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Interview Flashscore - Ibrahima Diallo : "Le Qatar a un fort potentiel et attire de plus en plus"

Ibrahima Diallo a trouvé sa place au Qatar.
Ibrahima Diallo a trouvé sa place au Qatar.Photo Qatar Stars League

Au Qatar depuis 2023, Ibrahima Diallo évolue cette saison sous les couleurs d'Al Ahli Doha. Ancien international espoirs français, il n'a pas renoncé à un avenir international, et raconte son expérience dans un pays où le football se développe de plus en plus, avec un œil ému sur son ancien club de Brest, et quelques souvenirs de Monaco...

Bonjour Ibrahima, comment ça va ? La préparation physique s'est bien passée ?

Oui, ça s'est plutôt bien passé, on a fait une grosse présaison, avec le coach, le staff, qui a mis assez d'intensité. Après c'est toujours un peu compliqué, parce qu'il fait toujours très chaud pendant cette période, donc les entraînements au niveau du système immunitaire, ça chauffe beaucoup. Mais écoute, ça se passe plutôt bien. Il y a un bon groupe, les gens sont plutôt concentrés, déterminés. Malheureusement, on a perdu le premier match, mais c'est quelque chose qui arrive, et on a à cœur de très vite gagner notre premier match.

Tu as senti justement sur ce premier match qu'il y avait quelque chose qui se mettait en place, malgré la défaite, que ça pouvait quand même se lier un petit peu au niveau de l'équipe ? 

Oui, je pense qu'il faut se baser sur ce qu'on a fait déjà en pré-saison, parce qu'un match, c'est toujours particulier, surtout le premier, on a vu d'autres équipes favorites, qui n'ont pas très bien débuté non plus, donc un premier match, c'est toujours particulier. Maintenant, je pense qu'on a très bien travaillé, le groupe, comme j'ai dit, est bien, il y a plutôt une bonne atmosphère avec des joueurs de qualité, donc il faut juste que tout ça se mette en place. Il y a aussi pas mal de nouveaux joueurs, donc c'est normal que parfois ça prenne un peu plus de temps pour se voir dans les résultats, mais en tout cas, c'est plutôt de bonnes nouvelles. 

C'est déjà ton troisième club au Qatar, qu'est-ce qui fait que t'as autant bougé en si peu de temps ? C'est histoire de vraiment trouver chaussure à ton pied par rapport à ça ?

Alors là, il faudrait une interview de trois heures peut-être ! Non, c'est juste des faits, des aléas, des choses qui ont fait que j'ai bougé, mais voilà, en tout cas, tous les clubs dans lesquels je suis passé, j'en garde vraiment une très bonne expérience, j'ai pu apprendre de tous les clubs, j'ai rencontré des bonnes personnes, que ce soit mes coéquipiers, que ce soit les staffs, donc moi je suis quelqu'un qui regarde toujours vers l'avant, donc là je suis à Al Ahli Doha, très content, très bon club, et je suis impatient de pouvoir faire la saison avec ce club-là, en espérant qu'on ait des très bons résultats, que ce soit collectifs et même individuels.

Comme tu as connu ces trois clubs, tu es plutôt apte maintenant à juger du niveau de la Qatar Stars League. Qu'est-ce que tu en penses toi, à titre personnel ? Ça fait deux ans que tu es là, tu as joué un peu partout, qu'est-ce que tu penses du niveau ? 

Le niveau est plutôt bon, j'ai été agréablement surpris quand je suis arrivé, parce qu'on entend un peu de tout, mais moi j'aime bien me faire ma propre idée en vivant la chose, et il y a plutôt un bon niveau, il y a parfois certains écarts entre les très grosses équipes et les équipes du bas de tableau, mais en général c'est plutôt un bon niveau, donc j'ai été agréablement surpris.

Au niveau de la vie au Qatar, on entend toujours beaucoup de choses. Qu'est-ce que tu peux nous dire toi là-dessus ? Parce qu'on entend tout et n'importe quoi sur la façon de vivre, le climat, qui a un impact quand même sur ce que tu fais toi au quotidien, c'est quelque chose auquel tu t'es adapté rapidement ? 

