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Interview Flashscore - David Papot : "Je kiffe ce statut d'underdog !"

David Papot
David PapotInstagram David Papot / Flashscore

Le 18 septembre prochain, David Papot sera en Australie pour disputer un éliminatoire IBF des super-welters contre Liam Paro. Le boxeur de 34 ans, très apprécié des fans mais trop méconnu du grand public, s'est posé pendant sa préparation pour évoquer cette grande échéance avec Flashscore.

Flashscore : Vous êtes très réputé parmi les connaisseurs de la boxe mais vous souffrez d'un manque de reconnaissance de la part du grand public. Comment cela s'explique ?

David Papot : Je ne suis pas actif sur les réseaux sociaux, j'aime bien être à ma vie, dans mon boulot, dans ma famille. J'ai 34 ans et je ne recherche pas cette exposition. Si j'avais 25 ans et que j'explosais sportivement comme c'est le cas en ce moment, peut-être que ça serait différent. C'est aussi par rapport à l'éducation que je veux donner à mes enfants. J'évite d'être sur mon téléphone quand je suis avec eux. Je ne suis pas une star, je n'ai rien à faire sur les réseaux sociaux. 

Comment ce combat s'est-il organisé ? 

On était en négociation pour boxer Alexis Rocha, le numéro 1 WBO, aux États-Unis. Je devais boxer en avril à San Diego mais il s'est blessé. On ne savait pas trop quoi faire avec mon promoteur David Musset. Est-ce qu'on devait organiser un gala à Nantes ? On sait qu'à ce niveau-là, c'était compliqué. Liam Paro est monté de catégorie, nous avons été contactés et ça s'est fait très vite. L'IBF a ensuite inclus l'éliminatoire. 

Liam Paro est classé 4e par Boxrec en welters, il est montée cette année de catégorie alors que vous êtes un super-welter de métier. C'est un avantage ?

Pour moi, Paro est la meilleure opportunité avec un éliminatoire en jeu. On sait le niveau de Brian Norman JrJaron Ennis monte de catégorie, Mario Barrios a déjà refusé de me boxer mais il a refusé toute la terre parce que c'est sûrement le champion du monde le moins fort. Boxer Paro, même chez lui, on ne pouvait pas faire mieux sportivement comme financièrement. Et je kiffe ce statut d'underdog !

Liam Paro monte de catégorie
Liam Paro monte de catégorieBruno Bebert / Bestimage / Profimedia / Stats Perform

L'Australie a une grande culture de la boxe, même si cela semble loin vu d'Europe.

Les Australiens ont une grande culture du sport tout court. C'est magnifique ! 

Les boxeurs down under sont très réputés, encore plus à domicile. 

C'est le monde anglo-saxon, avec beaucoup de générosité dans le ring, avec une grosse frappe. On sait à quoi s'attendre : c'est un gaucher, plus petit que moi, qui va très vite et s'il tape fort, il est déjà tombé. Il n'a pas un menton en titane. 

Vous êtes également gaucher : est-ce que les gauchers détestent affronter les gauchers ? 

C'est vrai ! Les gauchers ont toujours un avantage en boxant les droitiers et le jour où ils ont un gaucher en face, ils n'aiment pas du tout ça. C'est le manque d'habitude. Ma force, c'est que j'ai toujours croisé avec des gauchers à l'entraînement. J'ai commencé en amateur, à Saint-Nazaire on était six gauchers pour un seul droitier : Bastien Laforge, Valentin Freulon, Sonny Abid, Brice Clavier, Olivier Vautrain. Et sans compter les amateurs. Pareil à La Baule avec, en plus de Sonny, il y a Benjamin Dubois. J'ai toujours eu cet avantage et j'adore affronter les gauchers. Je ne sais pas si le combat sera plus facile pour ça mais je ne sais pas si Paro a cette même habitude. 

David Musset organise de belles réunions, parmi les plus relevés de France. Comment expliquez-vous son succès ?

