Plus

L'Olympique de Marseille, un promu avec de l'ambition pour son retour en Première Ligue

Les Marseillaises au Vélodrome.
Les Marseillaises au Vélodrome.PSNEWZ/ Profimedia
Après avoir lutté pendant quatre saisons pour retrouver sa place en première division féminine, l’Olympique de Marseille a mis les moyens qu’il fallait cet été pour s’inscrire sur la durée en Arkema Première Ligue. Recrues phares, nouveau stade, nouvelle pelouse, plus de personnes dédiées aux féminines en interne… À l’heure où des clubs de Ligue 1 cherchent à se débarrasser de leurs sections féminines, l’engagement de l’OM détonne.

Le 18 mai dernier marquait un jour tant attendu à Marseille. Après avoir lutté pendant plusieurs saisons pour retrouver la première division féminine et recruté toujours plus de joueuses expérimentées pour espérer enfin quitter la Seconde Ligue, l’Olympique de Marseille était sacré champion de D2, grâce à une victoire 3-1 à domicile face à Toulouse. Avec l’assurance de retrouver l’élite la saison suivante. 

Dans son histoire, l’OM a connu plusieurs passages en première division. Plus récemment en 2016-2017, où à l’époque les Marseillaises avaient signé la meilleure saison d’un promu en D1 en finissant 5e et en battant le PSG. Avant de redescendre en D2 la saison suivante. Les Phocéennes avaient même fait l’ascenseur lors de la saison 2019-2020, tronquée par l’arrêt du championnat en raison du Covid-19. Et ce passé-là, les dirigeants actuels de la section féminine l’ont bien en tête. "L’Olympique de Marseille met énormément de moyens, notamment humains, infrastructurels, de façon à ce que cette équipe puisse repartir en première division avec de très bonnes conditions et que ce soit les bases d'un projet à long terme qui permettent donc à l'Olympique de Marseille de retrouver le rôle qu'il mérite d'avoir dans le football féminin", explique Antoine Ferreira, directeur du recrutement.

Du recrutement sur et en-dehors des terrains

Tout juste arrivé dans la cité marseillaise, le nouvel homme fort du sportif de la section féminine est l’illustration de ce changement d’ère voulu par la direction phocéenne : débauché du Paris FC, qu’il avait façonné jusqu’à l’emmener en Ligue des champions, après avoir fait ses classes au Paris Saint-Germain. Là où le recrutement de la saison passée en D2 avait été géré en partie par Ghalem Arbaoui, contrôleur financier au club et le staff, en l'absence de directeur sportif. "On a permis à ce projet de se structurer dans tous les domaines : communication, player care, scouting, un staff étoffé…, liste le nouvel arrivant. On n'est pas Lyon mais aujourd'hui on est structuré comme un club de très haut niveau en France."

Avec un budget important, cinquième plus conséquent de Première Ligue, Antoine Ferreira a bâti un effectif ambitieux. D’abord Mathilde Bourdieu et Margaux Le Mouël, internationales françaises arrivant du Paris FC, puis Salomé Elisor, en provenance du Havre, ou encore Naomie Bamenga, courtisée par plusieurs clubs de Première Ligue et annoncée comme une milieu offensive prometteuse. À qui s’ajoutent Melissa Herrera, Jody Brown, Margot Shore, Opal Curless ou Maria Thorisdottir, internationale norvégienne aux 63 sélections et passée par Chelsea ou Manchester United. 

"On a un recrutement aujourd'hui qui se veut ambitieux, qui se veut à la taille du projet de l'Olympique de Marseille, mais tout ça en gardant toujours les pieds sur terre. On n'a tout simplement fait aucune folie sur le marché", promet Antoine Feirrera. Il le répète, l’OM mise sur le long terme et veut "remettre l’église au milieu du village" : "C'est-à-dire de faire en sorte que l'OM redevienne un club qui compte énormément, et notamment dans le football féminin."

Un projet féminin porté par McCourt et Longoria

Car si l’Olympique de Marseille mise autant sur ses féminines, c’est beaucoup grâce à Frank McCourt, conscient que la marque "OM" ne peut se conjuguer qu’au masculin. L’homme d’affaires américain le sait bien en constatant l’engouement sur ses terres : le football féminin est un marché en pleine expansion et le club veut faire partie de ceux qui en profitent. La question est aussi sociétale, avec l’ambition de mettre en valeur le sport féminin et donc le football féminin, et de suivre l’évolution des mentalités concernant la place de la femme. 

