Plus

Interview Flashscore - Florian Sotoca (Lens) : "Retrouver l'Europe, ce serait un vrai kif"

Florian Sotoca
Florian SotocaMatthieu Mirville / DPPI via AFP / Stats Perform
Avant de devenir capitaine du RC Lens, Florian Sotoca a évolué dans toutes les divisions inférieures depuis la R1 avant de devenir professionnel à 24 ans. Au cours d'un entretien avec Flashscore facilité par le service international de LFP Media, le Narbonnais évoque la situation des Sang-et-Or avant de retrouver le PSG ce samedi à Bollaert (17h), l'ambition de retrouver l'Europe et le passage fulgurant d'Abdulkodir Khusanov, en partance pour Manchester City.

Flashscore : Votre parcours sort des sentiers battus. Vous avez eu une vie à côté du football et vous êtes partis du bas avant de devenir le capitaine du RC Lens

Florian Sotoca : C'est vrai que j'ai un parcours atypique car je n'ai pas fait de centre de formation et je suis arrivé tard chez les professionnels. J'ai pu être un vrai étudiant. Jusqu'à mes 20 ans, j'étais encore à Narbonne. J'ai eu un bac STG et je suis ensuite parti à Montpellier pour une licence sur deux ans que j'ai obtenue. En parallèle, je jouais en DH (actuelle R1, ndlr) avec Narbonne et on est monté en CFA 2 (N3). J'ai végété en amateur, à Martigues, à Béziers avant de signer pro à 24 ans à Montpellier. C'est parti de là, même si je n'ai pas trop joué les premiers temps. J'ai dû retrouver un club, je suis alors retourné à Grenoble en CFA (N2). On a fait deux montées et j'ai retrouvé le monde professionnel en L2. Lens m'a recruté quand le club était encore en L2 et depuis 6 ans je suis ici. 

Toutes ces expériences vous ont-elles conduit à devenir un joueur complet collectivement ?

Oui, même à Montpellier où je n'ai fait qu'une seule entrée en Ligue 1 en un an et demi. Cela m'a permis de voir le professionnalisme car je venais du monde amateur. Je me suis entraîné tous les jours avec des joueurs de L1 et ça m'a permis de voir autre chose, de progresser, et de m'endurcir mentalement car je jouais surtout avec la réserve. 

Will Still a remplacé Franck Haise mais il y avait une base commune avec cette défense à trois, même si vous êtes récemment repassés à 4. Quelle influence ce changement de coach a-t-il eu sur votre rendement, sachant qu'Elye Wahi est parti à l'OM l'été dernier ? 

Avec Franck Haise comme avec Will Still, on a un jeu ambitieux, un projet de jeu fondé sur le pressing haut, un pressing à la perte. C'est du même ressort même s'il y a beaucoup de choses nouvelles. En début de saison, c'étaient les mêmes idées. Depuis début décembre, on est passé à 4 derrière mais on a toujours la même idée : avancer sur l'adversaire, faire beaucoup de pressing et récupérer haut le ballon pour le mettre en danger. La transition s'est faite naturellement et le coach Still s'est bien intégré et adapté à ses joueurs. 

Le début d'année 2025 se fait dans une atmosphère particulière avec le départ de Brice Samba à Rennes. Comment le vivez-vous en interne, d'autant que vous êtes devenu le capitaine ?

J'ai le brassard depuis 3 matches mais ça ne change pas les choses pour moi car je fais partie des cadres avec Jonathan Gradit, Facundo Medina, Kevin Danso. C'est un noyau important. Brice Samba est parti mais on le remercie pour tout ce qu'il a fait pour le club car il a été très important pour nous pendant 3 ans. On ne lui souhaite que le meilleur car il a fait grandir le club. On est passé d'un bon club de L1 à la Ligue des Champions. Maintenant il n'est plus là et on sait que c'est à nous de prendre ce rôle de leader que Brice avait sur et en dehors du terrain. 

