Plus

Interview Flashscore - Bradley Locko (Brest) : "Je disputerai peut-être des matches d'ici la fin de saison"

Bradley Locko
Bradley LockoMatthieu Mirville/DPPI via AFP
Fraîchement auréolé d'une médaille d'argent olympique, Bradley Locko était lancé vers une saison 2024-2025 qui devait signer la confirmation de son immense potentiel. Las, il s'est rompu le tendon d'Achille avant même de pouvoir rejouer avec le Stade Brestois et a vécu l'épopée européenne sans en être acteur. De retour, il pourrait disputer ses premières minutes ce dimanche contre Montpellier (17h15). Pour Flashcore, le latéral gauche a évoqué ses derniers mois et sa joie de refouler les terrains.

Flashscore : Première question évidente, comment allez-vous ?

Bradley Locko : J'ai repris il n'y a pas si longtemps, il y a trois semaines. Ça va, même si j'ai quelques raideurs, ce qui est normal. Mais sinon, je suis en pleine forme. 

On va assister à votre retour ce dimanche ? 

Je pense que je serai dans le groupe ce weekend. Je disputerai peut-être des matches d'ici la fin de saison. 

Au moment de votre blessure, vous étiez sur une dynamique incroyable : comment avez-vous vécu cette situation en étant à la fois proche du groupe et en dehors ?

Évidemment, au début, tu prends un coup, tu te demandes pourquoi ça t'arrive alors que tu performais. Mais après, tu te dis dans ta tête que soit tu t'écrases, soit tu commences à faire ce que tu ne faisais pas d'habitude, à analyser tes matches, à te renforcer, à réfléchir, à gagner en maturité. Il faut prendre ça comme un mal pour un bien, ça m'a permis d'évoluer et d'en tirer du positif. 

Les JO, une expérience indélébile
Les JO, une expérience indélébileNorbert Scanella / Panoramic / DPPI Media via AFP / Stats Perform

Vendredi dans les colonnes de L'Equipe, Morgan Sanson a expliqué qu'il avait vécu plusieurs phases de dépression, notamment après s'être rompu les ligaments croisés du genou avec Aston Villa. Est-ce que vous avez également eu de telles périodes car 9 mois, c'est très long ?

Je n'ai pas été déprimé, je l'ai plutôt bien géré. Ma famille m'a appelé tous les jours, j'ai aussi une petite fille et ça m'a fait relativiser car j'ai vraiment pu profiter d'elle. Grâce à eux, j'ai su relever la tête. 

On voit régulièrement des documentaires où des athlètes sont suivis pendant leur convalescence, avec cette grande part de souffrance. Comment avez-vous tenu entre l'opération et la récupération ?

C'est largement plus dur que d'avoir des matches tous les trois jours, surtout au début parce que tu restes à la maison, tu ne fais rien, tu ne touches même pas un ballon. Le football, c'est ma passion depuis tout petit, j'aime bouger et c'est à partir du troisième ou quatrième mois que tu ressens les progrès, que tu remontes la pente moralement. 

Quand on est latéral, on est toujours un peu hyperactif !

C'est ça, surtout que pour moi, rester à ne rien faire, c'est dur (sourire).

Abordons un sujet plus joyeux : les JO de Paris. Vous êtes le 5e vice-champion olympique que Flashscore interviewe cette saison (après Andy Diouf, Johann Lepenant, Ismaël Doukouré et Joris Chotard) et chacun d'entre vous a une émotion palpable au moment d'évoquer ce moment.

Même si on voulait l'or, repartir avec une médaille d'argent, c'est extraordinaire. On a été suivi par énormément de personnes, il y avait nos familles, l'ambiance était magique, la meilleure que je n'ai jamais vécue. Les JO seront un souvenir que nous n'oublierons jamais. Ça reste dans l'Histoire, c'est à vie. La médaille est dans la chambre de ma petite fille, ce sont des moments incroyables. 

