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Interview Flashscore - Johann Lepenant (Nantes) : "Il faut se surpasser, pas uniquement quand c'est le PSG"

Johann Lepenant.
Johann Lepenant.AFP/Flashscore
En quête de temps de jeu après une saison 2023-2024 marquée par les blessures avec l'OL, Johann Lepenant (22 ans) est devenu titulaire avec le maillot du FC Nantes. Vice-champion olympique l'été dernier, le milieu de terrain a la confiance d'Antoine Kombouaré malgré le contexte actuel pesant autour des Canaris. Pour Flashscore avec le concours de la LFP International, il s'est confié sur l'évolution de sa carrière, du Stade Malherbe de Caen à La Beaujoire en passant par Lyon et les convocations avec les Espoirs avec qui il pourrait à l'Euro 2025.

Flashscore : Après votre défaite à domicile contre Le Havre (0-2), ce point pris au Parc des Princes (0-0) fait du bien car il n'était pas attendu. Qu'en gardez-vous ?

Johann Lepenant (FC Nantes) : On a fait un match solide défensivement. C'était le PSG donc on savait qu'on allait beaucoup subir. Mis à part le premier but qui arrive très tôt (Achraf Hakimi dès la 2e minute, ndlr) et nous pénalise, on a respecté notre plan de jeu, c'est-à-dire bien défendre et marquer en contre. On l'a fait avant la mi-temps (par Matthis Abline) et ça nous remet bien mentalement car défendre pendant près de 90 minutes, c'est dur. On a senti une équipe qui s'est battue jusqu'au bout et grâce à ça on a pu repartir avec un bon point de Paris. 

C'était encore plus important vu le calendrier qui vous attend ?

C'est vrai qu'on a de gros matches qui arrivent. Chacun est important mais les adversaires qui arrivent sont dans le haut de tableau et puis il y a le derby ce dimanche (17h). Ce seront de bonnes semaines. Paris, c'est un match référence, au niveau mental. Se donner à fond, c'est le minimum qu'on puisse faire. Si on fait pareil, on aura des occasions de remporter les matches qui arrivent. 

Ce match nul est intervenu juste après cette défaite à La Beaujoire qui s'est achevée dans la confusion, avec l'interruption de la rencontre dans les arrêts de jeu avant de reprendre une demi-heure plus tard. Vous aviez plus que jamais besoin d'un bon résultat au Parc pour vous relancer ? 

Contre Le Havre, ça a été un match compliqué parce qu'on s'était beaucoup préparé et prendre un but dès la 2e minute nous a mis une claque et on n'a pas su réagir. Au contraire, on en a pris un deuxième qui nous a enterré. On a tous été hyper déçus car on avait bien bossé. On a su réagir au Parc. 

C'est révélateur d'un état d'esprit dans votre équipe pour faire corps et montrer votre valeur ? 

On sait que c'est dur, donc il faut se surpasser au PSG mais on doit le faire à chaque match, pas uniquement quand c'est le PSG. Il faut tout donner pendant 90 minutes. Il faut refaire pareil et avec de telles bases, on gagnera des matches. 

Justement, vous affrontez Rennes qui vient de changer d'entraîneur et a battu Saint-Étienne (5-0) la semaine dernière. Ce choc va compter pour finir l'année et repartir en 2025 sur de bonnes bases ? 

Il y a deux enjeux : les trois points et gagner le derby car c'est important pour tout le peuple nantais. C'est très important pour les joueurs, le staff, les supporters. 

Votre position sur le terrain impose un gros volume de jeu, avec un registre 6-8-10. Vous avez signé de belles statistiques contre Angers et Saint-Étienne (2 buts, 1 passe décisive) dans un position haute axiale. Comment percevez-vous les exigences d'Antoine Kombouaré à votre égard ? 

Le coach m'a placé un peu plus haut qu'auparavant et j'y ai pris goût. J'aime me projeter et créer des choses. Je le travaille au quotidien pour m'améliorer. Contre le PSG, on a changé de dispositif donc ça a été beaucoup plus défensif donc on s'adapte aussi à l'adversaire mais j'ai aussi une certaine liberté. Il faut tout de même respecter le jeu et les consignes du coach sur le placement. 

Vous avez 22 ans, vous étiez très attendu à Lyon après vos débuts professionnels à Caen. Pedro Chirivella a été dans une situation un peu analogue à la votre quand il était en formation à Valencia où il était annoncé très haut avant de partir à Liverpool. Avez-vous échangé sur cette pression exercée sur vous très jeunes ? 

On parle beaucoup avec Pedro, c'est un bon gars, toujours super cool. On ne parle pas trop de la pression parce qu'il sait qui ne s'en met pas beaucoup, je ne stresse pas. On évoque surtout le terrain et le jeu ensemble. 

Votre deuxième saison à Lyon a été délicate, avec une blessure au genou qui vous a longtemps éloigné des terrains. Moralement, votre prêt à Nantes doit vous faire du bien ? 

J'ai joué lors de ma première saison à Lyon donc c'était plutôt une réussite mais la suivante a quasiment été blanche. Ça a été assez long et quand je suis revenu, j'ai eu des pépins pendant ma reprise. C'est une saison à oublier et j'ai voulu partir en prêt pour gagner du temps de jeu. Nantes me l'a proposé et ça me plaisait de venir ici. J'ai eu le coach et j'étais très content de venir. C'est toujours un plaisir de jouer, j'ai retrouvé ça car pour tous les joueurs, l'important est de s'éclater sur le terrain. Ça fait du bien !

