Flashscore : On est à quatre jours du premier match de la saison. Comment vous vous sentez ?
Vicki Becho : Personnellement, je me sens bien. J'ai fait toute la pré-saison avec l’équipe, ça m'a fait énormément de bien. Je me suis bien préparée moi aussi de mon côté. Nouveau staff, de nombreuses nouvelles joueuses, tout s'est très bien passé.
En pré-saison, vous avez joué beaucoup de matchs, c’était important de retrouver cette confiance ?
Oui bien sûr c'est un nouveau staff, donc je me dis que tout recommence à zéro et j'avais à coeur aussi de mon côté de montrer ce que je pouvais faire et ce que je savais faire pour aider l’équipe au maximum. Je me sens en confiance, je suis proche de mon meilleur niveau. Mais après, il faut continuer comme ça. Je fais bien ce que je fais, mais il faut faire plus. Il faut plus travailler. Ça va venir aussi avec le temps, en prenant plus de confiance. Je ne me précipite pas.
Qu’est-ce que vous demande le coach ?
Lui, il me demande tout simplement de m'exprimer. C'est un coach qui a vu pas mal de nos matchs la saison dernière. Il me connaissait avant cette saison. Il m'a toujours dit qu'il connaît mon potentiel, mais qu'il trouve que ces derniers temps la saison dernière je me suis un peu éteinte, un peu mise en retrait. Il veut ressortir le meilleur de moi-même. J’ai confiance en lui, j'essaie de lui rendre la pareille. Franchement, je me sens bien avec lui. J'espère que ça va continuer comme ça.
La saison passée était plus compliquée, vous aviez très peu joué… Mentalement ça doit faire du bien d’avoir ce nouveau chapitre.
Oui, bien sûr. Après, pour moi, c'est une saison où j'ai pas mal appris. Parce qu'on n'apprend pas que lorsqu'on joue, lorsqu'il y a des moments où c'est plus difficile c'est là qu'on apprend le plus. Je garde ça en mémoire et ça va me permettre de faire une meilleure saison cette saison et de garder en tête mon objectif et de revenir meilleure et de tout donner pour mon équipe.
Les cadres vous ont aidée dans ces moments-là ?
Toute l'équipe m'a beaucoup aidé la saison dernière. Ce n'était pas la meilleure saison pour moi l'année dernière, mais pour quelques unes aussi. On s’est toujours bien encouragées et on s'est senties soutenues. On a un groupe solide, un groupe qui pense aux autres. J'ai toujours senti que je pouvais parler à n'importe quelle fille des moments les plus difficiles. On est comme une famille à Lyon donc je pense que je suis dans le meilleur environnement environnement pour progresser pour me sentir le mieux possible.
Vous aviez travaillé de votre côté cet été avant la reprise ?
Oui j'ai pris un préparateur physique, avec lequel j'ai beaucoup travaillé avant la préparation avec le club. Donc, franchement, je me suis bien préparée. Quand je suis arrivée aux tests, j'étais très bien. Donc, c'est de bonne augure. Maintenant, on sait que les préparations estivales avec le club, c'est important, parce qu’au mois de novembre, au mois d'octobre, c'est là où on va nous attendre, c'est là qu'on va vraiment montrer la différence. C'est ça qui va faire la différence. Donc, c'est important.
Il y a un nouveau coach, de nouvelles recrues, mais c’est aussi la première saison du club en tant qu’OL Lyonnes. Ça change quelque chose pour vous ?
La mentalité est toujours la même, les objectifs aussi. Je pense que c'est juste un nom qui change, mais sinon la manière de penser est toujours la même. Même les nouvelles qui arrivent, on leur inculque ça aussi, la mentalité lyonnaise. Ça ne change pas grand-chose pour nous parce que ça reste la même chose. C'est important pour nous, avec ce nouveau nom, ce nouveau blason, de continuer à écrire l’histoire.
Sportivement, il y a Jonatan Giraldez, ancien coach du Barça, qui est arrivé avec des idées nouvelles. Vous vous êtes adaptées assez vite ?
Oui, parce qu'il nous parle football, et quand on parle football, peu importe la langue, on comprend facilement, et c'est un style de jeu qui nous plaît, dans lequel on se reconnaît, donc c'est simple, et c'est plus facile pour nous. Donc ça se passe très bien avec lui. On va voir ce que ça va donner sur le long terme. En tout cas, on se sent très bien avec ce nouveau staff.