Pas mal le hochet !

(Rires) Ah oui, pas mal du tout !

Sur le soutien reçu pendant sa convalescence
Sur le soutien reçu pendant sa convalescenceFRED TANNEAU / AFP / Stats Perform

Depuis plusieurs années mais surtout depuis votre 3e place l'an dernier et l'épopée européenne, Brest dégage beaucoup de sympathie et donne envie d'être suivi. Vous le ressentez au quotidien ? 

Quand je rencontre les supporters, ce sont toujours de super moments parce qu'on échange, on parle comme si on était des amis. On ne peut pas faire mieux comme supporters, ils sont incroyables, toujours derrière nous, peu importe les résultats. On leur doit tout ça, on joue pour eux, on veut faire le spectacle et donner le meilleur de nous-mêmes pour eux. Ils nous le redonnent, c'est ça qui est incroyable. 

Certains joueurs blessés de longue durée s'éloignent du football et ont du mal à regarder leur club ou d'autres matches. Cela a été votre cas ?

J'ai regardé tous les matches. Blessé ou pas, le foot est ma vie. En plus, je suis un joueur professionnel donc je peux avoir des accès au terrain. Je ne veux pas gâcher cette possibilité de pouvoir aller au stade. 

Le Stade Brestois n'a pas été épargné pas les blessures : vous auriez pu retourner en Europe ?

Jouer tous les trois jours, avec la Ligue 1, la Coupe de France et la Ligue des Champions, il y a une accumulation. On reste des humains, le corps ne peut pas suivre tout le temps. 

Votre rythme de matches baissera la saison prochaine : à présent, votre ambition, c'est le premier tiers de tableau ?

D'abord, c'est match après match et voir ce qu'on pourra faire ensuite. On ne s'est jamais pris la tête sur la place qu'on devait occuper. Avant, c'était rare qu'on finisse 10e. L'important pour le club, c'est le maintien. Une fois que c'est fait, on pourra regarder plus haut. Évidemment, on veut tous jouer une compétition européenne, moi le premier. Mais on peut se retrouver de nouveau à jouer le maintien la saison prochaine, c'est pour ça qu'il faut savoir rester humble. 

Une saison peut varier très vite tant la Ligue 1 est homogène avec des écarts très faibles entre les équipes ?

C'est un championnat très compliqué, avec des défenseurs qui ne te lâchent pas, c'est difficile de marquer des buts. Peut-être que les gens ne s'en rendent pas compte mais nous les joueurs le savons : c'est très serré et très compétitif. 

Vous avez eu des contacts régulièrement avec Eric Roy, son staff et vos coéquipiers malgré le rythme de cette saison ?

Le coach m'a envoyé des messages tous les jours, mes coéquipiers aussi. Ça m'a fait énormément plaisir surtout que j'avais besoin de ces paroles-là. Ils étaient derrière moi, je l'ai vraiment senti. Eric Roy est quelqu'un avec qui on peut discuter, il est compréhensif quand tu as des pépins et les joueurs ont besoin d'avoir quelqu'un comme ça. 

C'est une victoire pour vous de revenir avant la fin de saison ? 

En vrai de vrai, je suis vraiment bien au niveau de mes sensations. Si cela n'avait pas été le cas, je n'aurais pas forcé et je n'aurais pas essayé de rejouer avant la fin de saison. Là je me sens bien donc on verra sur un match ou deux comment ça ira sur le terrain. 

Au niveau des contacts, vu l'impact physique que peuvent mettre les attaquants brestois, vous ne devez plus avoir d'appréhension !

(Rires) On est une équipe agressive, qui ne se laisse pas faire et ça se traduit aussi à l'entraînement. Dès que tu te reviens, tu ne joues plus avec la peur parce que tu as des joueurs qui vont au contact. J'en avais besoin, surtout que je suis un défenseur qui aime bien le duel (sourire).