Flashscore : La WBC a demandé la tenue d'un combat entre votre boxeur Christian Mbilli et Kevin Lele Sadjo, où en sont les négociations ?
Camille Estephan : nous sommes en contact avec Yohan Zaoui et sa société Y12 Boxing. Nous avions jusqu'au 2 janvier pour nous entendre mais, avec les fêtes de fin d'année, nous avons obtenu un délai supplémentaire de deux semaines. Nous sommes en pourparlers, c'est très cordial car nous avons le même objectif de mettre en place ce combat, d'après moi l'un des plus attendus par les fans. C'est du feu garanti dans le ring ! Présentement, les deux possibilités pour la tenue du combat sont Québec ou Paris. Nous effectuons toutes les analyses nécessaires pour voir la solution la plus rentable pour les boxeurs, ce qui leur serait le plus favorable à court, moyen et long termes pour leur visibilité et leurs carrières.
Dans quelle salle parisienne envisagez-vous le combat ?
L'Accor Arena de Bercy, ce qui ferait plus de 10.000 personnes. Si ça se fait à Québec, ce serait au Centre Vidéotron qui a une capacité de 20.000 spectacteurs.
Vous devez également prospecter des chaînes de télévision pour la diffusion. Votre choix est-il arrêté ?
Nous discutons avec tous les réseaux qui couvrent la boxe, que ce soit Canal+, RMC, ESPN, DAZN. Nous avons aussi notre propre réseau au Canada. On met toutes les cartes sur la table pour nous assurer d'avoir les meilleures opportunités pour nos boxeurs respectifs. Tout le monde est intéressé car c'est l'un des combats les plus sollicités depuis plusieurs années.
Mbilli comme Sadjo ont effectivement de très hauts pourcentages de KO.
Exactement et ils ont aussi deux belles histoires, deux belles personnalités et ce sont deux athlètes accomplis. On a tous les atouts pour faire un super gala. Je pense que le gagnant deviendra ensuite champion du monde, d'autant que le combat contre William Scull pour la ceinture IBF deviendrait obligatoire, à moins qu'il ne combatte Canelo Álvarez, ce qui signifie qu'il y aurait au bout un combat contre le Mexicain.
Canelo est le grand objectif de Mbilli qui s'estime déprécié alors qu'il a affronté Jaime Munguía et Edgar Berlanga qui sont moins bien classés que lui.
Clairement, et sans être arrogant, je prends Munguía et Berlanga dans la même soirée pour Christian Mbilli. On a vu que Munguía a été mis KO. Christian est pour moi d'un niveau au-dessus. Ce sont deux vedettes, avec beaucoup de visibilité aux États-Unis mais en termes de boxe, ils ne sont pas de la même lignée que Christian.

Jaime Munguía a été battu par KO par Bruno Surace en décembre, un exploit retentissant. Est-ce le genre de profil que vous pourriez engager à EOTT ?
Bruno va sûrement avoir un combat revanche contre Munguía. Qu'il gagne ou qu'il perde, il aura encore de grandes opportunités qui s'ouvriront à lui. On ne dit jamais non à des boxeurs qui sont sérieux. J'espère qu'il pourra bénéficier de cette surprise du siècle et qu'il pourra le rééditer lors de la revanche. Je suis vraiment heureux pour lui.
Chez EOTT, vous avez aussi le Cubain Osleys Iglesias, classé 3e par Boxrec chez les super-moyens. On l'imagine volontiers affronter Diego Pacheco ?
Absolument, et on a même négocié avec Pacheco pour affronter Christian mais il a pris un autre chemin. Osleys est tellement évité car il est très puissant des deux mains, un très bon technicien. C'est un Cubain qui n'a pas un style cubain, il ne fuit pas dans le ring, lui il veut se battre, créer beaucoup d'actions et de flamèches. Il fait vraiment peur, c'est le boogyman de la division des super-moyens. Nous sommes très heureux de les avoir tous les deux dans notre écurie parce que ce sont deux gars qui peuvent dominer. Je serais très surpris de voir Pacheco accepter un combat avec Osleys car ce serait très risqué pour lui. Mais on sauterait dessus les yeux fermés.
Christian vient de rejoindre Dubai, ce choix a été validé par EOTT et ses entraîneurs ?
Oui, on s'est assis tous ensemble car c'est une question de climat. Christian tombait souvent malade l'hiver à Montréal et ça affectait ses camps d'entraînement. On va éviter ces cas de grippe qui l'atteignait. Par ailleurs, il veut réaliser des investissements à Dubai. Il a toujours sa résidence au Québec, il viendra s'y entraîner aussi. Ce n'est pas un retrait mais un ajout positif.
Comme promoteur, cette proximité avec l'Arabie Saoudite pourrait-elle vous servir ?
Franchement, ça ne pèse pas dans la balance. Ce qui compte, ce sont ses performances dans le ring, qu'il habite à Montréal, Dubai ou Paris.
Dans votre écurie, il y a un autre Français qui monte : Moreno Fendero. Combien de combats sont-ils prévus pour lui en 2025 ?
J'aimerais le voir au minimum dans 6 combats. On a énormément d'espoirs pour Moreno. Il ressemble beaucoup à Christian. Quand on parle d'attitude en dehors du ring, il a un comportement ultra-professionnel, assidu, discipliné. Son sérieux et son talent font qu'il aura une grande carrière. Il boxera sûrement en sous-carte du combat de Christian contre Sadjo, ça le motive énormément de voir qu'il peut suivre son propre chemin avec une ambition similaire.
En tant que promoteur francophone, le combat Mbilli - Sadjo peut-il vous permettre de mettre un premier pied en France ?
C'est dans notre intérêt, on a étudié le marché, effectué beaucoup de démarches. Je suis passé plusieurs fois à Paris pour étudier tout ce qui se passe. Il y a un creux mais si ce combat arrive, ce sera un vrai boost, de la vitamine à grande échelle pour la boxe professionnelle en France. Fera-t-on le combat en France ? Cela reste à voir mais moi ça m'intéresse car c'est un pays qui a des athlètes qui peuvent devenir très populaires. Sans aucun doute, je pense que Christian est le meilleur boxeur français toutes catégories confondues aujourd'hui, il peut vraiment devenir une super vedette. C'est juste une question de temps, il faut être patient. On n'a pas brûlé les étapes, on a fait tout ce qu'il faut pour le garder actif, le classer nº1 WBC, nº3 IBF, nº1 WBA, nº2 WBO, nº2 Ring Magazine. Je suis très fier de ça.
On a pu vous critiquer pour avoir pris ce temps-là.
Il faut faire les choses de la bonne façon. Christian est évité. Par nos choix, il a pu être mis sous les feux de la rampe sur ESPN en 2024 contre Sergiy Derevyanchenko, un très grand nom, comme Rohan Murdoch. Ils coûtent excessivement chers mais on a voulu investir et c'était clairement le bon choix au bon moment. Je ne pense pas qu'un boxeur aujourd'hui, et je le dis très humblement, qui peut se comparer à Christian dans le cheminement de sa carrière.
Pour EOTT, cet investissement est essentiel car la catégorie des super-moyens est probablement la plus relevée à l'heure actuelle ?
À 100%. Il faut avoir le bon boxeur dans les mains et Christian l'est. Ça nous a encouragé à mettre toutes nos ressources derrière lui. Ça a été payant jusqu'à présent.