Flashscore : On est à J-4 d'un choc contre l'OL pour lancer le retour de l'OM en première division. Comment vous vous sentez ?
Roselène Khezami : Personnellement, je me sens bien. J'ai fait une bonne prépa et collectivement aussi. On est montés petit à petit en puissance. Là, collectivement, on est bien. Il nous reste encore quatre jours pour finir notre prépa et pour le choc Lyon-OM.
Quand on remonte tout juste en première division, affronter Lyon dès le premier match, ce n'est pas vraiment un cadeau…
Non, bien au contraire. Je trouve que c'est un cadeau, justement. En vérité, quand on est en D2, on a envie de jouer contre ce genre d'équipe. C'est la meilleure équipe de France. Donc c'est bénéfique pour nous de s'affronter au meilleur dès le départ. Puis après, continuer le reste de la saison. Donc non, c'est bénéfique. Tout au long de la saison, il va falloir montrer que l'OM est là et encore plus là avec cet Olympico féminin qui débute dimanche à Lyon.
Le fait que ça se joue au Groupama Stadium, ça rajoute un peu de pression ?
Non, pas spécialement. Ça reste un match de D1 quand même. Il y a toujours un peu de pression pour un match, mais pas plus que ça, même si ça reste Lyon et que c'est au Groupama Stadium.
Est-ce que c'est particulier d'affronter Lyon dans un Olympico, une semaine après celui des garçons ?
C'est vrai que quand je marche dehors et qu'on me parle de ça, on me dit qu'après les garçons, il faut que vous vous vengiez. Mais ça reste un bon match à jouer. On va donner le maximum. Je sais que les filles n'attendent que ça, le début du championnat. Je sais qu'on est motivées et on est toutes à 100% pour débuter ce championnat. Tous les matchs, sont motivants et encore plus Lyon, qui est un gros club du football féminin français.
Vous, vous avez vécu des belles choses avec l'OM. Être là pour le retour du club en Première Ligue du club, c'est une belle récompense !
Oui, c'est un rêve. C'est un rêve parce que j'étais dans le groupe de Marseille à 16 ans en D1. Malheureusement, je n’étais pas entrée en jeu. Là, d'avoir fait la montée avec Marseille, d'avoir joué tous les matchs. Et puis là, de jouer en D1 à Marseille et être une joueuse confirmée, c'est vraiment un rêve. Et de jouer contre les grands clubs, c'est le rêve abouti pour le moment.
Surtout que que ça va être votre première vraie saison en D1.
C'est ma première vraie saison en D1 avec mon club chez moi, à la maison, comme on dit. J'ai à cœur de faire une bonne et grosse saison, que ce soit individuellement ou collectivement.
C'était un peu votre rêve, vous, quand vous étiez au club, en formation, plus petite ?
Oui, oui, complètement. Déjà, j'ai commencé chez les garçons dans un club à Marseille. Forcément, quand on commence dans les petits clubs, on pense toujours à l'Olympique de Marseille parce que c'est le club qui fait rêver. Et quand tu joues, forcément, tu veux jouer au plus haut niveau, tu veux vraiment atteindre le plus haut niveau, ce qui est la D1 actuellement. Et y jouer, c'est un rêve. Je peux te dire que je fais partie de ça, c'est vraiment mon rêve.
Si on remonte quelques mois en arrière, est-ce que vous pouvez nous raconter un peu comment vous avez vécu la saison de la montée ?
La saison dernière, on débute bien le championnat. On a eu un moment où ça a été un peu plus compliqué, le milieu du championnat. Franchement, après, on est vraiment restées soudées. Toute l'équipe est restée soudée. On a été aidées physiquement, mentalement, par une préparatrice mentale. Franchement, toutes ensemble, on s'est aidées. On a fait neuf matchs avec neuf victoires. Je pense que dès que tu vois que tu enchaînes les victoires, c'est là où c'est le plus difficile. Et au final, quand tu continues et qu'on est tous ensemble, tout peut aller. Tu as moins peur. Tu sais que la copine, elle est là. La coéquipière est là pour toi. Le staff est là. Donc, à la fin, c'était que des bonnes émotions. C'était les meilleures émotions à vivre.
Jouer le titre à la fin, devant les supporters, pour vous, native de Marseille et formée au club, c'était quelque chose de particulier.
Carrément. On m'en a parlé quasiment tout l'été. Comme maintenant, on m’en parle encore. Si un jour, on m'avait dit que j'allais être capitaine, monter avec l'OM chez moi. Je ne l'aurais pas cru. Et pourtant, c'est ce qui est arrivé. Vraiment, on m'en parle tout le temps. Ça reste l'une de mes plus grandes fiertés actuellement dans le football ou même dans ma vie. Je suis Marseillaise, tout le monde me parle de ça. Comme je l'ai dit, je ne pensais jamais vivre ce genre d'émotion, être capitaine, monter avec Marseille. C'est même plus qu'un rêve, j'ai envie de le dire.
