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Il n'y aura jamais qu'un seul Ricky Hatton

Manchester City a rendu hommage à Ricky Hatton.
Manchester City a rendu hommage à Ricky Hatton.Darren Staples/AFP

Un mois après le décès de Ricky Hatton, les conclusions de l'autopsie ont été rendues publiques : le champion anglais s'est pendu à son domicile dans la banlieue de Manchester.

Ricky Hatton s'est pendu. Voilà la réalité crue, l'épilogue d'une vie extraordinaire au premier sens du terme, achevée de manière tragique. Un mois après l'annonce du décès du boxeur, le rapport d'autopsie publié la semaine dernière a révélé les détails de la mort du working-class hero, survenue le 14 septembre dernier. 

En Angleterre, ce fut un choc. Parce qu'Hatton était bien plus qu'un sportif : c'était un symbole. Gamin de la classe ouvrière, le natif de Stockport dans la banlieue de Manchester était parti de rien pour arriver sur le toit du monde en devenant champion du monde des super-légers en 2005. Immense fan de City, il était suivi par une horde de supporters bruyants, toujours prêts à traverser le monde pour l'encourager et scander qu'il n'y avait qu'un seul Ricky Hatton. 

Mais la vie d'icône populaire a aussi son revers. Sa célébrité s'est accompagnée d'une dépression et d'une dépendance croissante à l'alcool et la cocaïne. Il s'en était d'ailleurs ouvert publiquement, témoignant de sa fragilité. Le costume est envié mais il peut s'avérer trop grand et trop lourd. 

Quand le cercueil skyblue frappé de l'écusson citizen est passé devant lui lors de la procession funèbre dans les rues de Manchester, Wayne Rooney n'a pu retenir son émotion. Lui, l'ex d'United sait mieux que quiconque combien ce fardeau du petit gars de la classe ouvrière devenu superstar et emblème peut peser. Récemment, il a confié l'importance qu'avait eu son épouse alors que lui aussi sombrait, en proie à l'alcoolisme, une tare si commune à des sportifs bercés par la culture du pub. Les deux hommes se côtoyaient et devaient sans doute se reconnaître dans les yeux de l'autre.

Hatton a aussi été dans le coin de Tyson Fury, autre destin hors normes du sport britannique. Le "Gypsy King" aussi a eu droit à son lot de pensées sombres et d'excès en tous genres. Ces deux colosses aux pieds d'argile devaient se comprendre à la perfection, avec une sensibilité qui paraît incrongru dans un tel monde. Leurs parcours relatent les affres de la célébrité, de la pression sociale et sportive et qu'entre deux matches ou deux combats, il y a la vie, tout simplement, et que c'est pas un temps suspendu ou que tout s'arrête comme quand on éteint la télé ou qu'on pose la manette de sa console. 

Hatton avait annoncé son retour dans le ring, un baroud d'honneur prévu en décembre à Dubai. Mais était-ce une fuite en avant, un mirage ou, plus prosaïquement, une façon aussi de surfer sur la mode des exhibitions lucratives ? Peut-être tout ça à la fois. Mais à coup sûr, il aurait salle comble, entouré de tous ses fans qui auraient rappelé qu'il n'y a et qu'il n'y aura jamais qu'un seul Ricky Hatton.