Flashscore : Comment va le groupe avant ce match capital contre l'Olympique Lyonnais ?
Benjamin Lecomte : tous les matches sont capitaux mais celui-ci est important, oui. La défaite contre Strasbourg est passée, il y a une nouvelle semaine de travail, il faut positiver, travailler et continuer de fournir des efforts pour ramener des points.
À l'aller, il y a 5 semaines, la fin de match avait été cruelle avec un csc dans les arrêts de jeu alors que vous auriez pu gagner ?
C'est le foot et c'est le manque de chance qu'on a depuis le début de saison. Ça tourne rarement dans notre sens. On espère que ça s'inversera à domicile cette fois.
Le mercato a été agité avec notamment les départs de 3 cadres offensifs. Vous-même avez été annoncé partant : comment cela se vit-il de l'intérieur ?
C'est la vie d'un club, il y a deux mercatos dans l'année et forcément des joueurs impactés. Le fait est que je suis toujours là, avec grand plaisir et un beau challenge à relever et qui n'est pas facile à atteindre. On est tous très motivés. Il y a une saison à terminer et on veut que ce soit de la meilleure des manières, avec un maintien qui soit direct ou via un barrage.
La Ligue 1 est très homogène : Montpellier n'est qu'à 3 points du 16e mais vous êtes retombés à la 18e place la semaine dernière. Tout est encore ouvert ?
Ce qui n'est pas évident, ce sont toutes les critiques à notre égard. Elles sont tout à fait normales, je les accepte et les comprends. Il faut mettre des boules Quies, se concentrer uniquement sur nous car c'est seulement nous qui pouvons nous sortir de cette situation. On a manqué une belle opportunité de recoller, on espère se rattraper contre Lyon mais ce sera peut-être dans deux ou trois matches. L'objectif est qu'à la mi-mai, nous soyons barragistes.
Vous avez signé deux victoires de rang contre Monaco et Toulouse, une série semblait lancée mais cela demeure précaire ?
C'est fragile. Il nous manque beaucoup de réussite, il faut être tueurs dans les deux surfaces. Le facteur chance n'est pas avec nous depuis le début de saison. Alors il faut travailler, travailler, travailler. C'est le maître mot pour retourner tout ça. Le championnat est encore très serré dans la zone de relégation. Tout peut se jouer jusqu'au dernier match, jusqu'à la dernière minute comme l'an dernier où Lorient a failli réussir l'exploit et ne s'est pas sauvé pour un but.
La saison dernière, Jean-Louis Gasset avait relancé l'OM en vue de la présente saison. Que vous apporte-t-il au quotidien dans la préparation des matches, notamment sur le fait de vous focaliser uniquement sur vous ?
C'est un très bon choix car il a beaucoup d'expérience dans ce genre de situations. Il a déjà fait l'exploit avec Montpellier et d'autres belles choses ailleurs. Il a ce côté paternel qui fait qu'il nous protège mais il ne faut pas se cacher de tout ce qui se passe. Si on est là, c'est parce qu'on doit être là. Comme il le dit, ça commence par le terrain, à l'entraînement puis en match. Sur la phase retour, on est à 2 victoires en 4 matches. On peut dire que c'est positif parce qu'on n'a pas eu le même rendu comptable sur la phase aller. Une victoire dimanche nous permettrait d'avoir un beau bilan sur cette deuxième partie de saison. On est dans un marathon, ça ne sert à rien de sprinter maintenant pour s'effondrer à la fin. Il faut prendre des points, rester proche de nos concurrents et gagner nos matches capitaux parce qu'on va les rencontrer. Le maintien se jouera là.
À titre personnel, votre place a été remise en question par Michel der Zakarian qui a titularisé Dimitry Bertaud pendant 3 matches, de la 5e à la 7e journée. Réintroduire de la concurrence a bousculé votre ego ?
Je ne l'ai pas vécu comme ça. Ce sont les choix d'un coach, il est libre de me mettre ou pas. J'ai toujours travaillé pour avoir cette place de titulaire et il me l'a redonnée. Aujourd'hui, il n'y a pas d'état d'âme à avoir, cela vaut pour moi comme pour mes coéquipiers. On est là pour sauver un club. Que je joue, c'est bien mais si le coach estime que c'est à Dimitry ou un autre gardien, si c'est la meilleure solution pour rester en L1 je l'accepte. Et si je joue, je veux tout faire pour rester en Ligue 1.
Est-ce que vous percevez une marge de progression après ce mercato agité ?
C'est là où la gestion d'un club prend le pas sur une équipe. Le club avait besoin de vendre et tant mieux pour la pérennité du club, il faut le souligner. Même avec les départs, nous sommes compétitifs et nous pouvons nous maintenir. Il y a bien évidemment des automatismes à recréer, avec les joueurs arrivés et les jeunes qui sont amenés à jouer davantage notamment en raison des blessés. C'est une saison très complexe, à tous points de vue. On n'a plus le temps et il faut que tout le monde soit à plus de 100%.
