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Interview Flashscore - Sonia Ouchene : "Cette année mes statistiques sont au rendez-vous"

Interview Flashscore - Sonia Ouchene : "Je me sens vieille alors que j'ai 25 ans"
Interview Flashscore - Sonia Ouchene : "Je me sens vieille alors que j'ai 25 ans"Credit: PSNEWZ / Sipa Press / Profimedia

Propulsée leader et capitaine de Montpellier après les nombreux départs cet été, Sonia Ouchene, 25 ans, est aujourd'hui une cadre d'un vestiaire très rajeuni, essentiellement composé de jeunes du centre de formation. La milieu de terrain se confie à Flashscore sur son nouveau rôle, mais aussi sa progression statistique, ses ambitions en Bleues et ses envies de jouer à l'étranger.

Comment ça va ?

À titre personnel je dirais que mon début de saison se passe plutôt bien, avec des nouvelles responsabilités. Au vu de l'équipe jeune qu'on a, mon statut a quand même un petit peu changé. Marion (Torrent) n’est toujours pas là, j'ai dû garder le brassard. Ça se passe plutôt bien. Au niveau de mon temps de jeu, j'ai joué tous les matchs. Au niveau des statistiques, ce qu'on m'a souvent reproché, cette année elles sont quand même au rendez-vous. Je suis plutôt contente de ça. J'essaie d'aider l'équipe un maximum comme je peux avec mes qualités, avec mon expérience. Je fais quand même partie des plus âgés même si je n'ai que 25 ans mais j'essaie de guider les petites comme je peux pour que pour qu'elles nous aident parce qu'elles sont tout aussi importantes que nous "les grandes".

Vous êtes nommée parmi les trois candidates au trophée de joueuse du mois en octobre j'imagine que ça fait plaisir d'être reconnu comme ça ?

Oui bien sûr, c'est une première pour moi, je ne l'avais jamais été. Donc forcément, ça veut dire que le mois a été bon, sinon je n'y serais pas. Mais ça récompense aussi un bon mois d’octobre collectivement parce qu’on a enchaîné trois victoires d'affilée. Donc c'est un petit peu la récompense de l'équipe. J'estime que c'est moi qui suis mise à l’honneur mais c’est pour toute l'équipe de Montpellier. Je ne suis pas seule. Je suis vraiment entourée de très bonnes joueuses donc c'est aussi grâce à elles.

Vous êtes décisives sur presque chaque match, avec soit un but ou une passe décisive. Qu’est-ce qui a changé pour vous cette saison ? Est-ce que vous avez passé un cap ? 

Je pense que j'ai passé un petit cap dans le sens où l'année dernière mes statistiques n'étaient pas là. J’étais beaucoup présente dans la construction des buts, peut-être à l'avant dernière passe souvent. Là je me retrouve dans une zone du terrain un petit peu plus haute. Il y a peut-être plus de précision technique, plus d'efficacité devant parce que même si j'ai plus de précision technique, si devant, après, les ballons ne vont pas dedans, ces passes-là ne servent pas à grand-chose.

Là, j'ai la chance que mes dernières passes sont meilleures et que la buteuse arrive à les mettre dedans. Donc je pense qu'il y a un petit mélange de tout. Il y a aussi cette prise de conscience de me dire qu'à mon poste, les stats sont quand même importantes et qu'il faut que je me force à frapper. Le but contre Lens, je n’aurais peut-être pas osé frapper l'année dernière. Là, je l'ai tenté, j'étais de loin et j'ai un petit peu de chance. Donc, ça passe un petit peu par là et par la prise de risque, je dirais.

Vous disiez "qu’on" vous avait souvent reproché votre manque de statistiques. C’est qui "on" ?

Ce n’était pas un reproche, mais c'était quand même une demande. J'ai eu mon coach de Montpellier qui m'a dit qu'il attendait quand même un petit peu plus par rapport à ça. J'ai eu mon coach de l'équipe de France U23 où on m'a dit que les statistiques, ça peut quand même faire la différence à mon poste. Je reste quand même une milieu offensive, donc je fais partie des dernières joueuses qui se retrouvent devant le but. Forcément, je devais me créer plus d'occasions. Je m'en créais, mais je ne les mettais pas dedans. Et c’était aussi une exigence envers moi-même. Je sais qu'aujourd'hui, les statistiques, c'est vraiment un plus pour une milieu de terrain. Donc, il y a un petit peu mes parents aussi, un petit peu tout, famille, coach et moi-même. 

"J'étais frustrée à cause de mes statistiques la saison passée"

Et ça vous met une pression ces stats ou vous le prenez plus ça comme un challenge ?

Ça m'a mis une pression l'année dernière, ça me l'a mis un petit peu cet été où j'ai commencé la préparation en me disant : "Bon quand même Sonia cette saison il va falloir que tu passes ce cap, que tu augmentes tes stats… Celles que tu avais l'année dernière ce n'était pas assez. Il va falloir que tu montes d'un cran !" Donc c'était une pression positive. Là ça va dans mon sens, on va dire que tout me sourit. Donc tant mieux pour moi. Est-ce que si ça n’avait pas été le cas, ça m'aurait créé de la frustration ? Peut-être que oui. Mais j'ai l'impression que je l'ai pris un petit peu comme une pression positive en me disant : "Sonia, t'es quand même assez complète, maintenant il te manque ça. Si tu rajoutes ça, c'est top."