Le climat, tu ne peux pas vraiment t'y adapter, mis à part si t'as un métier d'intérieur où justement c'est beaucoup plus facile à gérer, mais quand t'as un métier d'extérieur encore plus, qui demande un effort intense physique, tu ne peux pas vraiment t'y habituer, parce que c'est vraiment dur en fait. Il y a une énorme humidité, surtout les mois de juillet et août en particulier, donc ça sur le coup, il faut juste faire un peu le dos rond pendant plusieurs semaines. Mais sur le reste de l'année, c'est juste magnifique, parce que t'as un temps hyper agréable, la vie là bas est très agréable aussi, surtout moi qui ai une famille avec des enfants, c'est vraiment très adapté, donc non, sur ce côté là, c'est que du positif. 

Et comment les clubs vous mettent justement dans les meilleures dispositions, quand il y a ces excès de chaleur ?

On essaie de faire au mieux déjà, les horaires d'entraînement changent, parce que c'est complètement différent qu'en Europe, on s'entraîne quand le soleil tombe, quand le soleil se couche plutôt, et quand la température est la plus supportable, même si au final, j'ai l'impression qu'il y a peut-être un peu plus d'humidité le soir, mais on va dire que pour déjà, faire au mieux, c'est de s'entraîner à des heures particulières. 

Tu es prêté à Al Ahli Doha cette saison, tu penses que ton équipe peut jouer le titre ? Ou alors, ce n'est pas l'objectif déclaré de ton équipe ?

Je pense que chaque équipe doit avoir l'idée de jouer le plus haut. Maintenant, quand on prend l'historique du club, ce n'est pas forcément un club qui jouait régulièrement le titre, donc forcément, on doit être réaliste par rapport à ça. Je pense que l'équipe s'est améliorée, je pense que l'équipe est plutôt complète.

Mais ce qu'il faut prendre en compte cette année, c'est qu'ils ont changé les règles. On a le droit a plus de joueurs internationaux qui peuvent être sur la feuille de match, mais par contre, tu ne peux pas tous les mettre titulaires. Et à chaque fois, tu dois remplacer un joueur international par un autre, donc il y a beaucoup de choses qui changent dans les règles. Et ça, en fait, c'est une inconnue pour toutes les équipes, et c'est dur de se projeter. Je pense que le plus important, c'est vraiment de se concentrer, de prendre match par match. Mais en tout cas, moi, j'y crois. Je pense qu'on a le groupe pour faire quelque chose de très intéressant cette année. Il n'y a pas de raison, en tout cas, de se limiter, on va dire. 

Et justement, en termes de chiffres, ça donne quoi ? Est-ce que tu m'expliques sur le nombre de joueurs internationaux qui peuvent jouer tout ça en même temps ?

En fait, il y a six internationaux qui peuvent être titulaires. Et, à chaque fois, si tu veux faire un changement, faire entrer un international du banc, tu dois sortir un autre. Donc, c'est compliqué. C'est-à-dire que même si, je ne sais pas, tu as tous les internationaux qui sont plutôt bons sur le terrain, mais tu veux en faire entrer un autre, tu seras obligé de faire un changement peut-être que tu ne voulais pas forcément faire. Donc, c'est vraiment compliqué à gérer. Et ça peut faire d'énormes différences sur la manière…

En fait, quel staff ou quelle équipe va gérer ça au mieux ? Enfin, il peut y avoir beaucoup de choses. Il y a un côté humain parce que c'est particulier. Quand tu es international, tu viens avec un certain statut. Quels seront les tempéraments dans l'équipe qui vont pouvoir peut-être mettre leur ego de côté ? Donc, ça sera particulier. C'est vraiment cette année qu'ils ont mis ça en place.

Et qu'est-ce que la Qatar Stars League a avancé comme raison ? Il y a une explication qui est donnée ? 

Je ne pourrais pas vraiment te dire. J'ai demandé. Moi aussi, j'ai essayé de savoir. Je n'ai pas eu de réponse claire sur vraiment qu'est-ce qu'ils essayaient de faire, pourquoi ils ont mis ça en place. Je ne sais pas exactement. Donc, je ne vais pas dire de bêtises. Mais je pense qu'ils savent ce qu'ils font. C'est peut-être une expérience. Je ne sais pas.  C'est vrai que ça va dans les deux sens. C'est pour ça que je ne comprenais pas vraiment leur intérêt à ça, en fait. Mais bon, c'est aussi pour protéger sans doute un peu les joueurs locaux. Ça peut se comprendre.

