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Interview Flashscore - Giuseppe Rossi : "Je veux du vrai football, cette Coupe du monde des clubs est une blague"

Giuseppe Rossi
Giuseppe RossiDiego Puletto/Getty Images via AFP
Après avoir disputé son jubilé en mars dernier, Giuseppe Rossi se lance dans une carrière d'entraîneur. Il sera le directeur technique du nouveau club américain North Jersey Pro Soccer. Pour Flashscore, il a exposé son nouveau projet, évoqué l'arrivée de Gennaro Gattuso, la situation de Joshua Zirkzee, son arrivée avortée au Barça et critiqué de manière acide la Coupe du monde des clubs.

Giuseppe Rossi repart de zéro, et cette fois-ci sans crampons aux pieds. L'ancien attaquant de la Nazionale, de la Fiorentina, de Parme, de Manchester United, de Villarreal et de la... Squadra Diapora (équipe artistique qui réunit des descendants de familles italiennes nés à l'étranger), va entamer une nouvelle aventure. Mais pas de carrière d'entraîneur en vue : son avenir sera celui d'un manager.

Le défi est de taille, mais les montagnes à gravir n'inquiètent pas "Pepito", qui a toujours fait preuve de caractère et de ténacité sur et en dehors du terrain, même lorsque le destin s'est acharné sur son talent en lui infligeant plusieurs blessures.

Un nouveau voyage vers son "vieux" New Jersey, l'État qui l'a vu naître et où il a fait ses premiers pas de footballeur aux côtés de son entraîneur de père.

Nouveau départ

À partir d'aujourd'hui, il occupera le poste de "Head of Sports", une sorte de directeur technique du North Jersey Pro Soccer, une nouvelle équipe de l'USL (la deuxième division américaine derrière la plus célèbre MLS).

L'objectif est de faire grandir le club et d'instaurer une nouvelle mentalité susceptible d'enrichir les nouvelles recrues :

"Le secteur des jeunes en Amérique n'est pas assez valorisé et on pense trop à l'argent. Je ne suis pas ici pour l'argent, mais parce que je veux réaliser un projet concret pour les jeunes", constate Rossi.

La trajectoire des jeunes footballeurs américains est presque toujours caractérisée par une expérience dans les collèges universitaires, ce qui, d'une certaine manière, est une bonne chose, car cela garantit un niveau d'éducation élevé aux futurs footballeurs, mais pour d'autres, cela limite leur croissance professionnelle :

"Je veux créer une voie sérieuse pour ces jeunes afin de les amener à des niveaux plus élevés", ajoute l'ancien attaquant.

Une façon de vivre et de voir le football avec une mentalité un peu plus européenne, à laquelle la ligue elle-même est en train de s'adapter. L'USL, en effet, est en pleine transformation et introduira un système de promotion et de relégation à partir de 2027-28, une étape importante pour se rapprocher du modèle mondial : "la MLS est trop américaine et ne reflète pas le vrai football. Dans l'USL, il y aura trois niveaux qui permettront des relégations et des promotions, ainsi qu'à l'échelle mondiale."

L'amour de Pepito pour le football est pur, et c'est peut-être aussi la raison pour laquelle il a décidé de ne pas poursuivre une carrière d'entraîneur. Une décision qui, selon lui, a été dictée par son intégrité et sa morale :

"Je ne veux pas être dans un monde factice où je ne peux pas être moi-même", ajoute-t-il. Dans le football d'aujourd'hui, on pense trop aux négociations et à l'argent plutôt qu'au vrai jeu. Je suis un homme de terrain et pour moi l'intégrité et la morale sont fondamentales".

Et Rossi, bien qu'il vive la plupart du temps aux Etats-Unis, continue de suivre de près la Serie A même si "l'ambiance, le but, le terrain me manquent toujours. C'est pourquoi je regarde peu de football, ça fait mal".

Une Serie A intéressante

Pour la saison prochaine, il s'attend à une nouvelle année compétitive comme la précédente : "ce sera une saison comme la précédente, très équilibrée, sans équipe dominante. Je pense que celui que nous venons de vivre a été l'un des meilleurs championnats de ces dernières années". 

Les conditions semblent réunies, du retour de Max Allegri à l'AC Milan au choix de l'Inter de confier le banc à un "jeune" entraîneur comme Christian Chivu"le choix de l'Inter  me semble très intéressant. Nous verrons s'il sait gérer le groupe et l'environnement. En tant que footballeur, il a été excellent, mais en tant qu'entraîneur, il faut autre chose. Pour ce qui est du Milan, je pense que l'une des meilleures décisions de ces dernières années a été prise. Allegri est quelqu'un qui sait comment gagner, qui connaît l'environnement et qui est un leader naturel. L'équipe le suivra".

