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Interview Flashscore - Jean-Kevin Duverne : "Beaucoup de matches où nous avons merdé collectivement"

Jean-Kevin Duverne lors de Toulouse-Nantes.
Jean-Kevin Duverne lors de Toulouse-Nantes.ČTK / imago sportfotodienst / Thierry Breton / Profimedia
Après un entraînement à La Beaujoire où le froid a "un peu taillé" pour rependre ses termes, Jean-Kevin Duverne a pris le temps de revenir sur le début de saison du FC Nantes avec un duel essentiel à domicile contre Le Havre ce dimanche (17h). Pour Flashscore, avec le concours de la section internationale de la LFP Media, le très souriant défenseur de 27 ans a aussi évoqué son rêve de Coupe du monde avec Haïti.

Flashscore : Vous venez de vous entraîner à La Beaujoire plutôt qu’à la Jonelière. Cela change la perception à 2 jours d’un match ? 

Jean-Kevin Duverne : ça change d’environnement pour prendre ses marques et puis ça fait toujours plaisir de retrouver La Beaujoire, surtout avant de disputer ce match contre Le Havre

Précisément, ce Nantes-Le Havre est ce crucial car il peut vous faire basculer du bon côté contre un club relégable ? 

C’est un match à 6 points, un match qui va beaucoup compter pour les deux équipes. Ce sera très difficile à jouer, on ne va pas se mentir. Celui qui gagne aura une bouffée d’air frais. 

Si on devait résumer le début de saison de Nantes, est-ce que le mot frustration se suffirait à lui-même ?

Je partage cette analyse car il y a beaucoup de matches où c’est nous qui avons "merdé" collectivement. On avait des points, on menait au score ou même on était revenu et ensuite on a complètement flanché. C’est un travail qui, comment dire (il prend une pause)… on a travaillé mentalement sur ce point-là pour que ça n’arrive plus. 

Antoine Kombouaré a proposé différents systèmes de jeu depuis le début de saison. Vous êtes aux premières loges en tant que défenseur puisqu’il y a eu des matches avec une défense à 4 et d’autres à 3. Vous êtes central de formation mais vous avez aussi évolué au poste de latéral gauche. Dans quelle configuration vous sentez-vous le plus à l’aise ?

On respecte les consignes du coach. J’ai commencé ma carrière professionnelle en tant que défenseur central à deux dans l’axe puis à trois. J’ai souvent joué à trois, peu importe l’endroit, ça m’est égal. À Brest, j’ai été décalé latéral gauche, un poste que j’apprécie. Je me sens bien dans les deux postes. 

Vous avez été légèrement blessé avant de disputer 90 minutes avant la trêve contre Lens puis il y a eu la trêve. Pour vous comme pour l’équipe, cette période sans match officiel a dû faire du bien ?

Je ne suis pas parti avec la sélection haïtienne parce que je suis revenu contre Lens, j’ai fait un match plein et je n’ai pas voulu prendre de risque avec de grands voyages à faire. Je ne voulais que ça me désavantage physiquement. J’ai préféré rester à Nantes, m’entraîner et faire des soins. 

Nous avons interviewé Carlens Arcus en octobre dernier. Il nous avait parlé de son enthousiasme quand il porte le maillot d’Haïti, encore plus avec la proximité d’une Coupe du monde disputé près de l’île. Vous partagez cette ambition on imagine ?

C’est un rêve ! Évidemment comme pour tout joueur, mais aussi en tant qu’Haïtien car le pays attend ça depuis 1974. Je rejoins mon compatriote (sourire) ! On veut rendre fier le peuple haïtien avec une qualification. Ce serait une grande joie. 

L'interview de Carlens Arcus est à retrouver ici

Lui est natif de la capitale Port-au-Prince mais il appelait tous les joueurs issus de la diaspora comme vous à rejoindre les Grenadiers car le potentiel est véritable pour 2026 et le futur. 

Tous les joueurs haïtiens, y compris les jeunes qui vont arriver, on veut montrer qu’il y a du potentiel, qu’on peut faire quelque chose car on est sur de bons résultats avec 6 points jusqu’à présent. On sait que ça va se complexifier avec le temps mais on est des compétiteurs et on va tout faire pour aller à la Coupe du monde et ça… c’est le top niveau (sourire). 

Vous avez plus de 100 matches disputés avec Lens, plus de 100 matches disputés avec Brest, vous êtes sur le bon chemin avec Nantes : vous vous considérez comme une valeur sûre de la Ligue 1 ?

