Flashscore : Dylan, vous sortez tout juste de la pesée. Tout s'est bien passé ?
Dylan Colin : Libéré, délivré, je suis au poids (sourire) !
Comment vous êtes-vous retrouvé sur cette carte prestigieuse ?
Daniel Lapin fait partie de l'équipe d'Oleksandr Usyk et c'est leur chouchou en ce moment. Je me suis retrouvé là d'une part par mes résultats mais aussi car je suis un peu au-dessus de lui dans les classements mondiaux. Mon agent, Eoin Mundow, a travaillé sur cette éventualité et quand il m'a proposé ce combat, j'ai accepté.
Vous êtes tous les deux invaincus : ça fait une belle affiche de plus dans la sous-carte !
Ça fait carrément un beau duel ! On sait qu'on ne part pas avec un avantage car on est plus chez lui que chez moi puisqu'il appartient à la team du champion des lourds mais je me suis préparé pour. Ça va être une grosse guerre !
Votre fiche Boxrec vous définit comme "inactif" car vous n'avez plus de combat depuis votre défense de la ceinture nationale des mi-lourds. Vous avez laissé votre ceinture vacante ?
J'ai été champion de France en 2023 et la fédération oblige à remettre le titre en jeu dans un délai de 4 mois. Je l'ai fait une fois et je l'ai conservé. Mais pour allez voir au-dessus, il faut écrire une lettre à la fédération pour se destituer sinon on est un peu bloqué pour aller voir au-dessus. Mon objectif n'était pas de défendre 4 fois cette ceinture mais bien d'essayer de monter en gamme et c'est pour ça que je suis ici à Riyad.
Il s'est passé quoi depuis votre dernier combat à Roland-Garros contre Gaetan N'Tambwe ?
J'ai changé de promoteur et d'agent. Désormais, je suis désormais chez InsideOut Boxing, une société de promotion irlandaise. J'ai perdu un an mais ça m'a permis aussi de découvrir autre chose, ça a été bénéfique.
Choisir un promoteur étranger, c'est actuellement la meilleure solution pour un boxeur français ?
Oui, parce qu'en France, c'est très difficile de trouver des promoteurs. Il y a peu d'investissement sur les boxeurs professionnels, on est payé au ras des pâquerettes et on doit se mettre en auto-entrepreneur, avec tout ce que cela implique au niveau des impôts. Du coup, on galère encore plus. Par exemple, j'ai un travail à côté de la boxe, je suis agent territorial au sein de la ville de Toul. En comparaison, l'adversaire que j'affronte, lui, ne fait que ça et en plus il profite des installations de la Team Usyk. On essaye d'être à 100% mais en France ce n'est pas toujours possible et je ne suis pas le seul dans ce cas-là. C'est pour ça que je conseille à n'importe boxeur français de s'exiler, malheureusement j'ai envie de dire. Ce n'est pas agréable de le dire mais c'est la réalité.
Turki Alalshikh s'est lancé dans la promotion de grandes réunions de boxe, le barnum n'a rien à envier à Las Vegas. C'est comment de l'intérieur ?
Je suis très surpris par Riyad car, quand on parle de l'Arabie Saoudite et de ce qu'on voit à la télé... On a été très bien accueilli, on sent qu'ils veulent évoluer. Il y a des tours partout, des centres commerciaux avec des parcs d'attraction à l'intérieur, c'est fou ! On voit que le pays est en plein essor, c'est une très bonne découverte. Et le fait d'être dans une grosse organisation comme celle-là, ça nous permet de vivre une semaine de promotion à la fois fatiguante mais aussi passionnante. On découvre un monde un peu plus caché, avec les workouts en public, les interviews, la façon dont tout se monte. Vivre tout ça, c'est déjà une victoire pour moi. C'est incroyable : demain il y aura du beau monde, comme Evander Holyfield et Dmitry Bivol.
Ça vous permet aussi de développer votre réseau ?
Complètement ! On parle de moi, je suis vraiment content.
On sait que les promoteurs de grosses structures appellent souvent les adversaires au dernier moment. Cela a été le cas pour vous ?
On était au courant depuis un mois mais tout s'est officiellement formalisé il y a un mois. J'ai un peu d'expérience donc je savais qu'ils faisaient un peu durer pour réduire ma préparation mais on avait anticipé et on s'est préparé comme si c'était déjà conclu.
Vous affrontez un Ukrainien. À l'heure actuelle, l'Ukraine a l'une des plus belles écoles de boxe, c'est un beau défi pour vous ?
J'ai déjà boxé un Ukrainien, Serhii Zhuk, une vraie tête dure qui n'a pas lâché l'affaire alors que je l'avais bien touché. Sur la carte, il y a 4 ou Ukrainiens et 4 ou 5 Britanniques, donc on voit très biens les écoles qui ressortent. L'Ukraine à Vasyl Lomachenko, Usyk, Serhii Bohachuk. Ils sont dangereux et ne sont pas à prendre à la légère.
Financièrement, cela doit aussi être au niveau vu le main event ?
Ça commence à devenir intéressant, notamment par rapport à tous les combats que j'ai pu faire, y compris lors de mes championnats de France. Ici, je suis le "French guy", ils me découvrent.
La semaine dernière, Bruno Surace a fait sensation en mettant KO Jaime Munguia. C'est une source d'inspiration ?
Oui, surtout que, comme moi, il doit travailler à côté. Il a montré de quoi il était capable, il a saisi cette opportunité, gloire à lui ! Il va avoir de gros combats, il gagne de l'argent, il a fait parler de lui et montrer que les Français étaient présents. Il a montré que tout était possible et c'est vraiment cool pour la boxe française.
En ce moment, les moyens et les super-moyens sont très bien représentés mais c'est aussi un bon signal d'avoir des profils qui montent en mi-lourds, une catégorie réputée qui a eu beaucoup de médiatisation avec Andre Ward ?
C'est pour ça qu'on est à Riyad, contre un adversaire qui a deux particularités. D'abord, il mesure 1.98m, ce qui est très grand pour la catégorie. Je ne sais même pas comment il fait (rires). Ensuite, il est gaucher. Ce sont des choses importantes et donc on a cherché des sparrings comme lui. Mais le principal, c'est qu'on parle de moi, que je fasse une grosse prestation. Je veux gagner mais je veux me faire voir et qu'on me rappelle par la suite. Je veux reboxer rapidement et enchaîner.