Ibrahima Diallo a trouvé ses marques au Qatar.
Ibrahima Diallo a trouvé ses marques au Qatar.Qatar Stars League

Un coéquipier comme Julian Draxler, c'est important dans une équipe comme ça. Il est en fin de carrière, mais malgré tout, ça reste un des plus grands noms que la QSL ait actuellement. C'est quelqu'un qui est venu pour dispenser son savoir à d'autres joueurs et découvrir autre chose ?

Tout le monde sait quel joueur est Julian Draxler. Je pense que c'est une chance de l'avoir dans son équipe. Il peut beaucoup apporter, que ce soit sur le terrain ou même en dehors. Ça peut être un exemple pour les jeunes joueurs. Non, c'est vraiment intéressant de pouvoir l'avoir dans l'équipe. Ça, c'est sûr. 

Tu avais lancé ta carrière à Brest (de 2018 à 2020, NDLR). Tu as connu la montée en Ligue 1. Brest, depuis que tu es parti, a changé de dimension. Ça t'étonne, ce qui s'est passé à Brest ces deux dernières saisons ? Le podium en Ligue 1, le parcours en Ligue des champions qui était incroyable, avec quand même des joueurs qui étaient de l'époque où toi tu y étais. Ça t'étonne, ce parcours-là ?

Qu'il y ait une progression, ça ne m'étonne pas du tout. Maintenant, la Ligue des champions, je pense que c'était un peu inattendu quand même, parce que ça s'est fait assez vite. Mais je savais que le projet était solide. Il y avait des bases très solides, avec des gens très intelligents qui avaient une vision à la tête. Et moi, ce qui est bien, c'est que j'ai pu vraiment être au tout début du projet. Et Grégory Lorenzi, le directeur sportif, à l'époque m'avait déjà un peu expliqué sa vision. Et moi, j'étais un peu la première pièce, dans ce projet de jeunes que Brest voulait faire à la base, ramener des jeunes talents pour les faire progresser. J'étais le premier joueur avec qui Brest l'avait fait. Je m'en rappelle à l'époque. Et donc, j'avais extrêmement bien parlé avec lui. Donc, je savais que le projet était intéressant et qu'il allait aboutir à quelque chose de très intéressant. Mais maintenant, c'est vrai que ça a été très, très vite, plus vite que ce que je pensais encore.

C'est un club où j'ai vraiment aimé jouer, une ville où j'ai aimé habiter. Et c'est marrant parce qu'au début, en plus, j'avais des inquiétudes parce que je passais de Monaco à Brest, une verticale assez brutale (rires). Donc, je suis arrivé là-bas, je ne connaissais pas du tout la région. Il faisait très froid, alors qu'à Monaco, c'était complètement différent. Et finalement, j'ai été très, très agréablement surpris et j'ai vraiment aimé au final cette région. Les fruits de mer, le beurre demi-sel (rires). Depuis que je suis parti de Bretagne, j'en mange beaucoup. Mais non, en tout cas, pour parler du projet, je ne suis pas surpris. Et je suis très content que ça ait été au-delà des attentes.

Ça ne doit pas être facile à trouver au Qatar, le beurre demi-sel...

Bon, quand même, si, si, si. Tu as quand même des Monoprix. Tu peux trouver quand même (rires).

Cette explosion te fait regretter de ne pas être resté à Brest ?

Non. En fait, quand j'ai fait ce choix-là, je sais pourquoi je l'ai fait. J'avais énormément réfléchi. Et non, non, je ne regarde pas en arrière. C'était une étape. J'ai vraiment kiffé mon passage là-bas. Mais c'est juste que voilà, c'était un moment pour moi où je devais passer à autre chose. Et ça ne m'empêche pas d'être extrêmement content pour mes anciens coéquipiers, le club, tout le monde, même les gens qui travaillent au club dans des métiers de l'ombre. Franchement, je suis extrêmement content pour eux.

Comment tu situes justement la Qatar Stars League par rapport à la Ligue 1 ? Toi qui as connu les deux, qui as joué longtemps dans les deux, tu penses que c'est du même niveau à peu près ?

C'est dur de comparer parce que c'est vraiment deux footballs différents, deux ligues différentes avec des règles différentes. C'est particulier. Par exemple, en Ligue 1, tu n'as pas de limite d'internationaux. Mais on va dire que le football français est quand même plus reconnu mondialement. Ça c'est sûr. Donc je pense que la Ligue 1 est quand même à un niveau supérieur. Ils sont en avance. Après, je pense que dans le Golfe, et on le voit même dans d'autres pays, le Qatar a un fort potentiel et attire de plus en plus. Donc je pense surtout qu'ils ne sont pas à une timeline similaire. 