Sur le style de jeu que Giraldez veut, on a l’impression qu’il vous demande d’être hyper mobiles. C’est ce qu’il vous demande à vous les attaquantes ?
Oui, il nous demande beaucoup de pressing, beaucoup de mobilité. Il nous demande de toujours être en mouvement quand on n'a pas la balle, quand on a la balle. Il ne voit jamais sur le moment-même, il voit toujours après ce qu'on fait. Une fois qu'on reçoit la balle, qu'est-ce qu'on fait après ? Une fois qu'on a passé la balle, qu'est-ce qu'on fait après… C'est un nouveau style mais en tout cas ça nous plaît, ça nous demande beaucoup d'efforts mais c'est des efforts collectifs donc franchement je pense que ça plaît à tout le monde et on commence à bien l’assimiler, donc ça se passe bien.
Dans une interview que l’entraîneur a donné au club, il a dit qu'il voulait apprendre à vous connaître vous les joueuses, en dehors du terrain, pour mieux performer. Vous pensez qu'il a bien réussi ?
Oui, franchement. Moi, j'avais parlé avec lui avant qu'il vienne à l'OL. Le discours était vraiment de connaître la personne pour savoir comment la faire progresser un maximum. Et ce n'est pas que du football, c'est un peu de tout, c'est connaître la personne, c'est ça qui va faire évoluer la joueuse. Donc je pense qu'il le fait très bien, en tout cas je me sens bien avec lui, tout le monde se sent bien. Il essaie de parler français, de s'adapter à la culture française. Donc il fait le maximum en tout cas pour s'intégrer au mieux, pour mieux nous connaître. Et on voit les efforts qu'il fait. On apprécie aussi. Donc on comprend aussi qu'il veut mettre toutes les chances de son côté et de notre côté pour réussir.
Justement, comment vous notez son niveau de français ?
Franchement, très bien. Même lors des séances vidéos, nous les Françaises on va plus parler français. Et il comprend très bien. Après, ça ressemble beaucoup à l'espagnol, mais il comprend bien et il nous parle beaucoup en français. Il aime apprendre et son français est vraiment très bien. Ça fait peut-être un mois et demi ou deux mois qu’il est là. Et dès qu'il est arrivé, il a vraiment fait l'effort de nous parler français. Et même lorsqu'il a du mal à dire un mot, il aime se faire corriger. Ça ne lui pose pas de problème. Il fait vraiment l'effort de parler français. Et on apprécie énormément.
Dans sa communication, il a l’air très positif sur l’équipe.
Oui, toujours. Il me répète souvent la même phrase : "Ce n’est pas l’exécution, le problème, mais la décision qu’on va prendre pour l’équipe ensuite." Il pense toujours à l’équipe en priorité. C'est ça le plus important. Et la manière de penser, moi, j'adore. Parce que c'est comme ça qu'on va aller chercher des titres. C'est toute une équipe. C'est ensemble qu'on va le faire. Tout ce qu'il fait en tout cas pour le moment, nous on apprécie, on aime beaucoup le style de jeu et on sent qu'on est vraiment une équipe encore plus soudée, avec de nouvelles joueuses qu'on a très bien intégrées.
Vous, vous avez déjà vécu plusieurs saisons en professionnel à l'OL, la méthode de travail de Giraldez change par rapport à ce que vous avez pu vivre précédemment ?
C'est un style de jeu différent. Mais après, c'est toujours le même objectif, en tout cas. Après dans la réalisation, on verra si ça sera la même chose. Mais en tout cas, l'objectif, c'est d'imposer notre jeu, d'être dominante et d'avoir un jeu spectaculaire pour faire plaisir à nos supporters. On a toujours la même mentalité, après ça sera à nous de bien faire sur le terrain. En préparation, on a fait de très bons matchs face au Bayern, face à Francfort et je pense qu'on monte en puissance. J’ai hâte d'être à dimanche pour jouer face à l'Olympique de Marseille.