L’envie de voir une section féminine marseillaise compétitive ne date donc pas d’hier. Mais Frank McCourt, arrivé à la tête du club en octobre 2016, alors que l’équipe masculine était en grandes difficultés, a dû attendre cette remontée en Première Ligue pour mettre en œuvre son projet. Après avoir largement financé l’équipe même lors de ses saisons en Seconde Ligue, l’OM proposant parfois des salaires plus attrayants que ceux de certains clubs de Première Ligue. Cette équipe féminine de retour en première division doit donc performer : McCourt a mis l’argent et chargé Pablo Longoria de son succès sportif.

Le président phocéen avait d’ailleurs semblé très préoccupé au moment d’évoquer la montée de l’Olympique de Marseille en Première Ligue en mai dernier. "Êtes-vous fière de voir l’équipe féminine dans ces conditions ?", demandait-il à une journaliste qui l’interrogeait sur le futur stade où évolueront les récentes promues, le Campus où évoluaient les Marseillaises en D2 n’étant pas aux standards de la D1. "Moi non plus", répondait-il. 

Les installations, un "travail prioritaire" pour l'avenir

Et c’est un peu la seule ombre au tableau pour l’OM avant de lancer sa saison. Les joueuses s’entraînent pour l’instant à l’OM Campus, où les vestiaires sont faits de préfabriqués. Mais le club s’active pour que les choses changent rapidement, profitant de l’année de transition accordée aux promus dans le règlement de l’Arkema Première Ligue. "On a déjà investi sur le terrain d'entraînement avec la mise en place d'un synthétique qui est quasi unique en Europe, puisqu'il n'y a que le PSV Eindhoven et un troisième club qui l'ont, qui transmet les sensations d'un terrain hybride, mais avec les avantages de maintien d'un terrain synthétique", explique Antoine Ferreira. 

Il promet que "des choses vont être mises en place dans les prochains mois pour permettre aux filles aussi de bénéficier de meilleures conditions d’entraînement" pour avoir des installations "de très haut niveau dans le futur", et assure qu’en comparaison avec les standards de nombreux clubs de l’élite française féminine, l’OM est "loin d’être une équipe à plaindre". Si le club n’a pas encore communiqué, il jouera ses matchs de Première Ligue à domicile au stade Francis Turcan de Martigues, comme l’indique la FFF sur son site web. "C’est la meilleure solution à l’heure actuelle", assure Ferreira, qui ne ferme pas la porte à un changement si s’ouvre la possibilité de jouer à Marseille.

Pablo Longoria l’avait aussi annoncé en conférence de presse fin mai, l’OM féminines va jouer quelques matchs au Vélodrome : deux voire trois selon les dernières informations, avec au moins le Classique face au Paris Saint-Germain. Une décision très vite saluée par le président de la LFFP Jean-Michel Aulas, qui s’était félicité de la montée de l’Olympique de Marseille et du RC Lens en Première Ligue, arguant que les deux clubs sont suivis par énormément de clubs et pourraient ainsi faire progresser le football féminin français dans son ensemble. 

Un objectif de top 3 ou 4 d'ici cinq ans

Une ambition que confirme Antoine Ferreira : "Nous, on sait que le football féminin français est doté d'un potentiel énorme. On a un vivier exceptionnel. Maintenant, il faut que les grandes institutions françaises puissent maximiser le potentiel de ce vivier. L'Olympique de Marseille est là non seulement pour être compétitif mais aussi pour permettre au football français en général de retrouver un engouement auprès de son public." Avant de penser à porter le football français, il rappelle que l’objectif de cette première saison est de "bien figurer" en Première Ligue, en espérant pouvoir jouer les places européennes d’ici cinq ans. "On veut faire partie d'un top 3, top 4 sur le long terme. Et s'y imposer", confirme-t-il.

Premier point d’étape de ce projet phocéen au féminin : l’OL Lyonnes, en première journée de championnat, au Groupama Stadium. L’occasion de "se jauger" face à "ce qui fait peut-être de mieux dans l’histoire" après une pré-saison mitigée, marquée par une bagarre générale à l’issue d’un match amical face au CE Europa qui a entraîné le retrait de la recrue Maria Thorisdottir et à la mise à pied de son entraîneur Frédéric Gonçalves. C’est donc avec son entraîneur adjoint Dalin Anrifani, 32 ans, et sans sa recrue star en défense que les Marseillaises affronteront les octuples championnes d’Europe, avec l’ambition de concrétiser la "hype" qui s’est créée autour de cette section féminine.

"Toutes les personnes concernées par les différentes situations ont maintenu un calme olympien, sans mauvais jeu de mots, et le groupe aujourd’hui fait preuve d’une vraie sérénité et solidarité. C’est ce qu’on voulait", préfère retenir Antoine Ferreira. En cas de départ de Gonçalves, dont la procédure de mise à pied est toujours en cours, l’OM pourrait frapper un dernier grand coup après le coup d’accélérateur donné au projet cet été : recruter un entraîneur de prestige.