Comment le Golfe a fait pour améliorer son image ? Quand le marché s'est ouvert en 2023, l'image n'était pas nécessairement bonne...

Je pense qu'il y a plusieurs choses. Déjà, je pense que, comme on a dit, les pays en eux-mêmes, je parle hors football là déjà, attirent de plus en plus parce que tu as une qualité de vie incroyable. Ça, c'est la première chose. Par exemple, moi, je peux l'expérimenter. Quand tu as une famille et que tu vis dans un pays comme le Qatar, tu as une qualité de vie, des services, etc... que tu ne peux retrouver nulle part dans le monde. Donc ça, c'est un premier point.

Le deuxième point, c'est que, comme beaucoup de championnats avant, on a pu voir une époque en Russie, on a pu voir une époque en Chine, pour attirer, ils ont proposé des salaires plus conséquents que dans les championnats européens. Ça, c'est une réalité aussi. Après, ils ont été malins. Ils ont su attirer des ambassadeurs extraordinaires. En Arabie saoudite, ils ont commencé avec Cristiano Ronaldo. Je pense que ça a conforté, ça a donné confiance aux autres joueurs pour se dire que si Cristiano le fait, c'est qu'en fait, il y a quelque chose à faire là-bas, ça peut être intéressant. C'est une stratégie qu'ils ont mis en place qui porte ses fruits pour l'instant, on peut le dire.

On peut le voir au Qatar, ils ont amené Marco Verratti. Il y a plein de choses comme ça qui font que tu dois commencer avec des bases, des choses solides qui vont permettre d'ouvrir un peu la porte et d'attirer d'autres. Ça prendra du temps, mais en tout cas, c'est plutôt bien parti pour l'instant.  Ce n'est pas toujours évident de suivre, mais c'est vrai que ce que j'en vois, il y a quand même une progression linéaire qui est assez intéressante. 

Tu as été international dans les catégorie de jeunes, tu as été international espoirs, et ça s'est arrêté d'un coup. C'est quelque chose qui est encore dans un coin pour toi ou c'est une page qui est tournée ? 

C'est-à-dire ? En général ou l'équipe de France ? L'équipe de France, pour être clair, je vais être tout à fait honnête, je n'ai pas le statut, la situation pour être sélectionné. J'ai kiffé en jeunes toutes les catégories où j'ai pu être sélectionné. C'était une très bonne expérience.

Et ensuite, oui, il y a mon frère (Abdou Diallo, qui évolue également en QSL à Al Arabi, NDLR) qui a choisi le Sénégal. C'est une option pour moi. À l'heure actuelle, je n'ai pas fait de choix. Pour l'instant, je suis concentré sur le Qatar, sur mon club, et je suis très heureux comme ça. Peut-être à l'avenir, pourquoi pas, si je décide de vouloir jouer pour une sélection. Après, ce sera à moi aussi d'être dans la position pour l'être, parce qu'il y a de très bons joueurs aussi. Quand je parle du Sénégal, ils ont une très bonne sélection. Ils ont gagné récemment une Coupe d'Afrique des Nations. Mais à l'heure actuelle, ce n'est pas à l'ordre du jour, notamment pour la prochaine CAN. Ça arrive très vite, mais ce n'est pas dans les plans. Par contre, je serai le premier supporter. Parce que j'aime le Sénégal, et en plus de ça, il y a mon frère qui joue, donc c'est encore plus important pour moi. 

Et jouer avec ton frère, justement, c'est quelque chose qui est possible d'ici la fin de la carrière ? Vous vous êtes dit qu'il faudrait faire une saison ensemble à un moment ?

On ne s'est pas forcément dit ça, non. C'est déjà bien pour nous de pouvoir jouer l'un contre l'autre. C'est déjà bien de pouvoir être voisin, déjà. Et en plus, le fait d'être voisin, ça change beaucoup de choses. Depuis qu'on est pro, on n'a jamais été proche. On était dans des pays différents à chaque fois. Et là, en fait, ça change toute notre vie parce qu'on se voit très régulièrement. Moi qui ai des enfants, il peut voir ses neveux et nièces. On n'a plus ce manque, on peut se voir assez régulièrement. Pour l'instant, on est plutôt très bien comme ça. On n'a pas forcément dit qu'il faudrait qu'on joue ensemble. Il y a une possibilité, pourquoi pas, avec plaisir. Mais sinon, ce n'est pas une obsession. C'est un facteur qui facilite la vie de chacun au Qatar.