On a l’impression en regardant les insides faits par le club que le groupe vit très très bien…
Oui, très bien parce que tout le monde a la joie de vivre, tout le monde est heureux d'être là. On est un groupe qui a été pas mal rajeuni, les filles sont un peu plus folles. On apprécie le fait d'être ensemble, de partager des moments sur le terrain, même en dehors. Ça se passe très bien, on est heureuses ensemble. On est comme une famille, comme je l'ai dit. Tout se passe pour le mieux.
Comment se sont intégrées les nouvelles recrues de cet été ? Quel a été votre rôle ?
Je ne sais pas si j'avais vraiment un rôle dans ça parce que c'était tout naturel pour moi. Quand je parle avec les filles, j'essaie de les mettre à l'aise. Même si je suis un peu plus jeune que les autres, j'ai cette facilité à taquiner les gens, à les mettre à l'aise. J'essaie de faire en sorte qu'elles se sentent bien, qu'elles aient le sourire dans l'équipe. L’intégration a été très facile parce que tout le monde a le même mood ici, on rigole beaucoup. Et franchement, les recrues se sont très bien intégrées. Et même certaines donnent l'impression que ça fait des mois, voire des années qu'elles sont là. Donc franchement, je suis contente pour le groupe, je suis contente pour elles aussi, pour les nouvelles.
Vous parlez quelles langues entre vous ?
On parle toutes les langues. On essaie d'apprendre l'allemand, l'anglais. En fait, on fait des cours d'anglais avec Ashley, notre professeure, vu qu'elle parle français et anglais. Mais on essaie d'apprendre quelques mots allemands, des mots même norvégiens, un peu espagnol aussi, mais on parle toutes les langues.
C'est vous qui avez appris le "chargé-chargé" à Jule Brand?
Je pense que c’est Selma (Bacha) qui ai appris le « chargé » à Jule, mais dans l'équipe tout le monde veut charger avant les matchs, après les matchs dans les vestiaires, tout le temps, on veut tout le temps charger.
Ce sera la célébration dimanche ?
Oui c'est ça, ça sera la célébration dans le vestiaire, si tout se passe bien, après le match. Même avant le match, maintenant c'est notre musique avant de sortir du terrain parce que ça nous met un peu dans le mood, on fait ce qu'on doit faire et la musique nous prépare à charger.
Le groupe a été beaucoup rajeuni, il y a moins de joueuses cadres que la saison passée. Ça change quelque chose pour vous dans le vestiaire ?
Je ne pense pas vraiment parce que nous, je vais parler des filles un peu plus anciennes, même celles qui ne sont pas plus vieilles. Je prends l'exemple d'Alice, Selma, moi. Ça fait maintenant un moment qu'on est dans l'équipe et je pense que les cadres nous ont un peu transmis l'ADN de l'OL, la manière de penser, la manière de voir les choses… En tout cas les bonnes choses pour l'équipe et je pense que les filles qui sont arrivée ont toutes une mentalité de leader, que ça soit dans leurs anciens clubs ou en équipe nationale, donc on a un objectif précis collectif. On sait ce qu’on doit faire et on est bien encadré par les plus anciennes comme Wendie (Renard), Ada (Hegerberg). On a l'ADN lyonnais et maintenant c'est à nous de le transmettre aux nouvelles joueuses. Mais il est là et il ne partira pas d’aussitôt.
Pendant la pré-saison, vous les jeunes, vous avez pris une place importante, vous avez beaucoup joué globalement. C'est une volonté du coach ?
Je ne sais pas si c'est une volonté du coach… C’est plus à nous de prendre notre place. Le discours du coach est très clair : les personnes qui se donnent à fond à l'entraînement, les personnes qui se surpassent, qui montrent, qui ont leur place sur le terrain, c'est celles qui vont jouer. Aujourd'hui, il n'y a pas vraiment de jeunes ou d'anciennes. Ce que tu vas faire aux entraînements, ce que tu vas montrer, c'est ça qui va un peu faire en sorte que tu vas jouer ou pas. Là, on a fait la pré-saison, ça s'est bien passé, tant mieux. Mais il ne faut pas rester sur nos acquis, il faut continuer à bosser. Il y a de la concurrence dans l'équipe. C'est très bien, je pense que c'est ça qui va nous pousser à donner le meilleur de nous-mêmes. On est à l'Olympique Lyonnais, si on veut jouer c'est à nous de nous battre. Les cartes sont rebattues, c'est à nous de tout donner pour l’équipe et pour atteindre nos objectifs.