Vous avez un nouvel attaquant de pointe en la personne de Goduine Koyalipou et l'entente semble fonctionner puisque vous lui avez adressé une passe décisive contre Le Havre pour son premier match.

On savait que Koya était très en confiance, il marquait à tous les matches en Bulgarie. Le coach l'a titularisé car il nous manquait ce genre de profil, d'un buteur qui prend la profondeur. Avec Koya, on est servi. Il a marqué dès son premier match, c'est très bien pour le collectif car on était en manque de buts. Il est arrivé avec toute sa confiance et son humilité. On a essayé de vite l'intégrer et ça marche. 

Cela tombe bien : il y a le troisième épisode de la saison contre le PSG ce samedi. 

A l'aller au Parc, ça ne s'est pas très bien passé, on n'a pas fait un grand match, on n'a pas su s'adapter. On a beaucoup appris de ce match et celui en Coupe de France en est le parfait reflet parce que ça se joue à rien, même si on a eu beaucoup de mal à garder le ballon en première période. Le PSG a eu beaucoup de possession mais pas beaucoup d'occasions. En 2e, on s'est lâché, on les a mis en difficultés et on va retenir ça pour faire pareil samedi, contre une grosse équipe qui prépare son match de Ligue des Champions contre Manchester City. Ils vont arriver costauds. On est à la maison, on veut gagner ce match et prendre des points. 

A propos du PSG et Manchester City : il y a un joueur qui avait eu un grand rôle au Parc en étant expulsé puis à Bollaert en Coupe puisqu'il a marqué, c'est Abdulkodir Khusanov. Il devrait devenir Citizen seulement 18 mois après son arrivée en Lens. Comme attaquant, comment jugez-vous sa progression ?

Kodir, c'est un monstre, franchement. Physiquement, il est très impressionnant. Ils nous a marqués dès ses premiers entraînements. Quand il est arrivé, il a eu beaucoup de patience car il était derrière Danso, Gradit et Medina et c'était dur de les enlever. Cette saison, il a su prendre sa place, avoir confiance en lui. Il a tout pour réussir au plus haut niveau. Mentalement, il est très fort. Je ne me fais aucun souci pour lui. Partout où il ira il réussira. Un grand merci à lui car il a été adorable. 

On parle beaucoup des coulisses de Lens ces derniers temps mais on oublie parfois l'essentiel : vous n'êtes qu'à trois points de la zone Ligue des Champions. 

L'objectif du club est de retrouver l'Europe la saison prochaine. Il y a beaucoup de monde qui parle de saison de transition mais nous les joueurs, on se concentre sur ce qu'on sait faire. C'est à nous de mettre tous les ingrédients possibles pour y parvenir. Il y a un mercato, avec des arrivées et des départs. On doit rester focus sur le terrain comme on l'a fait au Havre ou contre Toulouse même si on a perdu malgré le contenu. 

Vous avez été rapidement menés au Havre mais on a senti l'équipe assez sûre d'elle, qu'elle ne tomberait pas dans le piège ?

On était serein malgré leur but rapide mais on savait qu'il allait entamer fort. C'était une équipe en difficulté qui jouait à domicile et qui allait mettre beaucoup de pression de suite. On n'a pas su tenir le premier quart d'heure mais je nous ai sentis très mature. On a gardé notre idée en tête et plus le match avançait, plus ça allait être dur pour eux. On a vite marqué, on en avait besoin et c'est une victoire méritée dans l'ensemble. 

Vous recevez deux fois à Bollaert avant d'aller à Montpellier : est-ce que c'est un bon calendrier pour gagner des places rapidement ? 

Il n'y a jamais de calendrier idéal en Ligue 1. Que vous jouiez contre le dernier ou le premier, tout est compliqué. On l'a vu même mercredi en Coupe de France où le PSG a eu des problèmes contre Espaly. On va essayer de les mettre en danger. Comme on dit, on va prendre match après match, d'abord réussir un grand match contre Paris devant notre public car en plus on reste sur une défaite à Bollaert. 

