réflexion sur le tir en extérieur ou en salle. Il faudra être attentif à ça car il y a tout un dossier formation à suivre pour être prêt si ça arrive.