Interview Flashscore - Gaëtan Ntambwe : "J'arrive à un âge où je me sens bien robuste"

Gaëtan Ntambwe
Gaëtan NtambweMartin Eduardo Sosa/Profimedia

Ce samedi à Hénin-Beaumont, Gaëtan Ntambwe affrontera la Serbe Petar Maukovic dans un combat en 6 rounds. Pour le Nordiste, l'objectif est clair : faire des rounds, gagner avec la manière et se projeter vers une année 2026 ambitieuse.

Flashscore : Comment vous sentez-vous à quelques jours de votre combat ? 

Gaëtan Ntambwe : J'ai faim (rires). 

Faim dans les deux sens ? 

Oui, je ne suis pas encore au poids mais j'ai aussi tellement hâte de remonter dans le ring. 

Votre dernier combat remonte au mois d'avril, contre Sadok Sebki (victoire par décision unanime), vous en avez tiré quelle analyse ? 

C'était un combat de reprise, pour retrouver des sensations. Malheureusement, je comptais rapidement reboxer mais j'ai l'impression que samedi, ce sera la même sensation car ça fait déjà 7 mois. C'est une sorte de nouvelle reprise. 

Vous affrontez tout de même Petar Maukovic, invaincu en 20 combats et avec 18 KO à son actif. Il y a une mise en danger de votre part. 

Ça ne m'a jamais fait peur. J'ai déjà affronté le champion du Vénézuéla, Edwin Riascos, qui avait aussi un très gros pourcentage de victoires avant la limite et je l'ai battu. Tu peux être un frappeur mais si tu ne touches pas, ça ne sert à rien. J'ai confiance en mon coup d'oeil, je sais que ça va le faire. 

Vous êtes très proche de Seydi Coupé : avez-vous pu croiser avec lui à l'entraînement ? 

Non car Seydi revient d'une blessure. En fait, je n'ai pas vraiment pu croiser tout court. J'ai pu sparrer avec un boxeur amateur belge qui entame son passage chez les professionnels et avec Mathieu Bauderlique qui se remet en forme et avec qui j'ai mis les gants. Mais d'une manière générale, ça a toujours été compliqué de trouver des sparrings. 

Vous boxez à la maison : c'est un plaisir d'être devant son public ? 

Oui, surtout que ce n'est pas arrivé souvent dans ma carrière. 

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Votre objectif est de faire des rounds ou de viser une issue rapide ? 

Faire des rounds, pour préparer mon prochain championnat de France en lourds-légers. Je sais qu'il y aura quelque chose derrière pour moi et ce combat est l'occasion de retrouver les sensations du ring pour repartir sur une bonne préparation. J'affronterai mon pote Sofiane Abdeljabar (sourire). 

Vous êtes classé nº4 français par Boxrec derrière Leonardo Mosquea, Voldy Toutin et Seydi Coupé. C'est une catégorie très dense. 

On m'avait appelé pour la EBU Silver (ex Union Européenne, ndlr) mais c'était contre Seydi. Or nos clubs sont partenaires et Seydi est le seul mec avec qui je mets régulièrement les gants, on a décidé de refuser. Je n'étais pas très chaud pour faire le championnat de France mais c'est une première étape avant de viser des ceintures intermédiaires WBA ou WBC. En fait les ceintures EBU n'ont jamais été mon plan initial. 

Vous cherchez des combats qui fassent monter dans les classements car ils offrent de meilleures opportunités même si le nom de la ceinture à l'air alambiqué ? 

Avec le métier et les gens que je connais maintenant, j'ai compris que pour monter plus vite dans les classements, ce sont ces ceintures qui comptent. Par exemple, Leonardo est très haut dans le ranking WBA parce que plus que le titre européen, c'est le nom de l'adversaire qu'il a battu qui l'a fait grimper. Maintenant, il est numéro 2 et s'il remporte la défense de sa ceinture Ibero-American le mois prochain, il pourra postuler pour un titre mondial ensuite. 

Les classements sont opaques, même pour les fans, et c'est une stratégie à adopter. 

C'est ce que j'ai compris au fil du temps. Beaucoup de monde me demandait pourquoi des boxeurs avec moins de combats que moi étaient finalement mieux classés. C'est tout simple : c'est le choix des adversaires. Boxrec fonctionne avec un algorithme qui indique ce que tu peux gagner en fonction de chaque adversaire. C'est pareil pour la WBA ou la WBC : il faut être intelligent dans les choix. 

Vous avez récemment posté une story sur Instagram relative à une recherche de sponsors. Où cela en est-il ? 

Pour l'instant, comme c'est dans ma ville, j'ai des sponsors régionaux. Quand le combat est diffusé au niveau national, c'est plus simple de trouver des partenaires plus importants. Mais les sponsors que j'ai sont fidèles, ils sont toujours là, à chaque évémenent. Certains sont même là depuis le début. 

Et puis au niveau local, le Nord a un très gros vivier de boxeurs et de boxeuses. 

Les gens ne le savent pas forcément mais c'est vrai. Quand j'étais à l'INSEP, on était 8 du Nord ! Dans l'équipe 1, il y avait Mourad Aliev, Djamili Aboudou, Soheb Bouafia. Et c'est sans parler de ceux qui venaient en stage. Le Nord a toujours été une grande région de boxe. 

Vous avez 31 ans, l'âge de la maturité pour un boxeur dans votre catégorie. Vous le ressentez physiquement et mentalement ? 

On m'a toujours dit qu'à 30-31 ans, je serai plus mature dans ma boxe. Et c'est vrai que je le ressens. Mentalement, j'ai plus d'expérience, même si je n'ai que 11 combats professionnels, car j'ai aussi pour moi tout mon parcours en amateur. Dans les préparations où je suis venu pour croiser avec Joshua Buatsi, Ben Wittaker et Leonardo. De ce côté je gère mieux. Ça se traduit aussi physiquement, je sens que je suis plus dur. J'arrive à un âge où je me sens bien robuste. 

Vous êtes originaire de la République Démocratique du Congo, on est obligé de vous demander : les Léopards iront-ils à la Coupe du monde après s'être sortis des barrages africains ? 

Franchement, j'y crois fort. Je trouve ça quand même injuste de devoir encore passer par des barrages internationaux car les barrages africains sont très durs, avec le Cameroun et le Nigéria. Chancel Mbemba a régalé ! En plus, il joue à Lille maintenant mais je ne l'ai jamais rencontré. Mon père est à fond pour l'OM et il n'a pas compris pourquoi il a été mis de côté alors que les supporters l'adoraient. 

Au-delà du football, une qualification permettrait de parler davantage de ce qui se passe en ce moment, avec toutes les exactions de masse commises dans le Nord-Kivu ?

Cette qualification nous tient à coeur car c'est une Coupe du monde mais ce n'est pas que ça. Ce sera un moyen de dénoncer ce qui se passe. J'ai 31 ans et depuis je suis né, j'ai toujours entendu parler de ces massacres. Cela ne fait qu'un an ou deux que c'est porté à la connaissance du grand public. C'est grâce aux stars congolaises dans la musique et dans le sport. Une qualification serait bonne sportivement mais aussi politiquement parlant.