Vous démarrez la saison avec un choc face à l'OM, qui remonte tout juste en Première Ligue, mais qui a fait un mercato plutôt ambitieux. À quoi vous vous attendez dimanche ?
Je m'attends à une belle équipe. J'ai un peu suivi la D2 la saison dernière et j'ai vu qu'elles avaient une belle équipe. Après, elles ont fait pas mal de changements. Je m'attends à une équipe qui va vouloir montrer, dès le début, qu'elles ont leur place en D1. Après, il ne faut pas oublier que c'est un Olympico. Donc c'est un match important pour nous. Et à nous aussi de montrer qu'on est prêtes, qu'on s'est bien préparées. On veut rentrer de la meilleure des façons dans le championnat. On veut impressionner nos supporters. C'est important pour nous parce qu'on va jouer dans un grand stade et on veut que tout le monde vive une belle expérience ce dimanche.
Après la victoire des garçons contre l'OM dimanche, on a vu dans une vidéo Michel Kang qui les félicitait d'avoir gagné, particulièrement contre l’OM. Ça a une saveur particulière de jouer un Olympico, même chez les filles ?
Oui, bien sûr. Les matchs comme ce match-là, c'est très important pour nous. C’est à nous aussi de mettre en valeur le football féminin lors de ce genre de match. C'est deux belles équipes qui vont s'affronter. C'est important pour nous de gagner ce match comme l'ont fait les garçons. On n'a pas envie de perdre, on n'a pas le droit de perdre.
Vous allez joué tous les matchs à domicile au Groupama Stadium cette saison, c’est une décision importante.
Bien sûr, on avance. On sait que Michele Kang et Vincent Ponsot, ont fait en sorte de nous mettre dans les meilleures conditions. C'est un très beau stade, c'est le stade de Lyon. C'est le stade de la ville. On veut vraiment représenter l'OL Lyonnes et l'OL aussi parce que pour moi c'est un même club. Jouer dans ce grand stade, c'est incroyable. Avant on ne jouait que les matchs de Ligue des champions là-bas, maintenant on va y jouer tous les matchs de la saison. On fait un pas en avant. À nous de montrer du beau jeu aussi pour fidéliser les supporters, pour faire venir plus de supporters. C’est important pour nous et c'est important pour le club aussi.
Même en interne, il y a eu des moyens qui ont été mis aussi pour renforcer le projet cet été. Vous ça vous motive de voir que l’OL Lyonnes prend cette direction ?
Bien sûr. Je pense que lorsque Jean-Michel Aulas a laissé le club, il pouvait y avoir des questionnements et Michele Kang a répondu de la meilleure des manières, en montrant qu’il faut investir. De toute façon on est l’OL Lyonnes, on veut être sur le toit de l'Europe, sur le toit du monde, donc pour cela il faut investir, il faut nous mettre dans les meilleures conditions. Et on ressent qu'on n'est pas laissé de côté. Donc nous aussi, on est contentes de notre côté. Après, il faut remporter des trophées, il faut qu'on joue notre meilleur football. Mais en tout cas, on se sent soutenues, on se sent vraiment considérées.
Vous personnellement, quels sont vos objectifs pour cette saison ?
Mes objectifs sont de m'imposer dans l'équipe, d'être fière de moi, parce que la saison dernière a été compliquée. Mais cette saison, je veux vraiment me relever et être fière de moi à la fin de la saison, me dire que tu peux être fière de ce que tu as fait cette saison, et puis remporter tous les trophées, aider un maximum mon équipe. Vraiment, je veux tout remporter. Ça fait un moment qu'on n'a pas tout gagné en une seule année. Donc pour moi, c'est important. Et c'est un objectif collectif aussi.
L’objectif c’est aussi de retrouver l'équipe de France ?
Oui, bien sûr. Quand on est une athlète de haut niveau, une compétitrice aussi, je veux jouer sur tous les terrains. Je veux être en sélection, je veux être à l'OL. Je veux être là où on attend les grandes joueuses. Il faut travailler, que je continue à bien bosser aux entraînements. Je pense que je suis bien entourée. Ce sont des objectifs que j'ai cette saison. Je vais tout donner pour les atteindre.