Une pensée également pour la Fiorentina, avec laquelle Rossi a joué plusieurs saisons : "je comprends la frustration des supporters, mais Commisso a fait ce qu'un président doit faire. La contestation vient peut-être du manque de continuité technique. Ils ont eu de bons entraîneurs, maintenant j'espère qu'ils trouveront une certaine stabilité avec Pioli".

Gattuso, l'homme de la situation

Après avoir clos le chapitre de la Serie A, l'ancien numéro 22 ouvre celui de l'équipe nationale où un vieil ami, Rino Gattuso, est arrivé à la tête de l'équipe :

"Un choix phénoménal. Gattuso, c'est de l'énergie pure, c'est quelqu'un avec qui on a envie de se battre. J'ai joué avec lui. Quand j'entrais sur le terrain, je frappais tout, avoue-t-il en riant. C'est ce dont l'équipe nationale a besoin : quelqu'un qui transmet l'envie, le cran, le sentiment d'appartenance. L'entraîneur de l'équipe nationale ne doit pas enseigner le jeu, mais il doit être bon au niveau psychologique. Rino est quelqu'un qui parvient à entrer dans la tête des joueurs et à les mener tous dans la même direction. Si ces conditions sont réunies, l'Italie a de bonnes chances de se qualifier pour la prochaine Coupe du monde". Une Coupe du monde dont la finale se déroulera précisément au MetLife Stadium dans le New Jersey, à quelques kilomètres de la maison de "Pepito".

Le Barça à un pas et l'Espagne dans son cœur

Joies et peines ont émaillé la carrière de Rossi qui, aujourd'hui encore, ne cache pas ses émotions et ses regrets quant à son parcours personnel. Une carrière qui aurait pu le mener encore plus haut : "j'étais proche de Barcelone, j'avais tout fait, il ne manquait que deux millions pour la différence entre le bonus et le fixe, mais Villarreal n'a pas voulu les donner et Barcelone a dit non. Ils ont donc pris Alexis Sánchez".

En Espagne, Rossi est arrivé après son expérience anglaise, devenant une référence pour Villarreal, une équipe qui retrouvera la Ligue des champions cette année : "s'ils ont les bons joueurs, ils peuvent réussir en Ligue des champions. À mon époque, nous avions des joueurs expérimentés comme Marcos Senna et Robert Pires et nous sommes allés jusqu'en quarts de finale. L'année suivante, nous étions tous jeunes, j'étais le plus âgé, j'avais 24 ans, et nous avons eu de très mauvais résultats.".

Une pensée également pour Levante et le Celta de Vigo, deux anciennes équipes de l'ancien joueur de la Squadra Azzurra. Deux équipes qui reviendront jouer en première division et en Europe respectivement : "je suis heureux pour Levante et ses supporters, c'est une place importante qui mérite ces satisfactions. Le Celta, quant à lui, est un club qui a vécu de grandes soirées européennes et j'espère pour lui qu'il pourra les vivre à nouveau. La dernière fois que j'ai été en Europe, j'étais là et nous avons atteint les demi-finales de l'Europa League".

Les encouragements pour Joshua Zirkzee

Rossi jette également un coup d'œil de l'autre côté de la Manche, où il a grandi en tant que professionnel à Manchester United : "au niveau de l'attaquant, j'encourage toujours Zirkzee, un joueur capable de faire le travail tout seul, mais aussi de jouer pour l'équipe. C'est un 9 et c'est pourquoi j'aimerais le voir un peu plus près du but, où il peut se trouver plus souvent dans des situations dangereuses, je pense que c'est la chose la plus importante".

Il poursuit : "j'espère que les supporters seront patients avec Zirkzee. C'est quelqu'un qui peut vraiment faire la différence. Hojlund est jeune, bon, mais je ne le vois pas atteindre le potentiel de Zirkzee". 

Le cirque qui ne fait pas rire

Enfin, sa dernière considération, qui est plus un coup de gueule stylistique, il la réserve pour la Coupe du monde des clubs. "C'est une blague. C'est un tournoi qui ne m'intéresse pas. C'est du business, ce n'est pas bon pour le football. On ne se préoccupe pas de la santé des joueurs, il y a constamment des blessures. Mieux vaut un Barcelone-Real une fois par an que toutes les semaines", dit-il avec une certaine amertume.

Giuseppe Rossi regarde donc vers l'avenir, mais sans oublier d'où il vient. Et même si aujourd'hui il n'a plus les crampons aux pieds, sa passion pour le football est plus vivante que jamais.