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Interview Flashscore - Vincent Gérard : "C'était vraiment impossible de dire non au Barça"

Vincent Gérard aux Jeux olympiques de Paris 2024.
Vincent Gérard aux Jeux olympiques de Paris 2024.LECOCQ CEDRIC/KMSP/KMSP via AFP
Sorti de sa retraite début avril pour rejoindre le FC Barcelone en tant que joker médical, Vincent Gérard s'est livré pour Flashscore au sujet de son retour à la compétition et ses objectifs pour les deux mois à venir.

BARCELONE - Après un entraînement achevé par une séance de penalties animée par le chambrage avec Dika Mem et Melvyn Richardson, Vincent Gérard s'est assis avec Flashscore France et a abordé sa toute nouvelle condition de joueur du FC Barcelone.

Flashscore : En football, Wojciech Szczęsny est sorti de sa retraite pour débarquer au Barça en tant que joker médical. Vous avez fait de même avec l'équipe de hand. Ce n'est pas commun comme coïncidence !

Vincent Gérard : C'est vrai, c'est marrant (rires). Je n'avais pas suivi son transfert quand j'ai signé, on a fait le parallèle même si j'arrive beaucoup plus tard. C'est rigolo mais c'est aussi triste pour les gardiens blessés. 

Sortir de sa retraite pour venir faire une pige à Barcelone, ce n'est pas commun : comment le vivez-vous ?

Je suis resté en forme toute l'année. Dans ma tête, j'étais en retraite, mais en forme sportive. Il y a eu des propositions. Il a fallu que tout corresponde, que ce soit faisable au niveau familial, que le projet soit incroyable. Et quand Barcelone t'appelle, tu réfléchis à comment ce mouvement est possible. Là, ça l'était, tout coïncidait. Donc c'était top. Ça ne se refuse pas. C'était vraiment impossible de dire non.

Votre position dans la hiérarchie par rapport à Emil Nielsen était-elle claire dès le début ?

C'est très clair : je suis là pour aider Emil à performer, pour qu'il soit bon. Si je dois jouer, je joue. Mais si Emil est bon, on a déjà nos chances de gagner la Ligue des Champions. Mon rôle n'est pas d'essayer de gratter du temps de jeu mais d'aider Emil et l'équipe. 

Comment est-ce qu'on se remet dans l'état d'esprit de la compétition ? 

J'avais arrêté le hand parce que les côtés négatifs supplantaient les côtés positifs. Là, sur deux mois, il n'y a que du positif. C'est vrai qu'il y avait peut-être une appréhension sur le fait de faire des mouvements spécifiques et de se remettre à la compet', mais je ne suis pas là pour jouer une heure par match, je suis là pour aider. Peut-être que je ne vais pas jouer du tout, et ce sera très bien car ça voudra dire qu'Emil aura été parfait. Le club a mis en place un programme progressif pour que je puisse reprendre et avoir des sensations. Et puis, on n'oublie pas comme ça. J'ai vite retrouvé mes repères, les automatismes, les routines d'avant entraînement... La vie de vestiaire m'avait manquée aussi.

Avoir des Français a dû aider votre intégration ?

Oui, c'est vrai que d'avoir les Français avec moi c'est très bien. Dika (Mem) m'a aidé à trouver mon appartement. Tim (N'Guessan) m'explique comment ça se passe, Melvyn (Richardson) aussi. Ils peuvent me traduire les propos du coach dès que quelque chose se passe. Les informations circulent plus vite et quand t'as besoin de t'intégrer, en deux mois comme ça, même si la France et l'Espagne, c'est très proche en termes d’état d'esprit, c'est encore plus pratique.

Est-ce que l'entente a tout de suite été au rendez-vous avec Emil Nielsen ?

Oui, vraiment très bonne. On a été très clair dans ce que le club nous demandait. J'ai été réellement volontaire dans cette voie. Emil a tout de suite compris mon état d'esprit. Il parle un peu français et ça se passe vraiment bien. Je suis là pour une aventure collective, pas pour prendre sa place. Au contraire, je veux qu'Emil soit bon (il insiste). Il faut avoir du caractère, mais moi, je fais en sorte qu'il soit dans les meilleures conditions. À 38 ans, j'ai de l'expérience, je peux m'adapter à beaucoup de situations. 

C'est sans doute aussi une occasion de faire preuve d'entraide propre à la confrérie des gardiens ?

Complètement. Lui, déjà, le fait de sentir qu'il y a quelqu'un avec qui échanger sur ses ressentis, ça peut l'aider et le conforter dans la performance. Ça se passe super bien. On espère que ça sera une réussite.

Comment vous êtes-vous senti pour vos débuts ? Vous avez notamment réussi beaucoup d'arrêts contre le Helvetia Anaitasuna (39-25) ?

