Flashscore : Reims est sur une bonne dynamique, une victoire contre Toulouse vous rapprocherez du maintien ?
John Patrick : il reste encore des matches à disputer mais je pense qu'avec une victoire nous serions sur le bon chemin pour rester en Ligue 1. Mais il nous faudra plus que 3 points pour y parvenir.
La victoire contre l'OM (3-1) a tout changé : que s'est-il passé en interne pour infléchir votre situation, alors que Reims était sur une série de 9 matches sans victoire (6 défaites, 3 nuls) en championnat ?
Le vestiaire a partagé la même ambition et le même objectif. Nous étions dans une situation plus que difficile et le groupe a montré tout son caractère. C'est ce qui nous manquait jusqu'alors pour espérer remporter ce genre de match.
Vous êtes arrivé en janvier, quand Luka Elsner était encore sur le banc. Samba Diawara l'a remplacé. Comment s'est passé votre adaptation ?
Effectivement, je n'ai connu Luka pendant à peine 2 semaines et j'ai pas eu l'opportunité de mieux le connaître. Avec Samba, j'ai noté que le groupe est plus uni. Au début, c'était difficile parce qu'il devait nous transmettre sa façon de travailler et de jouer. Il y est arrivé en très peu de temps alors que la période était délicate. Désormais, on voit que ce travail porte ses fruits.
Cette saison, nous avons parlé avec Sergio Akieme. Vous êtes natif de Madrid : c'est important d'avoir un compatriote pour s'intégrer, surtout quand la situation du club est complexe ?
Sergio m'a très bien accueilli, il m'a beaucoup aidé. En vrai, entre mes coéquipiers, le staff, les médecins, plusieurs personnes dans le département de communication, je ne pensais pas qu'il y aurait autant de personnes qui parlent espagnol. Forcément, mon adaptation a été plus rapide.
Pour que les lecteurs vous connaissent mieux, quel type de joueur êtes-vous ?
Je me considère comme quelqu'un qui veut avoir le ballon et la possession dès que c'est possible. J'aime conduire le jeu, casser des lignes. Je dois m'améliorer dans certains domaines, comme la projection ou sur certaines séquences défensives. Je dois aussi plus prendre ma chance quand j'en ai l'occasion. J'essaie d'être intelligent sur le terrain, pour que l'entraîneur puisse m'utiliser où le souhaite. À l'entraînement, je dois me mesurer à mes coéquipiers, d'autant que la façon de jouer en France est différente de l'Espagne. Ça me pousse à m'améliorer.

Vous avez débuté très jeune en Liga, à tout juste 17 ans avec Getafe. Cela signifie quoi pour vous d'avoir porté le maillot azulón ?
C'est le club qui m'a fait passer professionnel, qui m'a permis de progresser, de m'améliorer, de devenir le joueur que je suis devenu. Getafe m'a offert l'opportunité de faire ce que j'aime le plus au monde. J'aurai toujours une affection particulière.
Vous avez travaillé avec Quique Sánchez Flores et Pepe Bordalás, deux personnages indissociables de la Liga. Quelles différences avez-vous noté entre ces deux entraîneurs ?
Quique est un coach plus à l'ancienne, avec une manière de voir le football et de jouer où on utilise beaucoup de basiques, avec peu de nouveautés. Pepe a fait beaucoup de chemin dans sa carrière et il cherche toujours à innover. J'ai été sous ses ordres plusieurs années et, chaque saison, il a essayé de nouvelles choses, des méthodes de travail différentes. C'est pour ça qu'il a toujours eu des opportunités en Liga.
Une causerie avec Bordalás doit vous remonter à bloc non ?
Il n'est pas seulement un entraîneur qui te dit ce que tu dois faire sur la pelouse. Il prend aussi en compte toute la partie émotionnelle. Quand ses joueurs entrent sur le terrain, ils ont un regain d'énergie énorme. Et ça, ce n'est pas à la portée de tous les entraîneurs.
Il vous a même fait jouer attaquant !
Pas en 9, mais en deuxième pointe. J'ai aussi été utilisé sur un côté sous ses ordres.

Au niveau de votre sélection, vous avez l'embarras du choix. Vous pouvez nous détailler votre arbre généalogique ?
(rires) Je suis né et j'ai toujours vécu à Madrid. Mes parents se sont rencontrés à Madrid. Mes grands-parents sont camerounais et ma mère est née en France. Elle est partie en Espagne pour ses études. Mon père est anglais mais mes grands-parents sont irlandais. C'est un bon mélange non ? (sourire)
Vous avez choisi avec quel pays vous allez jouer ?
Pour le moment, je n'ai rien de planifié. Cela dépendra d'abord de moi, de ma progression et aussi des sélections qui voudront bien de moi.
Vous vous voyez longtemps en France ? Outre vos attaches familiales, la Ligue 1 est réputée pour bien développer les jeunes profils comme le votre.
À l'heure actuelle, je suis focalisé sur ma progression au quotidien. Je dois aussi augmenter mon temps de jeu pour devenir un cadre en première division. Le football français me permet d'utiliser un nouveau registre, d'élargir ma palette et donc d'avoir des opportunités. Travailler, progresser : c'est mon but. Le reste viendra si je m'y tiens.
Quelles sont les différences à votre poste entre l'Espagne et la France ?
J'ai remarqué des choses auxquelles je n'étais pas habitué jusqu'alors. En Espagne, c'est plus positionnel et moins vertical. En France, c'est plus simple d'aller d'un but à l'autre, il y a plus de transitions défensives et offensives, les joueurs sont plus rapides, ce qui facilite le jeu direct. Chaque pays a ses particularités et quand tu apprends ces deux façons d'évoluer, tu deviens un meilleur joueur et tu peux jouer partout.
Reims va disputer la finale de la Coupe de France au Stade de France. Avec Getafe, vous avez joué à Santiago-Bernabéu. Les grandes enceintes changent-elle votre façon d'aborder la rencontre ?
Je suis un joueur qui, quand il entre sur le terrain, ne fait pas attention à tout ce qui peut se passer autour. Mais quand tu es sur le banc, par exemple au Bernabéu, ça peut être impressionnant parce qu'il est immense, il y a tout ces écrans géants et les gens sont très proches de toi. C'est incroyable de jouer dans un tel lieu mais sur le terrain, je fais d'abord attention à mon jeu, mon positionnement, aux consignes de mes coéquipiers et du coach.
En France, quelle ambiance vous a le plus plu jusqu'à présent ?
Lors de la dernière journée contre Lens, j'ai découvert Félix-Bollaert. J'ai beaucoup aimé. Les supporters ont commencé à animer bien avant le début du match, on le voyait dans les tribunes. J'avais l'impression qu'il n'y avait pas assez de sièges, les gens étaient debout. C'est vraiment un très beau stade.