Jeudi Boxe #12 est disponible ici
Vous vous êtes déboîté l'épaule samedi pendant le combat contre José Sánchez. Abandonner le combat a-t-il été une option ?
Ce serait mentir de dire que ça n'a pas été une option. Quand j'ai senti la blessure, je me suis dit : "mais qu'est ce que je vais faire ?" En plus, on n'était qu'au deuxième round, ça veut dire encore dix derrière ! Si on avait été au huitième round, encore quatre à faire, on serre les dents et c'est parti. Quand je suis allé m'asseoir dans mon coin, je me suis dit tout ça, et mon coach m'a dit "Christ, il est inconcevable qu'on abandonne". À partir de là, dans ma tête, tout a basculé.
Le boxeur, dans le feu de l'action, peut manquer de lucidité. Mais pour votre staff, il n'en a jamais été question ?
À tête reposée, on en a reparlé avec mon coach. Lui-même n'en revenait pas. C'est mon coach, donc il va forcément essayer de me motiver quoi qu'il arrive. Au final, la décision me reviendra toujours. Mais quand il m'a vu m'asseoir après la blessure, il a vu dans mes yeux que j'étais encore présent. Et j'ai dit "let's go, on y va". Après, à chaque round, c'étaient les montagnes russes. On s'est motivés tous les deux à chaque reprise. Mais oui, j'ai pensé à abandonner. Par la grâce de Dieu, grâce à mon staff et au public de Caen, j'y suis arrivé. En tout cas, je ne regrette pas cette décision.
Le fait d'être invaincu, c'est un facteur qui a joué dans la décision ?
Exactement ! Quand l'épaule a sorti, je me suis dit à un moment "je vais pas perdre comme ça !". Je préfère être mis KO. J'ai dû aller puiser pour rester invaincu. Il y a eu un peu de fierté, c'est sûr, mais beaucoup de reconnaissance à Dieu.
C'était la première fois que vous boxiez à Caen. Apparemment, c'était une ambiance de feu...
C'est la première fois oui, et le public m'a porté pendant les dix rounds suivants. Franchement, je ne m'y attendais pas. J'entendais le public crier mon nom, chaque fin de round. Et le round suivant n'était même pas reparti qu'il criait encore mon nom. Ça m'a galvanisé, clairement. Ça m'a permis de rester dans mon combat.
Y a-t-il eu un moment où vous vous êtes retrouvé à court de solutions ?
Il y a un round, je crois que c'était le neuvième, où c'était vraiment compliqué. La douleur se faisait de plus en plus forte, l'adrénaline commençait à diminuer, et les muscles commençaient à s'atrophier, j'étais resté trop longtemps sans bouger. Tellement longtemps qu'à l'hôpital, ils ont mis très longtemps à me remettre l'épaule à cause de ça ! J'étais vraiment en eaux troubles. Et là, le coach a senti que j'étais de moins en moins là. Il m'a secoué, il m'a dit que j'avais pas fait tout ça pour rien. Je suis reparti, je ne pouvais pas faire de transfert de poids, donc j'ai insisté à fond sur le jab, serré les dents. Ça a vraiment été un travail autour du jab, des crochets, mais j'ai réussi.
Il restait quand même un doute au moment de la décision ?
J'étais quand même censé avoir quatre rounds de marge. Même si je me suis blessé à la deuxième reprise, j'ai fait deux très bons rounds en suivant. Mais ça a été chaud, puisqu'il y a un juge qui a mis match nul.
Vous voilà en possession de la ceinture IBU Silver, qui vous ouvre les portes d'un championnat d'Europe. Ces ceintures, ces points de passage obligatoires pour aller plus haut, les boxeurs y sont attachés ?
En fait, IBU Silver, c'est un changement de nom, avant, c'était pour l'Union Européenne, donc c'est logique d'aller chercher un championnat d'Europe après ça. Attaché à ces points de passage, je dirai oui et non, mais quand l'opportunité se présente, si on a la possibilité de le faire, let's go.
Donc vous avez déjà une idée de votre prochain combat. Est-il possible que ce soit de nouveau à Caen ?
Ce sera probablement en fin d'année, pourquoi pas en France. En ce qui concerne Caen, cela dépendra du promoteur, Nicolas Perret, selon ce qu'il a pensé de cette soirée. Y'avait près de 5.000 personnes, au Palais des Sports, tout neuf, une magnifique salle, une belle organisation. En ce qui me concerne, Caen a été un des plus beaux publics que j'ai connu !