Et vous avez mis en place des choses particulières pour arriver à ça ?

Je dirais que c'est plus mental. Je me sens bien avec l'équipe avec laquelle je joue, je me sens bien entourée de ces joueuses-là. Ça reste des joueuses jeunes mais qui sont vraiment à l'écoute. Donc tu sens que tu as quand même une importance en plus. Maintenant je tire les corners, l'année dernière aussi, mais c'est vrai que mes corners je les travaille quand même assez souvent. Cette saison ça m'a permis de faire déjà une passe décisive et je tire les pénalties, cette saison ce qui m'a permis de mettre un des deux buts. Ce sont des responsabilités en plus qui me permettent aussi d'augmenter ces stats et j'essaye de les utiliser dans mon sens. 

Et vous vous trouvez ça dommage peut-être qu'on soit un peu trop focalisé sur ces statistiques et peut-être moins sur l'influence pure au sein du jeu ? 

Moi, j'ai toujours trouvé ça dommage, bien évidemment, parce qu'une joueuse peut être vraiment très importante dans un collectif sans forcément avoir les stats. Et j'avais un peu l'impression que j'étais frustrée l'année dernière pour ça, parce qu'au final, quand tu regardais vraiment en profondeur mes matchs, j'étais quand même souvent concernée par toutes les actions de but. Mais mon nom, finalement, ne sortait pas parce que, comme j'étais souvent à l'avant-dernière passe. C’était quand même des matchs aboutis, mais comme ton nom ne sort pas parce que tu n'as ni de but, ni de passe décisive, tu as l'impression qu'il est abouti, mais qu’il sera toujours plus abouti par une joueuse qui n'a peut-être pas touché beaucoup de ballons ou qui en a perdu 3 sur 4, mais qui te met un doublé ou qui te fait un but et une passe d, que quelqu'un qui a 100% ou 98% de passes réussies, qui a cassé des lignes, qui a créé des choses mais son nom ne ressort pas parce que les statistiques ne sont pas là. Donc oui, je trouve ça un petit peu dommage.

Si on regarde en foot masculin par exemple, Pedri au Barça, il est salué tous les week-ends pour ses prestations, mais il n’a pas des statistiques incroyables. Il est souvent à l’avant-dernière passe, à la récupération… Ce sont des choses que l’on valorise chez les garçons mais beaucoup moins chez les filles. 

Exactement mais parce qu'il y a beaucoup moins de visibilité. Il y a beaucoup de monde qui ne regarde pas forcément les matchs. Aujourd'hui les matchs de Pedri sont largement regardés et tu peux voir que le joueur est clairement au-dessus même s’il n’a pas de statistiques. Il est super influent dans le jeu, sur toutes les actions… Aujourd'hui, le foot féminin, malheureusement, il y a beaucoup de personnes qui vont sur Flashcore, moi la première. Les matchs des autres filles, je vais juste regarder qui a marqué, qui a fait des passes d, je vais retenir les noms qui ressortent. Mais comme je n'ai pas vu le match et qu'il y a beaucoup moins de personnes qui regardent nos matchs que ceux des garçons, forcément ça joue.

"Face à Lyon tu peux préparer 40 tactiques, ça sera toujours aussi compliqué"

En parlant de match, ce week-end vous avez perdu contre Saint-Etienne. Vous retenez quoi de ce match-là ? 

Sur ce match-là, je retiens un petit manque d'expérience de l'équipe. C'est là où je me rends compte qu'on reste quand même une équipe jeune. Je pensais qu'on avait passé un petit cap avec les derniers matchs. Je sentais vraiment une progression. Je ne dis pas qu'on a régressé, mais je dirais qu'après ce match, on stagne un petit peu dans le sens où, émotionnellement, on n'a pas l'équipe pour réussir à tenir ces adversaires et ces matchs. Elles ont bien joué le coup. Elles ont pris le dessus sur le compteur et on n'a pas su avoir le mental et l'expérience nécessaires pour revenir. Parce qu'honnêtement, elles n'étaient pas au-dessus. On n'était pas en dessous. Elles ont eu des occasions mais on en a eu aussi. On avait le 3-2 pour nous qui se transforme deux minutes après en 3-2 pour elles au final. Donc tous ces détails là pour moi ils sont importants et aujourd'hui c'est ceux qui peuvent faire la différence entre nos équipes et des équipes comme Saint-Etienne. 

Et pourtant il y a une grosse performance de Justine Rouquet…

Oui c'est pas mal, elle a des sacrées stats ! C’est une sacrée joueuse en devenir. Maintenant, mentalement, c'est une joueuse qui est beaucoup dans les émotions, qui ne sait pas forcément bien les gérer. Elle peut vite plonger, très vite plonger. Elle peut vite être dans l'énervement, dans la frustration. Ce sont des choses que tu ne peux pas leur apprendre. C'est dur à apprendre. C'est l’expérience. Pareil pour Rosalie Chaine, qui se fait exclure après avoir joué 20 minutes, dans une action où Sarah Cambot joue totalement l'expérience mais Rosalie Chaine se fait complètement avoir. En même temps, il y a presque 15 ans de différence. C'est énorme. Il y a des tonnes de matchs joués dans ces 15 ans qui font qu’aujourd’hui Sarah Cambot a réussi son coup. Elle voulait son jaune et elle l'a eu. Elle a réussi à avoir le rouge de l'autre fille. Ce sont des petits détails comme ça.