Je ne me réveille pas le matin en me disant ça (rires). Mais ce qui est sûr, c’est que j’ai une expérience en Ligue 1, cela fait beaucoup de saisons que j’y évolue et ce n’est pas rien, ce n’est pas négligeable. Je ne me qualifie pas de valeur sûre mais je bosse tous les jours pour aller encore plus haut. Je sais que c’est dur mais je sais que j’ai une marge de progression. 

Vous avez débuté à Lens, un club avec un ancrage populaire fort. On a l’impression que cela vous a aussi guidé vers Nantes, un club avec de fortes attentes ?

C’est un surplus. Quand les supporters sont avec toi, ça t’aide énormément. Quand tu n’es pas bien pas mentalement et qu’on te tombe dessus en plus, il n’y a pas que le joueur qui est touché, ça prend aussi le pas sur l’humain. Quand tu as les supporters avec toi, tu as l’adrénaline, tu te donnes deux fois plus. À Lens, ça envoie ! J’ai baigné dedans parce que j’ai passé mon adolescence là-bas, j’y ai fait ma pré-formation, ma formation, j’y suis passé pro, j’ai vu les matches en étant petit, puis en étant grand, ensuite j’y ai joué. Ah oui, c’est un bon club !

Pour en revenir en Nantes et rester dans le thème des supporters, on a l’impression qu’à La Beaujoire, il y a une équipe avec la Brigade Loire, et une autre quand la BL est suspendue. Ça vous change de mentalité ?

Franchement, sur chaque action, ça pousse, ça crie, ça chante tout le temps. Tu n’es jamais fatigué. Les efforts que tu dois faire en défense pour revenir, avec le son des supporters, ça te donne un coup de boost ! Ça ne veut pas dire que tu vas tout réussir sinon je serais comme Messi ou Ronaldo (sourire), mais ça t’apporte un plus pour y arriver. 

Nantes, c’est aussi la formation et il y a un défenseur qui émerge : Nathan Zézé. Comment le percevez-vous comme coéquipier ? 

Je le vois avec un fort potentiel. C’est un très bon défenseur, très dur, puissant, très costaud, bonne patte gauche. Pour un joueur de son âge, il est déjà très serein. Je le kiffe Nathan Zézé ! C’est un jeune que j’admire, je lui souhaite le meilleur, et pourquoi pas l’équipe de France A. 

Lors du dernier match de championnat contre Lens, sur votre côté gauche, il y avait Nicolas Cozza et Moses Simon qui ont marqué. Malgré la défaite, est-ce que vous vous dites que vous avez réussi votre travail collectif dans le couloir ? 

Dans ce qu’on avait mis en place, c’était bien, on s’est battu jusqu’à la dernière minute. Malheureusement, on perd le match de manière frustrante, mais on travaille pour garder des résultats ou tuer le match, faire autre chose que ce que l’on a fait contre Lens. On était déçu. Ce n’est pas uniquement le côté gauche mais l’ensemble de l’équipe qui a bien joué. On aurait pu mieux faire tous ensemble à la fin, collectivement. 

Jean-Kevin Duverne avec Nicolas Cozza et Moses Simon contre Lens
Jean-Kevin Duverne avec Nicolas Cozza et Moses Simon contre LensSameer Al-Doumy / AFP

Antoine Kombouaré renvoie l’image d’un entraîneur à la fois strict sur les principes mais aussi très protecteur. Vous corroborez cette impression ? 

Tout le monde connaît le coach ! Il est très strict, très exigeant dans ses choix, il ne mâche pas ses mots mais c’est toujours dans l’envie de nous faire progresser et donc il est très proche de nous. Si un joueur n’est pas en confiance, ce n’est pas le genre d’entraîneur qui va aller l’enfoncer. Au contraire, il va l’aider à se relever, faire des choses simples. C’est aussi le cas du staff. Par exemple, l’année dernière, j’avais bien commencé puis j’ai une période de moins bien, une baisse de régime où j’avais du mal à remonter la pente et le coach a été là pour m’aider. 

C’est un ancien défenseur, il connaît bien la difficulté du poste. 

On est en première ligne, même si tous les postes sont différents et chacun a ses inconvénients. Un attaquant, quand il ne marque pas pendant quatre ou cinq matches, il commence à trouver le temps long, à perdre confiance. On travaille les uns pour les autres, c’est ça qui est bien dans cette équipe.  

La dernière interview de Flashscore France avec un joueur de L1, c’était Edimilson Fernandes et il a marqué quelques jours plus tard en Ligue des Champions avec Brest ! 

Peut-être que je vais marquer alors (rires). Je ferai une dédicace à Flashscore, pas de problème !