Tu as gagné la Coupe Gambardella en 2016 avec Monaco. Cette équipe, quand on la regarde aujourd'hui, est totalement hétérioclite, entre Kylian Mbappé, des joueurs qui jouent dans des championnats mineurs, certains qui ont arrêté leur carrière. Comment se fait-il que tout le monde n'ait pas franchi le pas ? 

Je pense surtout que ça doit se mettre en valeur ceux qui l'ont fait. Je pense que c'est un très bon exemple pour que les gens comprennent et voient encore une fois que jouer au football et même intégrer un centre de formation, c'est bien, mais ce n'est pas un gage de sûreté pour devenir professionnel. Il y a tellement de joueurs qui veulent le devenir et même des joueurs qui ne rentrent pas dans un centre de formation, ce n'est pas pour ça qu'ils ne vont pas devenir professionnels. C'est extrêmement compliqué. Il y a très peu de place.

Tu peux dire qu'il y en a qui ont fait plus d'efforts, d'autres qui ont été plus sérieux, etc... Mais parfois, c'est juste des opportunités, être là au bon moment, avoir le coach qui croit en toi, avoir l'agent qui a tel contact. C'est aussi une vérité. Il y a tellement de paramètres à prendre en compte. Il y a des gens plus forts que d'autres qui n'ont pas réussi. C'est une réalité aussi. Le foot, ce n'est pas que "tu rentres sur un terrain et qui sera le meilleur deviendra professionnel". Parfois, c'est la famille. Malheureusement, elle peut te mettre des bâtons dans les roues, sans le vouloir parfois, mais c'est une réalité. Parfois, c'est eux qui vont te faire monter. C'est la vie. Dans tous les domaines, même hors football, c'est comme ça.

Mais encore une fois, il y en a qui n'ont pas réussi dans le football. Ce n'est pas pour ça qu'ils n'ont pas eu une très belle réussite dans un autre domaine. Il n'y a pas forcément de recette magique. C'est juste la vie. Pour ceux qui ont réussi, tant mieux. Et pour ceux qui n'ont pas réussi, à eux de réussir dans un autre domaine, tout simplement.

C'est un regret de ne pas avoir réussi à percer à Monaco pour toi ?

Non, parce que j'aurais pu forcer un peu plus. C'était un choix délibéré. Je suis parti très jeune. J'avais signé mon contrat pro. Ils croyaient en moi en tant qu'espoir. Mais j'ai vu d'autres avant moi un peu plus forcé là-bas et au final, il s'y sont perdus. Malheureusement, je pense qu'à l'époque où on était à Monaco, en professionnel, il y avait énormément de joueurs de très haut niveau et de très haut statut. Parfois, c'est des clubs qui ne vont pas forcément donner la chance aux joueurs qui vont être formés chez eux. Ou alors très peu.

On l'a même vu à l'époque, je me rappelle, avec Kylian Mbappé. C'est drôle quand tu regardes maintenant sa carrière, mais il a dû pousser et forcer avec son camp pour qu'on lui donne réellement sa chance. Alors que c'était clairement le plus gros talent. Donc moi, je n'ai pas voulu prendre ce risque-là. J'ai voulu prendre un risque peut-être plus gros au début, mais qui ne tente rien à rien. Et je pensais que c'était le bon moment pour moi. 

Donc j'ai décidé de partir en prêt à Brest en étant très jeune, dans un club qui était ambitieux en Ligue 2, avec des joueurs d'expérience déjà. Et sur un an, tu as très peu de temps pour vraiment faire ta place, t'imposer. Donc c'était un risque. Mais au final, le risque a payé et je ne regrette pas. Mais ça aurait pu être aussi un risque trop important. Et peut-être qu'après, je serais revenu en Monaco avec un échec en Ligue 2. Donc mon statut de grand espoir peut-être aurait pris un coup aussi. C'était un risque à prendre, mais je l'ai pris et ça a plutôt payé. Donc je suis plutôt satisfait.