Ça viendra au fil de la saison, normalement. 

Oui, voilà. Ce sont des filles qui vont avoir encore plus de temps de jeu au fur et à mesure, etc. Donc ça va venir. C'est juste qu’il y a des matchs où ça va nous sourire, il y a des matchs où c'est un petit peu plus compliqué.

Ce week-end, vous jouez contre Lyon, vous sentez que l'équipe est prête ?

On est prête, on a envie de se racheter de ce qui s'est passé. On va vite se remettre dans le match de Lyon, on est encore un peu sur Saint-Etienne (l’interview a été faite lundi, ndlr), mais on a toujours eu envie de bien faire contre les équipes comme ça. On sait que chez nous, elles ont quand même un peu de mal. On a fait 3-1, la saison passée, ce qui n'est pas un mauvais résultat. Même si on sait que ça va être dur, juste se ressentir soudées entre nous, ça va peut-être nous relancer un petit peu. Donc là, ça va être le but du match.

L’équipe est très jeune… Est-ce qu'il y a une pression peut-être supplémentaire sur leurs épaules d’affronter Lyon ?

Je ne le sens pas forcément, honnêtement. L'année dernière, on avait déjà joué Paris et Lyon avec une équipe très très jeune, parce qu'à ce moment-là, on n'avait pas Marion Torrent, on n'avait pas Océane (Deslandes)… Rosalie (Chaine) était titulaire contre Paris et contre Lyon. Donc c'est que vraiment, au milieu de terrain… Il n'y avait pas Cyrielle Blanc, elle avait les croisés. Enfin bref, il y avait vraiment des absences. Et au final, elles avaient vraiment tout donné. On n’avait pas forcément ressenti ce manque de joueuses d’expérience.

Là contre Lyon, je pense qu'il y a forcément une pression parce qu'il y en a qui n'ont jamais été dans le groupe. Il y a des nouvelles filles. Donc forcément, ça va être impressionnant pour elles. Mais c'est là où il y a l'insouciance qui va devoir rester au rendez-vous et se dire que ce n'est pas grave. Je rentre contre Saint-Etienne, c'est pareil que si je rentre contre Lyon. Donc j'espère qu'on va mettre l'accent sur ça mais je pense que ça va bien se passer. 

Est-ce qu’il y a vraiment une tactique pour battre Lyon ? 

Ça c'est une bonne question. Tu peux en faire 40 des tactiques, ça va toujours être aussi compliqué. Je dirais qu’il faut vraiment défendre en groupe, être solidaire, faire les efforts. Tu te bats pour l'autre. Tu sais que ça va être de l'abnégation, que tu ne vas pas toucher beaucoup de ballons. Le plus dur là, avec une équipe jeune comme ça, ça va être justement quand on récupère le ballon, est-ce qu'on aura cette capacité à le garder et à marquer des temps de pause qui vont nous permettre de souffler et de se relancer. Parce que si tu es dans un match où c'est que dans un sens, franchement, c'est très simple de craquer. Mais tu peux vite craquer parce qu'il y a des qualités en face qui sont quand même au-dessus de la normale.

"On a des jeunes mais ce sont les meilleures jeunes"

Une équipe jeune, ça amène aussi d'autres choses… 

De la fougue, de l’insouciance. Il y a beaucoup de fois où les entrées nous ont fait du bien, elles ont fait des différences parce que ce sont des filles qui ne se prennent pas la tête. Ce sont des filles qui même si elles sont sur le banc, elles sont déjà contentes d'être sur le banc parce que pour elle c'est déjà beaucoup d’être en D1. Alors que dans d'autres clubs où tu as de la concurrence, celle qui rentre n’est pas dans le même état d’esprit, elle est peut-être énervée d'avoir été sur le banc, de ne pas jouer… Là tu as des filles qui rentrent et sont insouciantes. Elles veulent juste tout donner, apporter leur petit grain de sel à l’équipe. Donc je trouve ça plutôt positif. Il y a du positif et du moins bon, mais il faut juste trouver l'équilibre entre les deux.

Et vous, comment vous le vivez d'être au sein d'une équipe si jeune ?

Honnêtement, il y avait de l'inquiétude cet été, quand j'ai entendu qu'il n'allait pas y avoir de recrutement, que ça allait être beaucoup de jeunesse. Tu te dis, mais comment tu vas faire ? Tu perds des cadres et tu ne recrutes pas. Il y a beaucoup de questions qui se posent. Je me dis au final est-ce que toi individuellement, tu vas pas flopper parce que collectivement ça va flopper ? Moi j'ai mes objectifs individuels, il ne faut pas que je les oublie non plus. Au final, une fois que t'es dedans, tu te rends compte qu’il y a vraiment du potentiel, il y a quand même du talent. On a des jeunes mais ce sont les meilleures jeunes. Il y en a 6 qui étaient en U19 de l'équipe de France. On en a 2 U17 à la Coupe du Monde. Ce n’est pas anodin. Ça reste des jeunes qui ne sortent pas de nulle part. Finalement le collectif vit très bien. La cohésion est très bonne. Et c'est aussi ce qui fait la différence avec d'autres années, je dirais. Ma première année, je jouais avec des Faustine Robert, Maëlle Lakrar, Marion Torrent, Charlotte Bilbault. Sur papier ce sont des joueuses qui étaient largement au-dessus. Et aujourd'hui, notre cohésion nous permet de faire la différence. 