Et vous, en plus, la saison d'avant, vous aviez vécu l'échec de la montée en plus.
On avait fini à égalité avec Nantes. Et Nantes est montée au goal-average particulier. Franchement, je l'ai un petit peu mal vécu. Enfin, beaucoup mal vécu. J'ai retrouvé des copines avec moi en sélection juste après le dernier match. Elles jouaient à Nantes, qui étaient montées. Je les ai félicitées, mais c’était difficile pour moi.
Mais vous avez eu votre revanche depuis.
C'était une revanche et il fallait la prendre. On l'a prise au bon moment. Et puis là, c'est parti pour la D1.
Le projet de l'OM cette saison est très ambitieux si on en croit le mercato. C'est quoi les objectifs qui sont fixés par le club cette saison ?
Forcément, pour une première année en D1, on a quand même déjà l'objectif du maintien en tête, ce qui est important. Parce que toutes les équipes veulent se maintenir et c'est déjà primordial. Et puis après, gagner, gratter des places le plus haut possible. Vraiment donner le maximum pour laisser Marseille là où il doit être.
Quand vous voyez la qualité des joueuses à l'entraînement, peut-être que vous vous dites que vous pouvez viser mieux que le maintien…
On peut et on devrait. Après, ça reste quand même le maintien le plus important sur une première saison, même si le mercato a été très bon. Mais on peut viser plus haut.
Sur les joueuses qui sont arrivées, il y a des joueuses expérimentées qui étaient déjà en D1, qui ont joué même la Ligue des Champions, si je prends le cas de celles qui arrivent du Paris CC. C'est motivant pour vous de voir que le club mise autant sur la section féminine ?
Oui, je vois l'évolution. Quand j'avais 16 ans et maintenant j'en ai 24, je vois vraiment l'évolution, je vois vraiment que le club nous donne tous les moyens qu'on a besoin, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Le club nous prend en considération de plus en plus et nous on le rend sur le terrain, on fait notre maximum pour le rendre sur le terrain.
Et vous parliez des supporters qui vous parlaient de ce match contre Lyon, on a l'impression qu’il y a vraiment une hype autour de la section féminine.
Franchement, je suis même étonnée, je suis Marseillaise, donc forcément je sors un peu et tout, et on sait qui je suis, on sait que je suis joueuse à l'Olympique de Marseille, on sait que je suis Roselène, et ça suit un peu le football féminin de plus en plus. Avant, on ne parlait que des hommes, et puis maintenant, on parle aussi des féminines. Ça fait vraiment plaisir. Et de me dire que peut-être, je ne dirais pas rivaliser avec les garçons, mais quand même faire plus parler de Marseille, ça fait vraiment chaud au cœur et plaisir, surtout étant de Marseille.
J’imagine que vous aimeriez beaucoup jouer au Vélodrome…
Je pense que le Vélodrome, ce serait le dernier rêve. J'espère un jour y jouer. C'est un de mes rêves aussi. Il y en a un autre, mais celui-là, je le garde pour plus tard. Mais jouer au Vélodrome, ça reste dans un coin de ma tête, oui.
On disait qu'il y avait pas mal de nouvelles qui sont arrivées au club. Comment s'est passée l'intégration de toutes ces nouvelles au club ?
Ça a été vraiment facile, ça a été fluide. Certaines se connaissaient d'avant ou de notre formation, ou certaines avaient joué ensemble auparavant dans d'autres clubs. Donc franchement, ça s'est bien passé. En plus de ça, on a eu des stages de prépa qui se sont bien passés aussi, où il y a eu beaucoup d'activités cohésion. Elles n'ont pas eu vraiment de temps d'intégration, ça a été fluide dès le départ.
Vous, en tant capitaine, quand elles arrivent, vous leur avez fait faire un petit tour des installations etc.
Au départ, je n'étais pas là parce que je revenais de sélection (elle a fait la CAN avec l’Algérie, ndlr). Le coach m'avait laissé quelques jours de repos. Elles, elles ont repris et moi, j'ai repris dix jours après. Elles se connaissaient un peu mieux déjà. Elles savaient qui était qui. Elles avaient fait une activité aussi. Et quand je suis arrivée, elles étaient déjà intégrées, tout était nickel, elles n'avaient pas trop besoin de moi.
Et sur ces nouvelles recrues, est-ce qu'elles ont eu un rôle particulier ? Parce que ce sont des joueuses qui connaissent la Première Ligue, qui vont être importantes même là, dans un choc contre Lyon. Est-ce qu'elles ont eu des mots en particulier ?
