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Interview Flashscore - Elhem Mekhaled : "Dans le ring, il n'y aura plus de copines"

Elhem Mekhaled
Elhem Mekhaled AFP / Flashscore
À quelques heures de son retour dans le ring au Vidéotron de Québec contre Leïla Beaudoin, Elhem Mekhaled s'est confiée pour Flashscore sur sa préparation avec le mythique Jo Germain, son retour en super-plumes après avoir défié Chantelle Cameron en super-légères. Si elle concède une forme de proximité avec la boxeuse canadienne, la Lyonnaise n'envisage rien d'autre que la victoire pour s'emparer de la ceinture WBO International et obtenir sa revanche contre Alycia Baumgartner.

Flashscore : Vous êtes arrivée le weekend dernier au Canada. Quelles sont vos premières impressions ?

Elhem Mekhaled : Tout va bien, on a été très bien accueilli. On est dans le confort, tout est parfaitement organisé. Franchement, il n'y a rien à dire. 

C'est différent d'une organisation française ? 

Je n'ai pas de point de comparaison car cela n'a rien à voir. Là, il y a un promoteur derrière. Ici, il y a une feuille de route. En plus, le public est très souriant. Les Canadiens sont adorables. 

Il y a quelques semaines, vous avez expliqué apprécier Leïla Beaudoin. C'est plus difficile d'affronter une personne avec qui on est proche humainement ? 

Non, pas du tout parce que ça ne change pas ma vision du combat. On peut s'entendre hors du ring, on a déjà échangé sur les réseaux sociaux, elle était venue me poser une question par rapport à mon poids au moment de mon combat contre Chantelle Cameron. Finalement, on se retrouve face-à-face. Mais pour aboutir à ce combat, au moment où il y a eu une impasse, c'est elle qui m'a donné une raison que mon ancien manager avait omis de me transmettre. On voulait toutes les deux ce combat et elle m'a mis en contact avec son entraîneur pour faciliter les choses. Elle est solaire et bienveillante. On est dans un milieu d'hommes donc c'est cool de se soutenir entre femmes. 

C'est une adversaire mais pas une ennemie ?

Exactement. Dans le ring, on fera le taf, il n'y aura plus de copines. Ce sera une guerre, je ne changerai pas mes principes.

Ça fait quasiment un an que vous n'avez pas disputé de combat : vous changez de catégorie en revanche. 

Je reviens dans ma catégorie, en super-plumes. Contre Chantelle Cameron, j'étais montée en super-légère, deux classes au-dessus. 

Vous revenez dans votre catégorie naturelle : vous n'avez pas eu de problème pour arriver au poids ? 

Ah si si (rires). 

C'est plus confortable à ce niveau-là de devoir monter ?

C'est peut-être contradictoire mais l'année dernière, j'ai dû prendre du poids parce que je sortais d'un combat en super-plumes en mai. Deux mois après, je devais être prête en super-légères. Je suis au-dessus de la limite en super-plumes en périodes hors combat. Donc je suis descendue pour être au poids en super-plumes, enchaîner avec une prise de poids pour être en super-légères. Et là, je suis aussi passée par un régime pour mon retour en super-plumes. 

C'est plus dur de perdre ou de prendre du poids ?

C'est une bonne question parce que ça a été dur de prendre du poids en sortant d'un combat mais tu y arrives en mangeant des protéines, des glucides, c'est bien parce que tu as du peps à l'entraînement. Quand je descends de catégorie, il faut à la fois perdre tout en s'alimentant bien mais je sens bien que je suis plus dynamique, plus proche de mon poids de forme. C'est un contraste. 

Les boxeuses françaises souffrent d'un manque de reconnaissance
Les boxeuses françaises souffrent d'un manque de reconnaissanceAFP / Stats Perform

L'image la plus frappante reste les séquences d'All Access avant le combat entre Floyd Mayweather Jr et Canelo Álvarez : le catchweight était au bénéfice de l'Américain qui pouvait même se permettre de la junk food alors que le Mexicain se privait énormément.