Oui ! C'est vrai que bon, ça faisait huit mois... Et c'est revenu ! Je n'ai pas eu trop de douleurs musculaires. J'ai été plutôt agréablement surpris de faire de bons arrêts et que ça se passe bien. Donc, pour l'instant, tout est positif.

Qu'est-ce que ça fait de découvrir un nouveau championnat ? 

J'étais content de jouer au Palau Blaugrana en tant que joueur du Barça et pas tant qu'adversaire. C'est la première fois que je gagnais là-bas, j'avais perdu avec Montpellier (en 2006, mais le MHB s'était qualifié au retour, ndlr). C'est un plaisir de voir son nom écrit sur les écrans du stade. Les gens m'ont bien reçu et applaudi, j'étais très content ! Ça pousse, ça résonne beaucoup, il y a de l'ambiance, c'est cool ! J'ai hâte de voir ce que ça donnera en Ligue des champions !

Szeged est justement la prochaine étape en C1...

Quand on arrive à ce stade de la compétition, c'est toujours difficile. D'un côté, tu te dis que même si tu fais quelque chose là-bas, il faudra faire attention à la maison. Nous devrons faire un match sérieux, avec envie et la volonté d'atteindre le Final Four.

Vous auriez pu retrouver le Paris Saint-Germain, c'est un petit regret ?

C'est vrai que quand j'ai signé, Paris avait gagné d'un but à Szeged (30-31). Ça aurait été un clin d'oeil marrant mais il n'y a pas de déception. Ça m'aurait fait plaisir de retourner à Paris mais c'est le sport, c'est comme ça.

Il y a eu une piqûre de rappel avec la défaite contre Granollers (30-31).

Il y a eu deux matchs perdus cette saison, ce n'était pas arrivé depuis très longtemps. Rien n'est acquis. Mais quand on est capable de mettre de l'intensité pendant l'entraînement, c'est plaisant.

Qu'est-ce qui se passera après ces deux mois ? Avez-vous de nouveaux objectifs en tête ? 

Non. Là, je ne pense qu'à la mi-juin et ce Final Four qu'au weekend du 16 juin. Ensuite, j'arrête. Dans ma tête, c'est décidé, j'arrête.

À chaque fois, vous vous fixez de gros défis.

Il faut aussi ça quand on a tout vécu pour continuer à aller chercher de la pression et de la motivation. Ici, quand tu vois les joueurs qu'il y a, ça donne envie d'être sur le terrain. Ça fait plaisir qu'on pense à toi et ça te donne envie d'être bon aussi.

Vous avez un palmarès XXL mais vous n'avez "qu'une" Ligue des Champions, avec Montpellier. Ça démontre à quel point il est difficile de gagner cette compétition. 

Les Barcelonais en ont gagné beaucoup ces dernières années (sourire). Mais c'est vrai que parmi les clubs français, seul Montpellier en a gagné deux. C'est une compétition difficile, très exigeante et il faut être au bon endroit au bon moment. Moi, je suis déjà très heureux de l'avoir gagnée. Mikkel Hansen n'a par exemple pas eu cette chance. Tout peut se jouer à un but, le Barça l'a emporté l'an dernier aux tirs au but. Être du bon côté, ça a été un vrai plaisir.

Comment expliquer qu'il y ait une réelle école de gardiens en France ? 

Je dirais plus qu'il y a plus une école danoise que française mais on a de la chance d'avoir eu de très bons gardiens. Thierry (Omeyer, ndlr) a fait 15 ans, j'ai fait huit ans. On espère que derrière ça va suivre. Il y a une volonté, notamment dans le pôle de Strasbourg. Plutôt qu'une école français, on pourrait parler d'école strasbourgeoise car Thierry et moi sortons du pôle du Stras' (sourire). Là, on a deux gardiens montpelliérains, on espère qu'ils prendront la relève. 

En Equipe de France, vous avez pu assister à ce renouvellement. Pensez-vous qu'ils auront également une telle longévité ? 

Ça, on ne sait jamais. J'espère qu'ils prendront le relais. Rémi (Desbonnet, ndlr) a le caractère pour cela, il le fait bien. Charles (Bolzinger, ndlr) est jeune, mais capable et peut être décisif. À eux de prouver et de durer.

Gardien de but est un poste très spécifique. Avec le recul, réalisez-vous tous les efforts, notamment mentaux, que vous avez faits pendant votre carrière ? 

Tu commences le haut niveau quand tu entres en seconde, moi c'était en 2000-2001, donc ça fait 25 ans. Au bout d'un moment, il y a une lassitude qui peut s'installer. C'est sûrement aussi pour ça que j'ai arrêté. J'ai eu de la chance d'avoir une carrière riche d'objectifs et de titres, mais c'est compliqué de s'y remettre, d'aller au charbon tous les jours. C'est ce qui fait les grandes carrières.