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Franco Morbidelli, un retour aux sources chez VR46 déjà porteur de grands espoirs

Franco Morbidelli
Franco MorbidelliGIGI SOLDANO / Studio Milagro / DPPI via AFP

Franco Morbidelli est décidément plein de ressources. Après un début 2024 tronquée par une chute, sa deuxième partie de saison chez Pramac avait été suffisamment satisfaisante pour convaincre VR46 de le faire revenir dans son giron cette année. En Thaïlande, "Morbido" a réalisé un weekend de grande qualité qui suscite déjà l'enthousiasme.

Il y a un an, Franco Morbidelli enfourchait une Pramac sans l'avoir développé en raison d'une commotion cérébrale reçue lors d'une chute au Portugal à l'occasion d'un tournage promotionnel de Ducati qu'il venait rejoindre. 

Lors de la présentation de la nouvelle VR46, écurie où il a signé un contrat d'un an, "Morbido" est revenu sur cette gamelle qui l'avait envoyé inconscient à l'hôpital : "c'est certainement une blessure qui m'accompagnera toute ma vie. La blessure que j'ai eue à Portimão, comme aussi celle que j'ai eue au genou en 2021 et à la jambe en 2015 et toutes les blessures que subit un pilote restent. Elles font partie de la carrière sportive et de la vie au sens général. Est-ce que j'y pense ? Non. De toute façon, je ne me souviens de rien donc je ne repense pas à ce moment-là. Je ne peux pas l'associer à un choc, je l'associe plutôt à une expérience dont on m'a parlé". 

L'Italien était proche de la fin en MotoGP car il avait signé pour une seule saison avec le team satellite désormais équipé par Yamaha. Avec deux 18e place consécutives puis 3 abandons lors des 4 GP suivants, le Romain a vécu un premier quart de saison délicat mais il a toujours su laisser entrevoir un espoir. Ce fut le cas au Mans lors du GP de France, achevé à la 7e place. 

À partir de la 7e levée en Italie, "Morbido" a signé sept Top 6 le dimanche. Même quand il est tombé à Saint-Marin et en Thaïlande, il a pris des points sur la sprint (3e et 6e). Finalement, il a terminé 9e du classement des pilotes, à égalité de points avec Álex Márquez (173). Au moment d'évoquer 2024, le Romain a considéré qu'il fallait l'analyser en deux parties : "la première moitié avait d'abord permis de comprendre si j'allais bien, et aussi d'apprendre à connaître l'équipe et la nouvelle moto. C'est clairement une année qui n'avait pas commencé du bon pied, mais qui s'est malgré tout très, très bien poursuivie. Il est certain qu'avec ce qui s'était passé au début de l'année, je n'ai pas pu exprimer tout mon potentiel".

Une moto à son image ?

Au bénéfice du changement de crèmerie de Pramac, VR46 est devenu le premier team satellite dans la hiérarchie de Ducati et, avec le départ de Marco Bezzecchi chez Aprilia, il y avait un guidon de libre. Au vu des performances, du départ également d'Enea Bastianini, passé sous pavillon KTM chez Tech3, Morbidelli est devenu un choix logique pour replacer l'écurie parmi les meilleures du paddock, quand Bezzecchi avait terminé 3e derrière Pecco Bagnaia et Jorge Martín, en 2023, et que Luca Marini avait pris le 8e rang. 

Son arrivée est plutôt un retour : "Francky" fut en effet le premier "étudiant" de la VR46 Academy. Le directeur de l'équipe, Uccio Salucci, le connaît donc très bien et ce retour aux sources s'effectue aussi avec Idalio Gavira, coach de pilotage, qui a ciblé des axes de progression pour profiter à plein de la moto de 2024 qui a fait ses preuves. D'ailleurs, pour Salucci, le comeback de Morbidelli n'est pas un one-shot : "pour moi, Franco n'est pas là que pour une seule année. Son contrat très clair, il a la possibilité de rejoindre une équipe d'usine 2026, il est libre. Mais dans mon esprit, nous commençons un projet avec Franco en 2025 et j'espère qu'il va rester dans notre équipe pendant plusieurs années".

Valentino Rossi l'a martelé : 2025 doit être l'année du retour au premier plan de VR46. "Les attentes de l'équipe sont très élevées parce que nous sommes la deuxième équipe de Ducati et que ces dernières saisons, Ducati a été très performant et très fort, a expliqué le Doctor. Nous espérons nous battre pour quelques podiums durant la saison, pour quelques victoires si c'est possible, et essayer d'être à l'avant au championnat, peut-être dans le top 5".

Manifestement, Morbidelli est dans le même état d'esprit, même quand des éléments contraires interviennent. Le premier weekend de la saison a en effet commencé de manière ambivalente, avec une qualification en Q2 avec le 6e chrono mais une pénalité de 3 places sur la grille. Une sanction qu'il a sagement acceptée. Bien lui a pris : il a engrangé 18 points.

Une bonne surprises, selon ses dires : "je ne m'attendais pas du tout à une course de ce genre en partant 9e. Avec la pénalité de vendredi, je naviguais à vue, je n'avais pas de grandes ambitions pour cette course". Mais à mesure des tours, "Morbido" a senti que sa monture en avait dans le ventre : "une fois que je suis parti, j'ai vu que j'avais un gros potentiel et j'ai essayé de me frayer un chemin dans le peloton le plus vite possible".

Après trois saisons en demi-teinte, notamment avec Yamaha, le Romain semble retrouver des sensations et les attentes autour de lui. C'est en tout cas l'avis de Pablo Nieto, son team manager : "avec Franky, je pense qu'il faut faire quelque chose de très spécial. Quand on prend du plaisir en course, c'est là qu'on peut être très bon. Il faut sentir la pression, celle des sponsors, des supporters, à tous les niveaux. Car si on l'a, c'est qu'on peut faire quelque chose d'important".

Morbidelli pressentait un bon début de saison après les essais effectués depuis plusieurs mois. Si son coéquipier Fabio di Giannantonio a vu sa préparation tronquée par une fracture de la clavicule qui continue de l'handicaper, "Francky" pensait-il commencer aussi fort ? Déjà capable de lutter pour le podium, il semble avoir retrouvé l'étincelle qui fait de lui l'un des pilotes les plus divertissants de la grille.