La semaine a été chargée en rumeurs autour de l'avenir d'Antoine Kombouaré. Est-ce gênant d'évoluer dans un tel contexte avant un derby ? 

Franchement, on est dans notre bulle même si on n'est pas aveugle. On voit ce qui se passe autour. Mais cela n'atteint pas le groupe parce qu'on est en train de bosser sérieusement, à nous concentrer sur les matches qui arrivent avec le coach. On ne préoccupe pas de l'extérieur pour rester concentrés sur nous-mêmes. On n'y prête pas attention. 

Même quand vous étiez en difficulté à Lyon, Thierry Henry a toujours eu confiance en vous avec les Espoirs. Il vous a appelé pour disputer les Jeux Olympiques. Que retenez-vous de cette expérience unique dans une carrière ? 

Thierry Henry m'a fait confiance dès sa première convocation. Au départ, je n'y étais pas parce qu'il pensait que je n'avais pas assez de temps de jeu mais il m'a rappelé et ensuite j'ai pu faire toutes les listes avec lui. Ça a été une belle année avec les Espoirs et j'ai pu participer aux JO. C'était un peu inespéré vu ma blessure car je n'avais que 45 minutes avec la réserve de Lyon. C'était un rêve ! Il a su que je travaillais bien à Lyon et que quoi qu'il arrive il pouvait compter sur vous s'il y avait des blessés. Et deux jours avant le début de la compétition, il m'a appelé comme réserviste. J'étais hyper content, c'était une aventure que je voulais vivre et ça a été incroyable. 

Où est votre médaille d'argent ? 

Elle est bien cachée, je ne veux pas la perdre (rires). 

Il y a une belle génération de milieux de terrain créatifs chez les Espoirs et votre équipe a été suivie avec engouement par les Français alors que le football passe souvent en second plan pendant les JO. Comment l'avez-vous vécu ? 

C'est vrai qu'il y a beaucoup de joueurs talentueux et c'est un plaisir d'aller en sélection. Il y a des dribbleurs, ça crée et même en tant que joueur, à l'entraînement comme en match, on voit de belles choses et ça c'est beau, c'est plaisant (sourire). Même avant les JO, les supporters ont pris du plaisir à nous voir, on gagnait avec de beaux scores, avec de belles performances. Et puis avec des joueurs comme Cherki et les autres, c'est pas mal à regarder (rires).

Vous êtes éligible pour l'Euro 2025 ?

Oui, c'est notre dernière échéance. On a un gros groupe (Portugal, Pologne, Géorgie), on savait qu'il n'y aurait que des grandes Nations. Les sélections sont de plus en plus fortes. À chaque match, il y a de bons joueurs à tous les postes. C'est très relevé comme compétition et c'est un plaisir de la jouer. 

Vous êtes natif de Granville en Normandie et vous avez débuté dans un club majeur de la région. Que gardez-vous de votre formation ? 

Pour moi, Malherbe est le club que je suivais depuis petit. Avec mes parents, on allait aux matches donc, forcément, dès que j'ai signé, j'étais très content d'être au centre. Ensuite, c'est allé très vite parce que j'ai commencé pro à 17 ans. C'était incroyable de jouer pour le club qu'on supporte. Les supporters sont top, même en Ligue 2 ça reste un des meilleurs publics, le stade est quasiment toujours plein. J'y ai joué deux saisons. La première, on a sauvé le club avec Pascal Dupraz lors de la dernière journée avec le penalty de Benjamin Jeannot. Ce sont des souvenirs qui valent une montée, en termes d'émotion, surtout pour un jeune. La saison qui a suivi on a manqué le Top 5 après un mauvais début. Ça m'a permis de me former car la Ligue 2, c'est dur, notamment dans les duels. Après, j'ai eu des opportunités et je me suis dit que c'était le moment de partir en Ligue 1. Je retourne les voir jouer et j'ai toujours des amis dans l'équipe. 

Faisons un saut dans le futur. Votre prêt s'achève en juin : comment envisagez-vous la suite ?

Pour le moment, je suis à Nantes et il y a une option d'achat qui n'est pas levée. J'appartiens à Lyon donc on verra bien. Il reste la moitié de la saison, c'est encore long et il peut se passer encore beaucoup de choses. Je suis bien, je joue, je prends plaisir, on verra ensuite où j'irai. 

Avez-vous des objectifs statistiques chiffrés ? 

Je n'ai jamais fait autant en seulement 10 matches (rires) ! C'est bien mais il faut continuer parce que je vise plus haut. Avant, je n'étais pas aussi haut sur le terrain et dans les zones de finition. Je ne me projetais pas. À Caen, j'étais plus dans l'équilibre. À présent, j'ai beaucoup plus d'occasions. 

Les statistiques ne font pas tout mais vous êtes encore dans un processus de développement. 

C'est vrai que je le travaille car c'est la première fois que je me retrouve aussi haut sur le terrain, à part en U15 mais ça compte pas (sourire). Chez les pros, c'est nouveau alors je dois le travailler à l'entraînement, m'améliorer dans les orientations et les prises de balle. 

Dernière question avec un piège : Nantes, c'est en Bretagne ? 

(Rires) Ici on dit que contre Rennes c'est un derby breton. Moi, je viens d'arriver à Nantes, je ne sais pas pourquoi ils se battent sur ce sujet (rires).