Flashscore : Vous sortez de l'entraînement, quelles sont vos sensations ?
Julien Le Cardinal : on a fait une séance cet après-midi. C'était une reprise tranquille, pour recharger les batteries. On n'a pas beaucoup parlé du match de Lyon (défaite 2-1, ndlr) même si on a un peu de regrets et de frustration par rapport au résultat et vu notre prestation. Maintenant, on est passé à autre chose, au match de dimanche contre Angers.
Ce match contre le SCO est-il le dernier moment pour encore disputer les places européennes ?
II reste deux matches avant la trêve et il faudra les négocier du mieux possible pour continuer à rester dans ce wagon de tête pour espérer jouer quelque chose à la fin.
Les dernières semaines ont été un peu délicates avec la fin de l'épopée en Ligue des champions et l'élimination en 1/4 de finale de Coupe. Comment l'avez-vous vécu de l'intérieur ?
Même si on n'était pas favori en Ligue des champions, on espérait toujours avant ce premier match mais on a vite vu que le PSG avait un niveau extraordinaire cette année. En Coupe, on est vraiment déçu. On n'a pas eu le temps de cogiter car on a vite rebasculé sur le championnat mais c'est décevant d'avoir perdu en menant 2-0 et en plus à la maison.
Avez-vous ressenti l'accumulation des efforts contre Dunkerque qui est en pleine confiance en Ligue 2 ?
Je ne pense pas que ce soit de la fatigue parce qu'on prend les trois buts sur coups de pied arrêtés. Ce sont davantage la concentration et la communication qui nous ont fait défaut. Prendre trois buts comme ça, je ne sais pas si c'est une première... On avait quand même du jus pendant le match, on a l'habitude de jouer tous les trois jours, ce n'était pas de la fatigue mais du relâchement.
Contre Lyon, vous avez été proche d'adresser une passe décisive à Ludovic Ajorque en le lançant avec une ouverture aérienne de 30 mètres. Brest a souvent utilisé ce registre, c'était travaillé en amont ?
On savait que les défenseurs lyonnais jouaient assez haut mais on le fait assez souvent car c'est dans nos schémas, même si c'est un peu moins le cas avec moi. On essaie de ressortir avec les latéraux, jouer dans le dos avec la projection des ailiers et des attaquants.
Vous avez été blessé récemment, ça vous a empêché d'enchaîner.
J'ai eu une rupture partielle de l'ischio-jambier mi-décembre. Ça m'a freiné dans ma dynamique. Ça arrive pendant une saison même si je n'avais jamais été blessé comme ça avant. On ne peut rien y faire alors on travaille au maximum pour revenir au plus vite et du mieux possible.
La cuisse, c'est un endroit sensible. Y a-t-il la crainte de la rechute ?
Sur cette blessure-là, je ne suis même pas parti en vacances en fin d'année. Même le jour de Noël, je suis venu me soigner. C'était un choix de ma part. La première semaine, je ne pouvais pas marcher sans béquille. Ma blessure était vraiment haute, ce n'était pas commun. J'ai beaucoup fait de kiné et de renforcement pour retrouver de la souplesse parce que, quand on se baisse, on a peur que ça répète. J'ai aussi eu des problèmes au nerf sciatique sur mon premier entraînement de reprise. Il y a toujours certaines douleurs mais on joue toujours avec des douleurs. Ça va mieux, je continue de faire des exercices pour prévenir une rechute.
Vous êtes Breton dans un club breton : c'est particulier d'évoluer dans votre région natale ?
C'est de la fierté parce que la famille n'est pas loin. Jouer dans sa région, c'est toujours plus plaisant que de jouer autre part. Défendre les couleurs bretonnes, ça ne peut que rendre fier.
Et puis vous jouez au côté de Brendan Chardonnet qui lui est carrément Finistérien !
Et moi Costarmoricain, normalement on ne s'aime pas trop (rires). En vrai, on s'entend très bien avec Brendan ! Avant il y avait plus de rivalité mais il n'y a plus de clubs costarmoricains en Ligue 1. Avant, il y avait Guingamp qui peut encore monter. Plus il y a de clubs bretons mieux c'est.