Sans vouloir vous ajouter davantage de pression, vous avez conscience que Montpellier représente l'un des derniers bastions du football familial qui n'a pas encore été vendu à un fonds spéculatifs international ou un propriétaire étranger ?
Il ne faut pas oublier ce que représente Montpellier par cet aspect là. Je ne sais pas si ça durera mais il faut se souvenir de ça, de ceux qui ont fait ce club. La tâche qui nous incombe est très compliquée mais j'espère qu'on honorera tous les anciens qui ont permis à Montpellier d'être ce qu'il est.
Andy Delort est revenu en janvier : il était parti dans la polémique mais il a montré qu'il demeurait très attaché à la Paillade. C'est important de voir revenir un joueur qui a le club aussi chevillé au corps ?
J'ai eu la chance de jouer avec Andy lors de mon premier passage, je sais tout ce qu'il peut apporter à notre équipe. C'est l'attaquant qu'il nous faut pour nous maintenir. On sait tout l'amour qu'il a pour le club et il veut le montrer.
C'est ingrat parfois la vie de footballeur professionnel ?
Dans le foot, quand tout va bien, tout va bien. Mais dès que ça devient plus difficile, on sort les mitraillettes et on doit mettre le gilet pare-balles. Il faut se la fermer et travailler parce qu'il n'y a qu'en prenant des points que les gens changeront d'avis sur nous. La critique est facile mais on ne voit pas les efforts et les sacrifices qu'on fait, ne serait-ce qu'humainement, parce que ça coûte de vivre une telle situation. Ce n'est pas la première fois pour moi mais pour tous ceux dont c'est nouveau, ce n'est pas évident. Je ne me cache pas. Il n'y a pas tant de bons moments que ça dans une carrière, à moins de ne connaître que le Graal, même si on voit toutes les critiques reçues par le PSG. On accepte et on aimerait bien se maintenir pour fermer toutes les bouches.

Avant de revenir à Montpellier, vous avez vécu deux expériences en Espagne, à l'Atlético et à l'Espanyol. On imagine qu'avoir côtoyé Jan Oblak et Diego Simeone n'est pas anodin dans une carrière ?
Je suis toujours énormément l'Atlético et c'est un club qui a beaucoup de stabilité. Ça fait plaisir à voir. Ça permet la construction. Quand il y a des départs tout le temps, c'est difficile de créer un groupe. Là, il y en a un, avec de grands joueurs qui sont tous humainement incroyables. Ce fut une année exceptionnelle pour moi. Cela vaut aussi très bien pour l'Espanyol, même si j'ai eu 6 mois compliqués pour plein de raisons. J'ai adoré. Cela fait des parties de clubs où j'aurais pu continuer jusqu'à 40 ans, sans souci. Il y a tout ce que j'aime d'un point de vue footballistique et humain pour le haut niveau.
Il y a une différence d'appréhension du poste entre la France et l'Espagne ?
Elle est totalement différente. À l'Atlético comme à l'Espanyol, j'ai eu la chance de connaître des entraîneurs de gardien exceptionnels. Ce sont des mecs que tu voudrais avoir toute ta carrière parce que tu arrives à créer des liens personnels et professionnels qui sont vraiment remarquables. J'ai énormément appris parce que je suis sorti de mon confort avec une nouvelle langue, une nouvelle manière de travailler et si tu es un peu fainéant, ça te fait tout drôle.
Vous avez travaillé avec la légende Thomas Nkono à l'Espanyol ?
Ainsi qu'avec Jesús Salvador qui est actuellement à Al-Ittihad. J'ai beaucoup échangé quotidiennement avec Thomas, c'était très enrichissant. À l'Atlético, c'était Pablo Vercellone, une pépite. Ce n'est pas pour rien que Jan est à ce niveau depuis des années.
Justement, quand on est la doublure d'Oblak, ça se vit comment ?
Ce qu'il faut comprendre, c'est que quand tu arrives dans un club comme l'Atlético, ton rôle est posé. Je n'étais pas venu pour avoir du temps du jeu mais pour être là si on avait besoin de moi. Ton statut est prédéfini : tu travailles et si ton moment arrive, il faut performer. Il y a beaucoup de joueurs sur le banc et aucun ne râle car il faut aider l'équipe, du titulaire au dernier des remplaçants. C'est quelque chose que j'ai rarement vu dans ma carrière. En France, quand tu es sur le banc ou si tu entres 5 minutes, tu n'es pas content. À l'Atlético, il n'y a pas cette mentalité, on se met au service de l'équipe, point barre. Il y a des supporters incroyables, un stade magnifique : j'y retourne demain s'ils m'appellent. Je me suis régalé avec ma femme et mes enfants. C'était le combo parfait, avec des joueurs français pour faciliter l'intégration, le besoin de rapidement parler espagnol pour discuter avec tout le monde et aussi pour les réunions parents-profs (sourire). C'était enrichissant, à tous points de vue.