De nombreux joueurs évoquent l'homogénéité de la Ligue 1. Vous avez en plus une solide expérience du monde amateur et même dans les divisions inférieures, le niveau est très relevé. Vous le constatez ? 

Bien sûr. Il y a beaucoup de qualité dans les divisions inférieures. Je suis bien placé pour le dire parce que j'ai tout vécu : R1, N3, N2, National, Ligue 2, Ligue 1. Je suis passé par toutes les divisions et elles sont toutes difficiles. Il y a beaucoup d'anciens joueurs qui redescendent et on voit que le niveau s'équilibre. Sur toute une saison, c'est compliqué mais sur un match c'est possible, on l'a vu avec Bourgoin-Jallieu contre Lyon, Troyes qui a dominé Rennes et même Espaly qui a contrarié le PSG. En Ligue 1, il n'y a pas de place pour tout le monde mais en-dessous, les joueurs sont là et quand vous vous surpassez, les résultats ne sont pas anodins. 

Quand on pense à PSG-Lens, on se remémore la saison 2022-2023 : ça nourrit toujours le groupe ?

C'est vrai que ça a été une saison exceptionnelle. On finit avec 84 points, à une longueur de Paris. Sur le coup, on ne réalisait pas mais deux ans après, on se dit qu'on a vraiment fait une saison de fou parce que la Ligue 1, c'est tellement difficile. Sur les 11 derniers matches, on en gagne 10 ! Des fois, avec certains, on en parle dans le vestiaire ou on s'envoie des messages et on se dit que ce qu'on a vécu n'arrive qu'une fois dans une vie. On a profité de tous ces moments-là, le groupe était extraordinaire et l'était d'esprit était au top. On a fait quelques escapades pendant les vacances ensemble. On a surfé sur ça la saison dernière car elle est réussie aussi, même si on loupe la 6e place à la dernière journée, on fait 8 points en Ligue des Champions. En L1 on a toujours répondu présent. C'est un pur bonheur de pouvoir jouer en L1 dans ce club là, avec autant de passionnés. Depuis plusieurs années, on a remis le Racing Club de Lens à sa place et on veut que ce soit le cas le plus longtemps possible. 

Votre parcours a inspiré d'autres équipes avec des budgets resserrés, notamment Brest. 

Quand vous avez le bon état d'esprit, quand vous voulez renverser des montagnes, vous pouvez le faire. On le voit avec Auxerre qui fait une très belle première partie de saison, avec Brest qui sort d'une saison exceptionnelle et qui en Ligue des Champions est pratiquement qualifié. Bravo à eux parce que ça montre que tout le monde peut y arriver si on travaille bien et si le club avance dans la bonne direction. On sait qu'ici, les dirigeants travaillent bien et il faut que nous aussi nous soyons performants sur le terrain. 

Vous vous êtes fixés des objectifs personnels sur cette 2e partie de saison ?

Je n'ai pas forcément d'objectifs personnels mais je pense surtout au collectif. Retrouver l'Europe la saison prochaine, ce serait un vrai kif. Je veux simplement jouer le plus possible et les statistiques viendront, ce n'est pas un problème.

Pour finir, une question piège. Vous êtes Narbonnais mais vous jouez à Lens : Charles Trénet ou Pierre Bachelet ?

(Rires) On va dire Pierre Bachelet car le club m'a tout apporté depuis 6 ans. Je vis vraiment un vrai kif depuis pas mal d'années. C'est que du bonheur d'être ici. Je n'ai jamais eu la prétention et le culot de dire qu'un jour je jouerais en Ligue 1 et dans un tel club. Je prends tous les jours du plaisir et je fais tout pour être performant ici. Je ne sais pas si je suis un exemple mais je réalise la chance que j'ai aujourd'hui.