Vous êtes formé à Saint-Brieuc, vous avez suivi l'épopée en Coupe ?
Ah oui, c'est exceptionnel ce que le club a fait. Il reste quelques joueurs avec qui j'ai évolué, comme Hugo Boudin qui a inscrit le doublé contre Nice, James Lemaraer et Madigoundo Diakité. C'est beaucoup de fierté pour le club, pour tout ce qu'a réalisé Guillaume Allanou, le président-coach-directeur sportif (sourire) qui a donné beaucoup d'énergie. C'est une belle récompense pour ce qu'il fait depuis des années. Ça restera gravé à jamais.
À propos de moment inoubliable, c'est vous qui avez inscrit le but de la qualification assurée pour les barrages contre le PSV. Vous réalisez que par vos performances, vous avez placé Brest sur la carte de l'Europe ?
Oui mais il faut rester les pieds sur terre. On savait que jouer la Ligue des champions, c'était du bonheur et du plaisir. On a eu cette mentalité insouciante, en prenant les matches avec beaucoup de joie. On sait que cette compétition ne se joue pas tous les ans pour des gars comme nous. On réalise qu'on a fait quelque chose de beau et c'est bien aussi pour le football français de montrer que la Ligue 1 n'a pas un si petit niveau que ça et que c'est compliqué de nous affronter. On est très fier de ce qu'on a accompli et peut-être qu'un jour ça se repassera.
Et puis votre public a offert une très belle image, avec de beaux parquages.
C'était du plaisir pour les supporters aussi car ils savaient que ça ne se repasserait peut-être jamais. Ils ont pris autant de plaisir que nous. On a montré une bonne image de Brest et aussi que les supporters peuvent se comporter convenablement au stade (sourire).
À titre personnel, vous avez connu de grosses ambiances, à Bastia et à Lens.
Je suis arrivé à Bastia quand le club était en N2. Le public nous a toujours suivi mais il y avait un peu moins de monde. Et puis il y a eu le Covid. Je n'ai pas eu de grosses ambiances, mis à part lors de ma dernière année en Ligue 2. Surtout les derbys, ça c'est exceptionnel à jouer !
Ça doit être très chaud !
Oui, il y a des petits noms d'oiseaux mais entre les joueurs ça se passait bien, avec du respect même si ça a toujours un goût particulier. Et on a toujours gagné depuis que Bastia est remonté (sourire).
Vous avez évoqué le niveau de la Ligue 1 et c'est vrai que le niveau est très homogène. Vous allez affronter Angers, un promu qui réussit une belle saison. Le petit match n'existe pas en championnat ?
Je me rends compte que depuis 2-3 ans, le championnat est comme ça. C'est peut-être dû au fait de passer à 18 clubs mais il y a des surprises à chaque saison, avec Lens en 2023, nous en 2024. Le football a évolué, beaucoup de coaches jeunes amènent des choses différentes et puis il y a de bons joueurs tout simplement. C'est valable aussi dans les divisions inférieures : on ne peut prendre aucun match à la légère car ça se paye très vite. Quand on a des ambitions, il faut toujours être à 100%.
Comme vous, Florian Sotoca a connu le football du bas et il nous confiait que le niveau était très élevé même en N2 ou en N3, vous confirmez ?
C'est très dur de sortir d'une saison de National ou de N2, surtout qu'on ne joue pas sur des billards. Je regarde toujours Saint-Brieuc quand je peux et on voit que de nombreuses équipes sont belles à regarder. Mes saisons les plus dures ont été dans ces divisions, elles ont été très fatigantes, parce que le niveau est là.
Est-ce que vous supporterez le PSG en Coupe car la 7e place vaudrait une place qualificative supplémentaire en Europe ?
Franchement, le vainqueur de la Coupe... Cannes ce serait bien (rires). Peu importe parce qu'il ne faut pas attendre derrière le PSG. Si on a des ambitions, il ne faut compter que sur nous-mêmes et de ne pas regarder ailleurs. C'est à nous d'aller chercher notre place.