Qu'est-ce que vous avez mis en place en avant-saison pour s’adapter à ce changement ?

Il y a eu beaucoup de maturité de la part des plus grandes. On a eu cette capacité à prendre du recul et dire : "Bon, les filles, on ne va pas se frustrer, on est entourées de jeunes, c'est vrai, mais c'est à nous de guider, de mettre l’exigence qu'on veut à l'entraînement parce que si ce n’est pas nous qui mettons l’exigence, ce ne sont pas les petites qui vont le faire et on ne va pas pouvoir se plaindre tous les jours du niveau. Le niveau va passer par notre niveau à nous les plus grandes." Je trouve qu'on a vraiment été mature sur ça, on a été très positive, on a vite accepté le fait qu’on n'allait pas avoir de recrutement. On n'est pas resté 10 ans dessus. L'équipe qu'on a, ça va être celle-là toute la saison ou au moins jusqu'à janvier. Parce qu'on nous disait que peut-être qu'en janvier, on allait avoir des joueuses. Et ça sera certainement le cas, d'ailleurs. Mais pour l’instant, la situation était comme ça. On ne pouvait pas la changer. Je trouve que ça a marché. C'est ce qui a fait la différence. Les petites aussi, ont vite senti qu'on leur faisait confiance, qu'on leur laissait de la place dans le groupe. On leur a laissé la place d'exister. Je trouve qu'elles font ce qu'il faut pour nous le rendre.

Elles vous suivent ? Elles sont à votre niveau ?

Franchement, oui, elles arrivent à se mettre au niveau. Après, bien sûr, tu auras toujours des joueuses qui seront plus techniques que d'autres, plus l'aise que d’autres… Il y en a tu ne peux pas leur demander plus, mais tant qu'elles se la donnent ça va, parce que du coup ça rattrape d'autres choses. On va toutes rater des ballons, on va toutes perdre des ballons, on va toutes faire des erreurs, par contre il faut vraiment avoir ce truc d’essayer de se rattraper et de faire au mieux. Moi tant que tu essayes de faire au mieux, tu perds deux ballons d'affilée ça ne me dérange pas tant que tu essayes d’en récupérer. Même moi je peux les perdre ces deux ballons d'affilée, donc ce n’est pas moi qui vais juger.

"Je me sens vieille alors que j'ai 25 ans"

Au quotidien, c'est comment de vivre avec quasiment que des jeunes de 20 ans ou moins ? 

Il y a un côté marrant, il y a toujours un côté où il faut les calmer parce qu'elles sont surexcitées. Justine Rouquet, c'est une pile électrique. Des fois, c'est stop, calme-toi. Après, les filles avec qui je suis le plus proche, ce sont les filles de mon âge, Justine et Ella surtout. Mais ça ramène de l’insouciance. Il y a un côté aussi drôle où maintenant il y a des références que je n'ai plus, tellement elles sont petites. Je me sens vieille alors que j'ai que 25 ans. Et elles-mêmes nous disent : "Mais en fait, vous êtes trop vieilles !" On se taquine entre nous. Moi, je les traite de jeunes, mais elles, elles nous traitent de vieilles parce qu'on a quand même 7-8 ans d'écart. Ce sont des jeunes qui sont vraiment respectueuses, qui nous écoutent, qui sont bien. Donc en vrai, ça ne pose pas forcément de soucis.

Qu'est-ce qu’elles vous apportent ?

Au quotidien, il y a beaucoup de bonne humeur. Franchement, c'est vraiment des filles qui ne se prennent pas la tête. Pareil, l'insouciance de voir que ça reste du foot. C'est être exigeant, mais tout en relativisant. Relativiser que ça reste du foot, ça reste notre plaisir et qu’il y a aussi la vie extérieure. Elle est tout aussi importante que le foot. Donc je dirais cette insouciance, cette nouveauté, cette fraîcheur. 

Et vous, vous leur apportez un cadre ? 

Oui un petit peu. Je parle beaucoup sur le terrain. Rosalie, par exemple, c'est une fille qui a le vice sur le terrain. Et là, je lui ai dit après son carton rouge : "Rosalie, il faut que tu utilises ton vice, mais à bon escient. Là, ce que Sarah Cambot t'a fait, tu aurais très bien pu le faire. Mais là tu vois c'est toi qui t'es faite avoir." C’est top d’avoir un petit vice sur le terrain, ça va sert vraiment. Mais il faut vraiment que ça te serve du bon côté. Donc ouais ça passe par des petits conseils. J'essaie de leur apporter ce que je peux.

Et comment vous gérez vous d'être leader de cette équipe ? Parce que vous avez le brassard, vous êtes la capitaine.