Même à l'entraînement, certaines joueuses donnent des conseils. Les attaquantes entre elles font une petite compétition. C'est toujours bénéfique pour nous, ça nous fait toujours progresser. Elles ont la bonne attention, la bonne parole. Franchement, c'est positif. Elles nous aident nous qui arrivons de D2, avec leur expérience de la D1. Donc oui, que ce soit l'entraînement pour le moment ou même un match, à la mi-temps, on n'a pas du mal à se donner quelques infos ou à faire quelques réglages.
Et vous à l’inverse, vous avez pu avoir un rôle sur leur intégration à Marseille, sur les valeurs du club etc…
Oui, après, je pense qu'elles l'ont vu aussi. Mais elles le voient un peu par mon jeu, mon style de jeu, la grinta… Elle disent aussi que j'ai l'accent, donc elles l’entendent aussi. Mais non, après elles font ce qu'elles ont à faire. Elles ne cherchent pas non plus à savoir des choses en particulier. C'est fluide. Il y en a quelques-unes, je leur ai donné quelques adresses. Certaines sont allées faire du bateau, ou d'autres sont allées à la plage et voulaient des adresses. Donc je leur ai donné.
Le président de l'OM, Pablo Longoria, disait quand vous êtes montées que les conditions dans lesquelles vous jouez au Campus étaient indignes d'une équipe de D1. Est-ce qu'il y a des choses qui ont changé depuis ?
Pour le moment, oui. On a un nouveau synthétique d'une dernière génération. C'est pas mal déjà, c'est un peu mieux que le synthétique qu'on avait avant. C n'est pas de la pelouse encore, j'espère un jour. Ça va on est quand même dans de bonnes conditions on a tout ce qu'il nous faut, même autour sur tout ce qui est coach, coach adjoint, préparateur physique, on a vraiment tout et puis le terrain à l'heure actuelle on a un synthétique hybride dernière génération, si je ne dis pas bêtise.
Sur la pré-saison, vous n'avez pas gagné vos matchs contre les D1, contre Dijon et Montpellier en matchs amicaux. Est-ce que vous, ça vous inquiète ?
Non, pas du tout parce que tout le monde avait besoin de temps de jeu. Le coach n'a pas forcément mis une équipe… Il a vraiment essayé de faire tourner de façon à ceque tout le monde ait le même temps de jeu parce qu'on était en pleine prépa et l'objectif c'était vraiment de se préparer physiquement. On est montées en puissance. Franchement je n'ai pas du tout peur, c'est de bonne augure pour la suite.
La pré-saison a été un peu mouvementée. On en a un peu entendu parler, pas forcément pour les bonnes raisons…
Je suis passée à autre chose parce qu'on a un match à préparer ce week-end. À l'heure actuelle, on s'entraîne, on est plus focus pour le match de ce week-end. C'est le plus important.
Comment vous jugez l'équipe avant la reprise ? Qu'est-ce qui a changé pour se préparer à cette saison de Première Ligue par rapport à la D2 la saison passée ?
Déjà, ça va plus vite que la D2. Les charges d'entraînement sont plus importantes. On récupère de mieux en mieux parce qu'au départ, c'est un peu plus dur de récupérer quand on revient de vacances ou même d'une trêve internationale. Et le temps de récupération est un peu plus important parce que forcément les séances sont plus lourdes. Là on les assimile un peu mieux avec le temps et la répétition des entraînements et des efforts donc ça va de mieux en mieux.
Là, vous allez démarrer la saison avec le coach adjoint, Frédéric Gonçalves ayant été mis à pied, ça change certaines choses pour vous ?
Non, le coach adjoint est toujours là malgré tout, même quand il y avait Fred, il était là aussi, il faisait partie entièrement du staff. Donc cet épisode-là, on va dire qu'il est passé et quand le coach adjoint prend les séances, c'est la même chose que quand le coach le prend, ça reste des séances de foot.
On a l'impression, quand on regarde un peu les vidéos, les photos de vos entraînements, que vous êtes un groupe quand même qui a le sourire, et vous avez l’air plutôt toutes positives.
C'est important quand même, malgré tout. Et puis, on va se plaindre, on a des bonnes conditions, on s'entraîne sous le soleil, le ciel bleu de Marseille, ça va, je pense qu'il y a pire comme conditions. Et puis, on joue au foot, donc il faut sourire quand même, ça reste du plaisir.
Quels sont vos objectifs à vous personnellement ?
Personnellement, c'est de jouer un maximum de matchs et d'avoir un maximum de temps de jeu et d'être décisive que ce soit défensivement ou même offensivement les deux. Décisive dans les deux surfaces, parce que je suis défenseure donc prendre le moins de buts possible et pourquoi pas marquer aussi !