C'est un très bon exemple. Canelo a dû perdre du poids car ce n'était pas sa catégorie alors que Floyd pouvait manger des burgers. Je ne vais pas l'envier, parce que j'ai toujours eu une mentalité carrée. Mon coach sait que je perds rapidement, que je mange correctement en règle générale et que je connais mon corps. Il me fait confiance à ce niveau-là. Ne pas se priver, c'est agréable c'est sûr mais je sens que ce n'est pas mon poids idéal pour être en condition. Perdre du poids, c'est pénible mais je ne me prive pas trop parce que je mange "proprement", des choses que mon corps va assimiler. Je sais que je serai en capacité de bien aborder mon combat. Et puis ça fait un an que je n'ai pas boxé, ce n'est pas comme si c'était tous les deux mois que je devais faire ça. Ça passe mieux si ce n'est qu'une fois par an (rires). 

L'objectif, c'est gagner pour ensuite retrouver Alycia Baumgartner ?

Si j'ai ma revanche, ce serait génial. Histoire de voir qui est la meilleure, après son affaire de dopage... 

Bruno Surace doit avoir la même rancoeur après le contrôle positif de Jaime Munguía.

(Elle souffle) Ça me saoûle. La boxe n'est pas mise en avant en France, elle l'est à l'étranger mais il y en a qui triche. Pas tous mais il y en a un bon paquet. 

C'est votre premier combat au Canada : y avez-vous déjà été par le passé, même en spectatrice ?

Non mais ce sera un très bel événement. Il y a 4 Français qui boxeront et notamment Christian Mbilli. 

Il y aura aussi Moreno Fendero qui est de Besançon. La ville vous soutient : on pourrait bientôt vous voir sur la même carte là-bas ?

Normalement, je dois y boxer à la fin de l'année et Moreno devrait être là également. Ce serait génial d'être diffusé sur une antenne française. 

La semaine dernière, Anne-Sophie Mathis affirmait que si ça avait été un homme qui était entré au Hall of Fame, cela aurait été beaucoup plus suivi que son intronisation. Vous ressentez cette sous-médiatisation des boxeuses en France ?

Je suis nº2 WBC, j'ai boxé pour une unification à New York contre Alycia Baumgartner, j'ai affronté Chantelle Cameron qui est la seule à avoir battu Katie Taylor, Delfine Persoon en sous-carte de l'exhibition de Floyd Mayweather contre Don Moore et aucun media ne m'a suivi. Moi, sans mes sponsors, je ne pourrais pas tout assumer. Je suis aidée par la Matmut qui est mon employeur, Ibis Marne-la-Vallée-Champs m'a nourri, logé, blanchi pendant toute ma préparation. J'ai envie de ramener la ceinture pour eux et leur dire "c'est pour vous". Avec la cagnotte que j'ai lancée, j'ai pu payer mon short et j'ai édité des t-shirts pour remercier chaque contributeur. Quand on reçoit de telles aides, c'est adorable. Je ne peux pas vivre financièrement avec un combat par an et avec deux, c'est limite et je suis obligée de travailler à côté. Sans eux, ça aurait été compliqué. On pourrait me rétorquer que je suis de Lyon et que je pourrais m'entraîner à Lyon mais un coach comme Jo Germain, il n'y en a qu'un et il est à Noisy-Le-Grand. 

Justement, on a pu voir sur les réseaux sociaux que votre complicité avec Jo Germain témoignait d'une belle préparation. 

Ah oui oui oui oui ! Franchement, je suis contente ! Il se concentre sur moi, mes qualités et mes défauts et en parallèle, il analyse le style de mon adversaire. Honnêtement, j'aimerais vous en dire plus, mais les Canadiens sont francophones, je ne vais pas prendre de risques et je ne dirai rien (rires). Mais après la victoire, promis, je ferai une analyse pour Flashscore (rires).