Alors honnêtement j'ai pas l’impression d'avoir changé. Oui j'ai pris conscience que mon rôle allait être différent, parce que tu regardes autour de toi et tu vois moins de filles d’expérience et tu te dis que tu fais vraiment partie des filles d’expérience. On m’attend sur ci, sur ça. On m'a donné le brassard donc on m'attend aussi sur ça. Je me suis vite sentie épaulée et je ne suis vraiment pas quelqu'un qui a envie de prendre toutes les responsabilités. Cette année, j'avais aussi beaucoup envie de me focaliser sur le terrain, tu vois, et d'apporter cette expérience et ce leadership sur le terrain. En-dehors, j'ai vite vu qu'il y avait des filles qui allaient être capables de faire ça. Marie Levasseur, elle a une capacité de guider, de gérer. Elle parle beaucoup avec le coach. Donc volontiers je donne cette responsabilité. Il y a Ella (Palis), il y a Justine (Lerond), il y a d'autres filles qui ont aussi pris ce rôle… En soit j'ai le brassard, certes, mais mon comportement en dehors n'est pas au dessus que celui d'Ella ou Marie ou Justine. Alors oui enfin s'il y a des vacances à demander ou des jours à demander ou des infos à demander ou quoi, c'est souvent Sonia qui va demander au coach. Mais ça reste des petites responsabilités. En termes de vraies responsabilités, par exemple, avant le match de Saint-Etienne dans le vestiaire, avant d'aller sur le terrain d'habitude, c'est moi qui parle. Là, j'ai dit à Marie de prendre la parole. Parce que je sens qu'il y a peut-être besoin d'un petit changement. Mes paroles n'ont plus autant d'impact. Donc je me sens carrément de passer ce rôle-là à Marie.

"J’ai beaucoup aimé Iniesta, Isco, Messi"

Si on parle, vous, votre style de jeu, vous avez un style un peu moins "français", peut-être moins direct, avec plus de conservation du ballon, une belle qualité de passe etc. Pourquoi vous avez peut-être un style un peu différent des autres milieux terrain françaises ?

J'ai fait ma formation en Espagne. Je suis née là-bas, ma maman est espagnole et toute ma formation avec des garçons jusqu'à mes 15 ans où j'ai intégré l’INSEP je l'ai fait en Espagne. Donc j'ai joué avec des garçons de mes 7 à mes 14 ans et on va dire que je me suis préformée là-bas. Quand j’arrive à l'INSEP, j'ai quand même des bases beaucoup plus espagnoles que les autres filles parce que c'était vraiment la formation espagnole, c'était du petit jeu, peu importe l'adversaire, on essaie de sortir court. Aujourd'hui, j'ai vraiment un jeu très court et j'aimerais aussi avoir un peu plus de variété justement. Je trouve que je manque un petit peu de jeu long, d'aller voir un petit peu plus loin. Je suis douée dans les petits espaces parce que ma qualité technique me le permet, mais je manque un petit peu de variété dans mon jeu et c'est ce que j'aimerais aussi améliorer.

Dans la formation française, c'est assez rare.

Oui, c'est vrai qu'on nous apprend quand même un petit peu moins ça, mais parce qu'on a beaucoup plus de joueuses athlétiques, notamment devant. Du coup, ils veulent jouer avec les qualités des joueuses que tu as devant. Aujourd'hui, honnêtement, même moi, à Reims, il y a eu des moments où on jouait avec Melchie Dumornay d'un côté, Melissa Herrera de l'autre, Naomie Feller… Ça allait très vite. Du coup, on nous demandait quoi ? De jouer vite devant et de jouer sur nos forces. En Espagne, il y a  beaucoup moins de joueuses avec ces qualités athlétiques. Donc t'es obligée de laisser le ballon au sol. 

Et donc vous, vous définirez comme une joueuse à l’espagnol ?

Ouais, je dirais ouais. Et j'ai toujours essayé de garder ce côté-là parce qu'on m'a toujours ressorti ça comme force. J’aime bien aussi me définir comme ça parce que c’est vraiment le jeu que j’aime bien. 

Quelles sont vos inspirations ?

Ça a toujours été plutôt foot masculin. J’ai beaucoup aimé Iniesta, Isco, Messi. Des références espagnoles. Isco pour le poste, pour ses petites qualités techniques, ses petits appuis. J'aimais trop comment il jouait.

Il n'y a même pas de joueur de Valence ?

Non… Après, il y en avait des très bons à l'époque où j'étais toute petite. Il y avait David Villaa. Je dirais Silva s'il faut que j'en sorte un, oui.

Et aujourd'hui, vous disiez que vous n'avez pas trop de références dans le foot féminin, mais peut-être que Aitana Bonmati, Alexia Putellas…

Alors oui, Aitana, j'aime beaucoup. J'aime beaucoup son jeu, j'aime beaucoup sa qualité d'appui, son centre de gravité bas, le fait que même dans les petits espaces, elle arrive à s'en sortir. Elle a vraiment une aisance technique qui est vraiment le style que j'aime. Donc oui aujourd'hui si j'ai une référence vraiment purement technique ça sera Aitana. 

"Au moment où je signe, il y a encore en tête la Ligue des champions"

Le projet de Montpellier a pas mal changé entre le moment où vous signez en 2023 et celui qu'il est actuellement, comment vous vivez ça ? 