C'est avant tout un passionné. Il n'est pas entré dans ce projet pour voler toutes les télés. Et de toutes manières, on n'a pas de télé alors que RMC était venu pour mon combat contre Bilal Jkitou et puis... plus rien ! On est une région de boxe. J'ai commencé à 4-5 ans, je suis toujours resté là, les gens ont toujours entendu mon nom. La devise de David a toujours été de faire un 50-50 pour pour tous les gros combats. Je ne vais jamais voir de la boxe ou alors très rarement. Quand j'y vais, c'est quand je ne connais pas le résultat à l'avance. Ça m'excite d'aller vois un combat sans savoir qui va gagner. Ahmed El Mousaoui - Bakary Samaké, j'avais kiffé parce qu'avant le début, j'étais stressé. Mais la plupart du temps, les combats n'ont ni queue ni tête. Sachant que d'autres promoteurs ont les télés et de l'argent. Ce que David a fait en 5 ans est exceptionnel, avec que des partenaires locaux. Sans télé, il ramène quand même des spectateurs. 

Vous avez battu les meilleurs Français, vous sortez de deux victoires contre des invaincus : vous êtes arrivé à maturité ?

Ce combat contre Paro arrive ni trop tôt ni trop tard mais au meilleur des moments. C'est pour ça qu'on a sauté sur ce projet. J'ai quitté mon club en 2019, il a fallu repartir de zéro, reconquérir le public, retrouver la confiance, rebâtir tout un staff. On a réussi à greffer du monde autour de l'équipe petit à petit. Tout le staff est à 100% compétent et on attendait le grand combat à l'extérieur car on n'a pas les moyens d'affronter Paro à la maison. 

Vous sparrez contre les mêmes boxeurs ou ça évolue en fonction de l'adversaire ou du moment ?

On a essayé de faire venir un peu de monde mais quand je ne suis pas en préparation, je ne mets pas un pied à la salle et pas une paire de gants. Je ne pense même pas à la boxe. Je ne veux pas en entendre parler, même avec ma femme. Ça me prend la tête. Mais que je rentre en prépa, il me faut avoir deux mois devant moi pour bien m'y remettre. On a trouvé des sparrings pour commencer, Salahdine Parnasse est venu. D'ailleurs, il est très bon en anglaise, il m'a impressionné. On devrait se revoir prochainement. La dernière semaine, Michael McKinson va venir. C'est un Anglais qui n'a que deux défaites, contre Vergil Ortiz Jr (pour le titre mondial WBO des welters, ndlr) et le Sud-Africain Tulani Mbenge (pour le titre mondial IBO des welters, ndlr). 

Comment avez-vous trouvé Salahdinne Parnasse en sparring ? 

Il est très professionnel, j'ai rarement vu ça. Il est très suivi sur les réseaux sociaux mais quand tu lui parles, il ne te le fais pas sentir. Il est trop intelligent sur un ring alors qu'il n'a encore disputé aucun combat. Quand il veut quelque chose, il s'en donne les moyens. Dans le monde de la boxe, beaucoup veulent percer sans avoir rien fait. Lui, c'est l'inverse. Il se lance un défi, il pourrait prendre ça à la légère mais il me contacte pour faire un sparring, une semaine après, il a fait l'aller-retour Paris-Nantes en voiture. Franchement, il est hyper fort, et hyper gentil. Un top mec. 

Pour le poids, vous en êtes où ? 

Je pars souvent de haut même si je m'entraîne tous les jours. Je peux partir à 80-81kg mais là je suis déjà à 72,5-73kg. Je suis dans les temps. Maintenant, il faut éviter la blessure mais tout le travail avec le staff est impeccable. 

Quand partez-vous en Australie ?

Le 7 ou le 8 septembre, pour avoir 10 jours devant nous pour bien se mettre, notamment par rapport au décalage horaire. Et puis il y a 22 heures de vol aussi ! Même si c'est l'hiver là-bas, il fait une vingtaine de degrés en ce moment à Brisbane, c'est parfait.