Oui il a vraiment pas mal changé entre des joueuses d'un niveau largement supérieur à celles qu'on a aujourd’hui… Je le vis un peu frustrée forcément parce que quand tu signes dans un club… Au moment où je signe, il y a encore en tête un peu la Ligue des champions et quand tu entends parler du maintien aujourd’hui… Parce que Montpellier ne recrute pas, il n'y a personne qui vient, ce ne sont que des jeunes, il y en a qui partent. Donc forcément, les gens disent qu’à Montpellier on joue le maintien. Donc c'est frustrant d'arriver dans un club où tu penses que tu peux avoir une chance d'aller jouer les trois premières places et au final, tu te retrouves un petit peu milieu-bas de tableau. Mais je me dis que tout arrive pour une raison et qu'aujourd'hui, si je suis dans ce groupe-là, avec ces joueuses-là, c'est qu'elles vont forcément m'apporter quelque chose. Peut-être que je serai plus performante qu'avec des joueuses plus fortes. Donc, j'essaie vraiment de tirer le positif, d'apprendre de chacune d'entre elles. Et voilà, aujourd'hui, je le vis plutôt bien parce que ça me sourit. Peut-être que dans un mois, ça ira moins bien et je te dirai, je suis un petit peu plus frustrée. Au moment où je t'en parle, vraiment, je ne regrette pas ma décision. Aujourd'hui, je suis là, j'avance doucement, mais sûrement. Mon but bien sûr c'est d'aller dans une équipe qui jouera la Ligue des champions ça c'est évident, mais voilà aujourd'hui je suis performante avec cette équipe et je suis contente.

Et le fait qu'il n'y ait pas de recrutement, ça vous a été annoncé quand ?

Alors officiellement, on l'a vite compris 10 jours avant la fin du mercato. On nous disait que le coach demandait absolument une attaquante et une défenseure etc. Sauf que ce n’était même pas encore signé avec les nouveaux investisseurs donc c’était impossible. Mais il n'y a pas eu ce truc de reproche de ne ramener personne. On s’est plutôt demandé comment on allait faire. Et surtout on s’est dit qu’il ne faut vraiment pas se blesser parce qu'on a quand même un XI qui tient bien la route. On a un banc qui est très jeune, qu'on aurait aimé avec plus d'expérience. Mais on s'est vite fait à l'idée que ça n'allait pas être possible et qu'il fallait faire avec ce qu'on avait.

Vous êtes plutôt attachée à Montpellier et entendre aujourd’hui que le club joue le maintien, est-ce que ça vous fait un peu mal au coeur ?

Oui, bien sûr ça me fait mal au coeur parce qu’encore récemment ils ont posté une vidéo où Montpellier joue la Ligue des champions, elles ont quand même été loin, etc. Donc tu te dis, qu'est-ce qui a pu se passer entre les deux pour qu'aujourd'hui, on parle de Montpellier de maintien, alors que Montpellier, ça a toujours été une référence du foot féminin. Mais aujourd'hui, avec le rachat, j'ai l'impression qu'il y a quand même un nouvel élan qui va arriver. Ça va mettre du temps, mais le club a tout pour revenir vraiment au haut niveau. Il a toutes les infrastructures, les gens qui sont là ils travaillent aussi pour le maillot… Si c'est vraiment bien rodé, ça peut quand même repartir. Moi tant que je serai là, j'essaierai de tout faire pour que ça remonte un maximum.

Et vous êtes déçue de voir que le club se sépare de ses féminines ?

Je ne pourrais pas dire déçue. On n’en veut à personne. La famille Nicollin, ils ont vraiment toujours tout fait pour que les filles soient au maximum, qu'on soit dans les meilleures conditions. Aujourd'hui, malheureusement, le club vit une situation compliquée déjà pour les masculins. On sait que nous, on vit à travers l’équipe masculine, c'est indéniable. Je pense que le foot français, en général, se trouve dans une situation un petit peu plus compliquée. Je préfère honnêtement être avec des gens qui nous ont rachetés mais qui ont des ambitions, qui savent quoi faire de nous, qui ont des vrais objectifs pour nous, plutôt que de continuer dans une dynamique où on ne sait plus trop quoi faire avec les filles, on veut les maintenir mais en même temps on n'a plus le budget pour les maintenir,  où tu as l'impression que la considération n’est peut-être plus au même niveau… Aujourd'hui je pense que c'est le moment de passer la main et je pense que cette décision Laurent Nicollin l’a aussi prise pour nous. Parce qu'il a senti que c'était un moment où lui-même, il ne pouvait plus.

"J'attends d'eux du recrutement en janvier"

Qu’est-ce que vous en savez vous comme joueuse de ce nouveau projet ? Vous parlez d’objectifs…

Ça va être un projet à long terme. Le but c'est de refaire monter le club, de nous remettre dans les bonnes conditions, avoir des objectifs ambitieux… Bien sûr, ils nous ont parlé de Ligue des Champions, mais tout en nous disant que ce n'était pas pour demain, que ça allait se passer étape par étape. On a fait des entretiens où on a pu discuter avec eux. Ils ont pu prendre des notes, savoir ce qui nous manque, ce qui ne nous manque pas. Ce qu'on a déjà, ce qu'il faut améliorer. Je sais que ce sont des Américains, qu’ils font tout en grand. Ils vont penser à tout. Ils vont penser à l'expérience fan, au fait de ramener des spectateurs. Ils vont penser au terrain, à comment sont disposés les gradins, si ça va faire ramener du monde… Ça va être des petits détails, petit à petit. Ce que j'attends d'eux, ça serait d’abord le recrutement en janvier. Ça serait le plus concret. Il y a aussi du concret par rapport aux réseaux sociaux. Ils ont séparé les comptes masculin et féminin. En janvier, on aura quelqu'un qui sera à 100% dédié pour nous. Donc, c'est des petits trucs qui commencent à arriver et qui sont quand même concrets.

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Et là les facteurs sur lesquels ils peuvent s’appuyer, c'est quand même cette jeunesse-là. Est-ce que le nouveau projet va s'appuyer aussi sur ces jeunes-là ?

Oui, je pense. Le but à eux, en arrivant, ce n'est pas de venir et de virer tout le monde et de mettre leurs lois et leurs joueuses et leurs trucs à eux. C'est vraiment de prendre ce qui est déjà construit et de l’améliorer. Alors sans doute, ça passe par des nouvelles joueuses, je suis d'accord, mais ça passe aussi sans doute par continuer à former ces jeunes qui ont vraiment du talent et réussir à les garder. Ça, ça va être le plus dur, parce que ça va être des filles qui vont prendre de l’ampleur, qui vont être sollicitées par d'autres clubs, et qu'est-ce qu'ils vont mettre en place pour réussir à les garder ?

Dans le cadre de ce projet, Montpellier normalement doit faire partie d'une multipropriété. Est-ce que ça vous inquiète ?

Pas forcément non. Je me focalise sur ce qu’il se passe cette saison, je n’ai pas envie de penser à ce que ça va devenir. Il me reste cette année (de contrat), je vais finir ma saison du mieux que je peux et selon ce qu'ils me proposeront, ça peut être intéressant de rester. J'ai pas envie de déjà me prendre un petit peu la tête sur ce que ça peut devenir ou pas. Je fais confiance aux personnes qui sont venues et j'essaie de me focaliser sur le terrain.

"J'ai eu deux ou trois propositions en Angleterre"

Cet été vous étiez annoncée plutôt partante de Montpellier, comme pas mal d'autres qui sont finalement parties. Comment ça s'est passé un peu pour vous votre été ?

Alors partante oui et non parce que moi j'étais sous contrat encore. Donc par rapport à celle qui n'était pas sous contrat, j'avais quand même beaucoup plus de chance de rester. Mon été s'est passé avec deux, trois propositions en Angleterre. Un peu de réflexion, un peu de doute, un peu de dire qu'est-ce que je fais, qu'est-ce que je ne fais pas. Je savais que ce n'était pas moi qui avais la décision entre mes mains, que le club allait certainement aussi me bloquer et m'empêcher de partir. Ça a été le cas. Alors, je ne dis pas que j'ai voulu partir. C'est juste qu'ils sont venus me voir et qu'ils m'ont dit écoute, on a reçu ça comme proposition mais le club n'est pas ok pour te laisse partir. Donc il n'y a pas eu forcément de suite. Au final, mon instinct me disait aussi qu’il fallait que je reste, qu'il fallait que je finisse mes trois années de contrat.

Il y avait des clubs français aussi, non ? 

Oui, mais qui ne sont pas allés jusqu'à faire une offre. Les clubs français, franchement, ils n'avaient pas l'argent qu'il fallait. Le club mettait un minimum pour me racheter et aujourd'hui, il n'y avait qu'en Angleterre que les clubs pouvaient.

Vous êtes en fin de contrat à l'issue de la saison. Vous avez des projets pour après ?

Je ne sais pas trop. Il est encore tôt. Déjà, pour que j'ai des projets, il faudra que je fasse une bonne saison. Donc, step by step. Bien sûr qu'il y a des envies d'aller voir un autre championnat, de changement. Il y a aussi l’option de rester suite au rachat. Pourquoi pas suivre le projet ? Je ne sais pas trop. Je ne pourrais pas garantir que je vais partir ou rester. Si je veux partir dans un meilleur club, il faudrait que je fasse une très bonne saison.

Vous voudriez retourner en Espagne peut-être ?

Bien évidemment que dans le jeu ça serait l’idéal. Après il y a plusieurs facteurs qui vont rentrer aussi en compte. Il y a le côté financier, il y a le projet… Je n'irai pas non plus dans n'importe quel club juste parce que c'est l’Espagne. 

"On est en retard en France et une carrière est courte"

Et quand vous voyez aujourd'hui l'état du championnat de France, ça ne vous donne pas envie de rester ?

D'un côté, tu n’as pas envie de lâcher, parce que ça reste quand même le pays qui t'a formé et t'es bien, t'es dans ton pays. Tu peux parler ta langue. Et ça, je me rends compte que c'est une chance. J'ai mes copines qui partent. Je suis très proche de Kessya Bussy, qui est en Allemagne et qui me dit, c'est galère, au final, tu ne peux jamais être toi-même parce que ce n'est pas ta langue. Donc, je sais la chance que j'ai. Mais d'un autre côté, forcément, quand tu vois ce qui se passe ailleurs, tu vois qu’on est quand même en retard. Et finalement je n’ai pas trop de temps à perdre. La carrière est courte et j’ai déjà 25 ans. Mais quand même, tu te poses des questions. Parce qu’à l’étranger au niveau de la langue c’est difficile, mais après, tout le reste, tout ce qui est infrastructure, conditions, visibilité… Tu as juste à penser au terrain. Et moi, au final, c'est ça que je veux.

Vous ça vous stresse un peu comme joueuse de voir ça, de voir la situation du foot féminin français ?

Oui forcément un peu. Parce que quand tu compares avec les autres pays que tu te dis : mais comment on a fait pour avoir autant de retard ? Pourquoi? Qu'est-ce qui ne va pas ? Qu'est-ce qui ne marche pas chez nous ? Il y a vraiment quelque chose qui ne marche pas, et nous les joueuses, on essaye de faire notre max… Au final, il y a un problème aussi avec la culture foot. Il y a un problème avec les clubs, ce qu'ils mettent en place, ce qu'ils ne mettent pas en place. Oui, ça fait de la peine, franchement. Tu as beaucoup de joueuses françaises qui partent à l'étranger. Et on perd nos meilleures joueuses. Et je trouve qu'on n'en gagne pas forcément.

Vous avez passé de nombreuses années à Reims notamment, qui ont été reléguées en deuxième division et sont en bas du classement là-bas aujourd’hui… 

Oui, ça m'a vraiment brisé le coeur. Parce que moi j’étais à Reims depuis 2015. Donc savoir tout ce qu'on a fait, comment on est monté. Et qu'au final, ça lâche comme ça d'un coup. Elles ont fait les play-offs, l'année d'après elles se retrouvent en D2, c'est super triste. Et finalement tu vois que tout ne tenait que grâce aux coachs, grâce à Amandine Miquel et à Amaury Messuwe. Dès qu'ils sont partis, ça n'a plus marché. Après je savais qu'un jour ou l'autre ça allait quand même arriver. C'est juste qu'on avait un groupe qui marchait super bien, on avait des coachs qui arrivaient toujours à trouver les bons recrutements. Elle a quand même fait venir Melchie Dumornay. Elle arrivait toujours à avoir les jeunes, mais les meilleures jeunes. On s'en sortait toujours parce qu'on avait cette volonté entre nous. Ce n'était pas forcément grâce au club, c'était pas forcément grâce aux conditions dans lesquelles on était. Amandine était bien plus qu'une coach, elle allait au charbon pour nous tous les jours. Peu importe les petits détails, il fallait tout le temps se battre, tout le temps être dans la demande… Ça me rend triste cette situation.

"Il y a une nouvelle génération qui arrive en équipe de France et que je peux en faire partie"

Dernières questions sur l’équipe de France, parce que vous aviez été appelée avec les U23 récemment, mais vous n’étiez pas là au dernier rassemblement. Comment est votre lien avec l'équipe de France ?

La raison pour laquelle je n'étais pas, c'est qu'ils ont un petit peu changé leur stratégie en U23 et qu'ils vont un petit peu plus sur la jeunesse. Donc maintenant, j'ai 25 ans et même moi, honnêtement, je comprends. Ça reste une catégorie U23 où il commence à y avoir des 2006 qui rentrent. Moi, je suis une 2000. Est-ce que j'ai vraiment ma place là-dedans? Peut-être plus trop, finalement. Donc, j'ai une très bonne relation avec le coach d'U23 qui habite à Montpellier, qui vient souvent à nos matchs. Avec qui je peux parler de tout et de rien. Mais aujourd'hui, je pense que les U23, ça reste quand même derrière moi. Là, mon but, c'est quand même d'aller un petit cran au-dessus. Ça reste les A. Je travaille de mon côté. Je fais ce qu'il faut. J'essaie d'être performante. J'essaie d'avoir les statistiques. Et j'espère que ça arrivera un jour.

Sonia Ouchene avec l'équipe de France U23 lors d'un amical face à l'Allemagne.
Sonia Ouchene avec l'équipe de France U23 lors d'un amical face à l'Allemagne.Credit: ČTK / imago sportfotodienst / Oliver Zimmermann

Ça reste un rêve ?

Oui, je pense que ça reste le rêve de toute joueuse. De jouer pour la France, de représenter ton pays, de porter le maillot de la France. On va dire que ça peut être l'aboutissement de tes efforts individuels.

Vous avez discuté avec Laurent Bonadei ?

Pas forcément. L'an dernier, il était venu à un match contre Lyon. Quand j'étais en U23, on a déjà fait des apéros avec les A. Mais jamais de vraie discussion foot. Ça a toujours été bonjour, ça va. Et pas grand-chose de plus. J’ai vraiment beaucoup plus discuté avec celui des U23. Mais c’est lui qui décide quand je vais en U23. L’année dernière, il avait décidé que moi, j'étais en U23 parce qu'il voulait que j'aie de l'expérience internationale et qu'il puisse avoir un œil sur moi.

Et là quand vous voyez qu'il y a des places à prendre un peu au milieu de terrain en équipe de France, qu'il y a les retraites d’Amel Majri ou Sandie Toletti, ça vous motive un peu plus ?

Oui clairement, ce sont deux filles qui ont pris leur retraite, qui jouent à mon poste donc forcément tu dis que c'est le moment, qu'il y a une nouvelle génération qui arrive et que je peux faire partie de cette nouvelle génération. Il a choisi d'en prendre d'autres et c'est parce qu'elles font aussi leur travail, elles ont les performances qu'il faut pour y être. À moi de continuer et d'essayer de me faire ma petite place dedans.